Si les pourparlers en cours avec le koweïtien Zain aboutissent, Maroc Telecom deviendra un géant des télécoms en Afrique. Une entrée par la grande porte dans des projets télécoms présents dans seize pays du continent. En contrepartie, il procurera à Zain le cash dont il a besoin pour renflouer sa trésorerie. Les médias français autant que leurs confrères marocains se sont vivement intéressés au sujet depuis que les premières bribes d'informations ont commencé à circuler, il y a un mois de cela. Et pour cause. Il ne s'agit pas d'une simple prise de participation qui ne porte que sur une ou deux positions de Zain sur le continent. Le morceau est bien plus gros que cela. Il s'agit d'une entrée majoritaire dans tous les projets télécoms que compte le Koweïtien Zain dans seize pays africains. En quoi le Maroc est-il concerné dans cette affaire ? Tout simplement parce c'est à travers l'opérateur historique Maroc Telecom que l'opération sera menée. «Le sujet n'est pas encore évoqué officiellement en interne. En dehors des discussions de couloirs, il n'y a pas encore eu d'annonce concernant ce projet», déclare une source proche de la présidence sous couvert d'anonymat. Et d'ajouter, «c'est Vivendi qui négocie directement avec Zain, mais rien n'a encore été finalisé». Et de faire le parallèle : «pour Wana, c'est l'ONA qui a négocié avec Zain, il est logique que dans le cas de Maroc Telecom, ce soit Vivendi qui traite». Un challenge difficile… A l'heure où nous mettions sous presse, les discussions n'avaient pas encore abouti à la signature d'un contrat entre les deux géants. Car d'un côté, Vivendi tient à ne pas dépasser un prix «raisonnable» pour ne pas perturber ses comptes. Difficile comme challenge si l'on se fie à une information publiée dans la presse française et qui présume que Zain escompte engranger un peu moins de dix milliards de dollars suite à l'opération de vente d'une grosse partie de ses actifs en Afrique. Celle d'une valorisation à douze milliards ayant été officiellement démentie par Saâd Al Barak, PDG de Zain. Certes, la somme est très engageante, de l'avis même de certaines spécialistes financiers comme Santander, mais les ambitions de Vivendi en Afrique, vivier de pays émergents, pourraient le convaincre d'accepter de payer la somme avancée par Zain en optant pour des montages financiers audacieux. L'un de ses bras armés, Maroc Telecom en l'occurrence, vient d'acquérir 51% du capital de la Société de télécommunications du Mali (Sotelma) pour 275 millions d'euros. Une opération qui a davantage renforcé la présence africaine de Vivendi, déjà implantée en Mauritanie, au Burkina Fasso et au Gabon. Une position tout à fait à l'opposé de la trajectoire qu'emprunte Zain sur le continent noir. Fort de ses 45 millions de clients africains, recrutés dans les seize pays où il a créé une antenne, l'opérateur koweïtien fait machine arrière et ne cache pas ses nouvelles orientations stratégiques de se recentrer sur la zone du Moyen-orient, mais tout en gardant un pied en Afrique, via des participations minoritaires. Selon une source opérant dans le secteur des télécoms au Maroc, «les raisons du retrait de Zain du marché international sont relatives à des problèmes de trésorerie. Zain a vu grand, très grand en voulant devenir l'opérateur télécoms arabe de référence en Afrique et au Moyen-Orient. Aujourd'hui, il est contraint de faire preuve de vigilance en limitant son périmètre d'intervention et en engrangeant du cash ». Si Zain fait preuve de discrétion quand il s'agit d'argumenter ses nouveaux choix, tous les paramètres désignent la crise économique comme raison de ce nouveau virage pris par un opérateur qui avait les reins assez solides pour tisser sa toile même au-delà de l'Afrique.