Suite aux élections du 4 septembre, la carte régionale va changer de couleur politique. Mais sur le plan économique, rien ne change : les régions de Casablanca et de Rabat concentrent toujours près de la moitié de la richesse nationale, selon les derniers chiffres du Haut commissariat au plan (HCP). A l'annonce des résultats des élections communales et régionales de vendredi 4 septembre dernier, les partis de l'actuelle majorité se félicitaient de leur bonne percée électorale au niveau local et régional. Si le PJD présidera à coup sûr les conseils municipaux des plus grandes villes marocaines, nombre de conseils régionaux devraient également basculer en faveur du PJD et des partis membres de la majorité gouvernementale. Au vu des résultats définitifs des régionales, le PJD figure, à lui seul, dans le duo de tête de 9 régions sur 12, les régions du Sud ayant plutôt plébiscitées les candidats des partis de l'opposition et du RNI. Pourtant, l'euphorie des premiers jours devrait rapidement s'estomper. Les défis de développement régional, et plus généralement de la juste répartition des activités économiques sur l'ensemble du territoire national sont toujours d'actualité, malgré les nombreux projets d'investissements et programmes de développement initiés ces dernières années. Dans son dernier rapport sur les comptes régionaux 2013, le HCP dresse un bilan mitigé. Le premier enseignement est de taille : la production de richesse nationale est toujours l'apanage de quelques régions seulement. En effet, si le PIB régional est partout en hausse, l'axe Settat-Casablanca-Rabat-Salé-Kenitra concentre toujours à lui seul 48% du PIB national, soit 32,3% pour la région de Casablanca-Settat et 15,8 % pour la région de Rabat-Salé-Kénitra. Rapporté à la population régionale, le PIB régional par habitant est supérieur à la moyenne nationale dans 4 régions sur 12 : Casablanca-Settat (45117 DH), Dakhla Oued Ed Dahab (44221 DH), Laayoune Saguia Al Hamra (34167 DH) et Rabat-Salé-Kénitra (31462 DH). Persistance des disparités régionales Ces disparités régionales sont confirmées par les chiffres des dépenses de consommation, pris comme indicateur de mesure des performances régionales. Et là aussi les régions de Casablanca-Settat (22,3%) et de Rabat-Salé-Kénitra (12,9%) se distinguent à nouveau par une forte contribution au total des dépenses de consommation des ménages (35,2 % pour les deux régions), suivi par les régions de Tanger-Tétouan-Al Hoceima (11,9%), de Marrakech-Safi (11,8%) et de Fès-Meknès (11,7%). Ces nouveaux chiffres régionaux démontrent à nouveau que la richesse nationale n'est toujours pas répartie de manière égale sur tout le territoire national. Ils renseignent surtout sur le degré de polarisation des activités économiques dans la région Centre du Maroc notamment dans les secteurs d'activité les plus créateurs de valeurs que sont l'industrie, les mines et les services. A charge maintenant aux nouveaux présidents de régions et leurs équipes d'inverser une tendance qui freine toujours l'émergence des territoires nationaux.