Le Conseil d'Etat français a entamé ce jeudi l'examen des requêtes déposées par la Ligue des droits de l'homme (LDH) et le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) relatives à la légalité des arrêtés dits « anti-burkini » édictés par plus d'une vingtaine de mairies de l'Hexagone. La décision du Conseil d'Etat devra être rendue vendredi après-midi et l'appréciation de cette autorité suprême est fortement attendue par les observateurs concernant ces édits municipaux promus par des mairies relevant de la droite, dans un contexte de tension fortement amplifié par les médias locaux et dont les clivages ont atteint même la composante gouvernementale, notamment après l'émoi suscité par la large diffusion de photos présentant des policiers obligeant une musulmane coiffée d'un foulard de retirer sa tunique sur une plage de Nice. Le président français François Hollande avait appelé jeudi à ne céder ni à « la provocation ni à la stigmatisation », à propos du débat qui enflamme la société et la classe politique en France sur l'interdiction du port du burkini sur les plages. La « vie en commun », un « grand enjeu » en France, « suppose aussi que chacun se conforme aux règles et qu'il n'y ait ni provocation ni stigmatisation », a déclaré le chef de l'Etat français dans une déclaration à la presse. Le président Hollande s'est exprimé pour la première fois sur cette question qui divise au sein même du gouvernement. Alors que la ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem a affiché jeudi son opposition aux arrêtés d'interdiction du port du burkini sur les plages pris par plusieurs communes, notamment dans le sud de la France, le Premier ministre Manuel Valls n'a pas tardé à recadrer sa ministre, en fustigeant « une mauvaise interprétation des choses » de sa part. « Ces arrêtés ne sont pas une dérive », a-t-il insisté, affirmant qu' »ils ont été pris au nom même de l'ordre public »