L'idée bien répandue est que les produits Bio ne sont pas savoureux et sont pauvres en nutriments. Un cliché faux selon les nutritionnistes. A l'occasion du Ramadan, le débat est ouvert comme chaque année. par Hassan El Arch Mohamed Mouslim Kabbaj. & Zineb Laghzaoui. Le Ramadan est là, et avec les arômes et les couleurs des mets qu'il charrie, l'invariable question se pose, comme toujours : quoi et comment manger en se faisant plaisir sans se faire mal ? Question «existentielle», certes, dans notre société mais qui peut se targuer d'avoir trouvé la réponse ? Peut-être pas les braves ménagères, les précieuses mamans et les chères épouses qui déploient chaque jour, en ce mois sacré, des trésors d'ingéniosité pour présenter à toute la famille une table bien faite et surtout bien pleine. Mais bien évidemment le nutritionniste, le diététicien, le diabétologue ou tout simplement le médecin généraliste ont une réponse toute prête à la question, formatée depuis des lustres : il faut manger léger et équilibré, éviter le gras, le sel et le sucre, consommer davantage de légumes et de fruits frais... Cette doctrine du «manger-sain» reste, bien sûr, un idéal pour la plupart des personnes ayant le souci de traverser les 30 jours ramadaniens sans trop de dégâts gastriques. Mais il faut reconnaître que, de ce point de vue, la culture du bio a induit, depuis quelques années, des effets plutôt positifs dans les habitudes alimentaires, étayant les efforts des uns et des autres sur une alimentation plus correcte, car permettant de manger non seulement équilibré mais aussi et surtout naturel. «Manger-sain», «manger-bio»... C'est le fondement à la fois médical, biologique, social, voire économique, de cette idée qui a été exposée la semaine dernière par le Dr Mohamed Hadi Belghiti, éminent diabétologue et nutritionniste, invité à animer une rencontre avec la presse nationale à Casablanca, autour du thème «Ramadan bio et diététique». Organisé par DistriBio et La Vie Claire Maroc, le débat n'avait pas pour finalité de polémiquer (exercice au demeurant inépuisable) sur les bienfaits réels ou supposés de certains produits bio, mais de rappeler une évidence vérifiable chaque jour un peu plus : les pesticides empoisonnent – parfois à notre insu – le dispositif de notre alimentation quotidienne ! «Ce phénomène est d'une grande ampleur et le danger ne cesse malheureusement de croître, mettant en péril la santé des générations à venir car les filières des légumes, fruits, plantes, épices, viandes et volailles sont de plus en plus traitées aux produits chimiques», déplore le Dr Mohamed Hadi Belghiti. Fervent défenseur de la culture bio, Mohamed Mouslim Kabbaj, président des sociétés DistriBio et La Vie Claire Maroc, a eu l'idée de ce débat non seulement en raison de l'avènement du Ramadan, mais de la saison estivale aussi, habituellement période de tous les excès et de toutes les gourmandises. Son militantisme pour le «manger-sain manger-bio» a amené M. Kabbaj aux commandes de la très dynamique AMABIO (Association Marocaine de la filière des productions BIOlogiques), dont il est vice-président depuis sa création en 2010. C'est dire son engagement au service d'une rigueur alimentaire dont il fait quasiment une cause. «Notre but est de lancer une campagne de réflexion sur notre alimentation et sur les méthodes nutritives de prévention, de tirer les leçons d'environ cinq années de développement du Bio au Maroc», explique M. Kabbaj. Dans la foulée de la réflexion pour la tenue de ce débat pré-ramadanien, Zineb Laghzaoui, directrice générale de DistriBio et La Vie Claire Maroc, a dirigé la conception d'un livret intitulé «Recettes Spécial Ramadan-Eté Bio et Diététique». Un bouquet d'idées de plats bio et pourtant savoureux (pour avoir été testés) qui confirment que «manger-bio» est synonyme de «manger-bon» ! Mme Laghzaoui, qui a consolidé une bonne partie de sa formation à l'Université de San Francisco (Californie) et aux laboratoires américains Sloane Kettering, ne jure que par les vertus des produits naturels, sans pesticides, sans colorants, sans adjuvants, sans édulcorants... «On pense, à tort, qu'on perd sur le goût mais c'est faux. L'investissement que l'on fait sur une consommation Bio est capitalisé sur la santé. Tous les médecins le confirment», insiste-t-elle. «Au-delà du Ramadan et de ses contraintes sociales et culturelles, il faut savoir aussi bien gérer les libéralités estivales car c'est la belle saison et, par définition, le temps des plaisirs», souligne malicieusement Mohamed Mouslim Kabbaj qui (rappel édifiant), avant de venir au Bio, s'était destiné à une carrière aux antipodes de son activité actuelle : diplômé de l'Ecole Hassania des Travaux Publics (Casablanca), il a bétonné sa formation avec des diplômes prestigieux : Polytechnique Grenoble (France), Université de Laval (Canada) puis Harvard (Etats-Unis) avant de diriger le Centre Royal de Télédétection Spatiale. Parcours atypique qui le ramène, la boucle bouclée, aux valeurs impérissables que sont les vertus de la terre nourricière !