« J'aurais pu m'enrichir beaucoup plus en Libye mais j'ai décidé de rentrer. Je rêvais de construire quelque chose, de me lancer dans une autre activité que le simple négoce ». Cette affirmation de Nasser Bouazza, président de Himvest holding, en dit long sur la détermination de ce Oujdi, qui a laissé en 1990 derrière lui une situation très confortable. Pourtant, entre cette date et 1993, ses tentatives dans les affaires se sont soldées par des échecs : une société de construction qui n'a pas marché, une entreprise de peinture mort-née, une briqueterie qui n'a jamais vu le jour. « Il n'y a que le projet du Petit Mérou qui a tenu. Il a fallu attendre 1995 pour voir la première réussite avec le concept de restauration rapide Kini's », raconte le président de Himvest holding. Aujourd'hui, le holding a étendu ses tentacules sur cinq pôles de métiers. Outre le nettoyage automobile (Auto Speedy), Himsvest holding est aussi présente dans les mines avec l'exploitation du kaolin et du manganèse, entre autres, la publicité (City Pub, Horizon Pub et Concept visuel), l'immobilier tourné vers la valorisation des terrains. C'est en mai dernier que le holding a ajouté à son tableau de chasse le cinquième pôle marqué par l'ouverture de la première boutique de prêt à porter de luxe Missoni à Casablanca. Aujourd'hui, à l'exception de la société Auto Speedy, Nasser Bouazza détient et gère de façon exclusive l'ensemble de ses sociétés et filiales. Le chiffre d'affaires de son groupe oscille selon les années entre 300 et 400 millions de dirhams. Pour le développement de son groupe, l'homme d'affaires s'appuie sur un entourage de qualité. « En fait, je suis plus un développeur qu'un gestionnaire d'entreprise. Pour cela, je compte sur une équipe très compétente. Mon dada, c'est de créer, investir, aller de l'avant», dit-il. C'est ainsi que Himvest holding compte mettre le turbo sur le secteur minier, notamment à Oujda. «Ma région a des potentialités minières énormes». De plus, ce secteur est rentable à hauteur de 30 à 40 %. Le nouveau pôle mode du groupe ne sera pas en reste. Cette fois-ci, c'est la gent masculine qui est dans le viseur du groupe Himvest. Pour cela, il s'apprête à lancer sur le marché national la prestigieuse marque de luxe Corneliani. A en croire Nasser Bouazza, ce n'est que le début. Car, son groupe travaille actuellement sur plusieurs marques. Speedy, premier succès En 1999, Nasser Bouazza réussit un coup de maître en décrochant la master franchise Speedy. Mais avant d'en arriver là, le jeune entrepreneur a eu besoin d'un partenaire de qualité. Pour cela, il a eu la chance de convaincre Akwa holding de l'accompagner dans cette aventure. Il crée la société Auto Speedy, détenue à 50 % par le groupe Akwa, et l'autre moitié par le holding Himvest. Mieux encore, Auto Speedy, aujourd'hui leader de son secteur, a des velléités expansionnistes qui s'étendent jusqu'aux marchés du Golfe. Parcours : «Mon expérience libyenne» Après son bac à Tours (France), le jeune Oujdi fait son entrée à l'université d'Aix en Provence. Il la quittera pour Oxford, où il est resté trois semestres pour étudier l'anglais. Comme un pigeon voyageur, il pose à nouveau sa valise en Suisse en intégrant l'école hôtelière de Glion-sur-Montreux. C'est là qu'il connaît sa première vraie réussite professionnelle, qui reste parmi les plus importantes pour lui. « Avant même d'avoir terminé mes études, j'ai été engagé par Wagonlits Tourisme à Genève, au poste de directeur des congrès. J'avais alors 25 ans », raconte-t-il avec beaucoup d'enthousiasme. Mais pendant cette période de formation à l'école de Glion-sur-Montreux, Nasser Bouazza va faire une rencontre déterminante dans sa carrière professionnelle. «J'avais fait la connaissance d'un Libyen, avec lequel je me suis pris de sympathie et même d'amitié. Il s'est trouvé que ce Monsieur, qui était à Genève pour des raisons d'ordre médical, était un ministre, du nom de Brahim Gouider. On s'est retrouvé quelques années plus tard, et c'est là qu'il m'a invité dans son pays. C'était en 1987», se souvient-il. C'est ainsi qu'il débarque en Libye. «Comme j'avais une expérience dans le tourisme, nous avons évoqué le projet de construction d'un hôtel de prestige, à l'occasion de la commémoration de la révolution de septembre. Le challenge était de le construire et de le préparer en un temps record, sans excéder douze mois. Nous l'avons réalisé en 9 mois. Il devait être prêt le 20 août 1989», raconte-t-il. Ce jour-là, Kadhafi est arrivé dans sa 604 sans prévenir, pour tout vérifier. Pour la petite histoire, Nasser Bouazza a eu la peur de sa vie, mais aussi la plus grande joie lorsqu'il est reparti totalement satisfait. C'est là que la carrière de l'entrepreneur a démarré. «J'ai continué à travailler en Libye dans des secteurs très divers, allant de la climatisation au textile en passant par le matériel médical. Tout marchait très bien», dit-il.