A la fermeture de son usine en 2006, Good Year Maroc a abandonné la production. La société se recentre aujourd'hui sur la distribution en s'engageant dans un plan de restructuration. Dans cet entretien, son patron parle de cette transition stratégique. Challenge Hebdo : de la liquidation et la fermeture de l'usine de production fin 2006 à une restructuration des métiers et de la structure de Goodyear Maroc, comment avez-vous vécu cette transition structurelle? M'hamed Tazi : après la fermeture de l'usine à la fin de l'année 2006, nous avons pris un engagement commun avec le groupe Goodyear pour promouvoir et assurer la distribution des marques du groupe et ce, à compter du 1er février 2007. Notre engagement a permis non seulement le développement d'une activité et la conquête de respectables parts de marché, mais il a également créé une dynamique de la demande de nos produits. Notre société Pneus Bab Doukkala est bien connue des spécialistes du pneumatique. Avec ses 35 ans d'existence, la société jouit d'une réputation nationale. Nous devons à cette organisation de réels succès commerciaux, ce qui nous a permis de vivre une transition en douceur. Atout majeur de cette transition, notre politique, qui vise à assurer la meilleure adéquation possible entre ressources humaines et réalisation optimale des objectifs, place ainsi le client au cœur de nos préoccupations. La réalisation des objectifs et la compétitivité ne s'obtiennent jamais au détriment du personnel. La vision claire consiste à faire en sorte que tout le personnel puisse contribuer et se développer afin de servir la raison d'être de l'entreprise, à savoir améliorer la vie des consommateurs aujourd'hui et dans le futur. C.H. : au Maroc, vous n'étiez pas les seuls distributeurs de la marque il y a quelque temps. Est-ce qu'aujourd'hui, vous détenez l'exclusivité ? Sinon, comment gérez-vous la promotion du produit avec les autres distributeurs ? M.T. : le marché du pneumatique marocain est en train de connaître un véritable chamboulement. Nous opérons dans un secteur très compétitif, c'est pour cela que le groupe Goodyear a décidé le rattachement à une solide structure, qui se doit d'épauler par une proximité opérationnelle de qualité, notamment en matière de logistique, d'appui commercial, d'après-vente ou de conseil. Ayant considéré l'importance de ces différents facteurs de succès, nous avons été choisi, avec deux autres sociétés dont l'une nous appartient, Gueliz Pneus, pour importer la marque Goodyear sur le territoire marocain. D'autre part, nous continuerons de distribuer la marque Sava que nous avions déjà. Depuis le lancement de la nouvelle structure, la stratégie marketing a été un élément fédérateur pour marquer les esprits et asseoir la notoriété sur le marché. Nous bénéficions de la structure de Goodyear basée à Dubaï pour les campagnes promotionnelles, la stratégie de communication et de marketing. C.H. : dans votre plan de restructuration, vous avez l'exclusivité d'une master franchise, Vulco en l'occurrence. Est-ce l'annonce d'une nouvelle stratégie au Maroc ? M.T. : lancé fin 2008, à Marrakech, sur une superficie de plus de 2.600 m², le nouveau concept Vulco consiste en un centre spécialisé dans l'entretien automobile (pneus, amortisseurs, freins, vidange, batteries, climatisation, échappement, parallélisme, éclairage, équilibrage...). Nous avons développé pour chaque métier une offre multi-services spécifique, du tourisme au 4x4 en passant par le poids lourd. Avec ses nouvelles prestations Vulco, il est positionné comme l'un des réseaux incontournables sur le marché de l'entretien automobile. Notre stratégie de développement consiste à ouvrir 5 enseignes Vulco d'ici 2012, dans les principales villes du royaume, à commencer bien évidement par la métropole Casablanca, suivi par Rabat et Agadir. C.H. : votre nouveau siège sera basé à Casablanca. Est-ce à dire que vous concentrez vos efforts sur l'axe Casablanca-Rabat? M.T. : comme vous le savez, Casablanca représente plus de 40% du parc national de véhicules. C'est la raison qui nous a poussés à choisir Casablanca en premier lieu. Nous sommes en train de construire le nouveau siège, sur une surface de plus de 8.000 m², qui abritera un dépôt de vente et un centre de l'enseigne Vulco. Le développement continu est notre devise, et cela malgré la crise financière mondiale. Etant donné la conjoncture actuelle, le vrai challenge pour nous est d'anticiper avec justesse l'évolution du marché marocain pour 2009. Anticiper, toujours anticiper, nous suivons attentivement notre environnement économique national et essayons d'anticiper sur le moyen et long terme. C.H. : quel impact aura la suppression des droits de douane en 2012 sur votre activité particulièrement et sur le secteur généralement ? M.T. : en 2012, l'environnement du pneumatique va s'opérer à plusieurs niveaux : la législation relative à notre secteur, la diminution des droits d'importation des produits hors Europe (les produits européens étant exonérés des droits d'importation), les nouvelles normes internationales, les nouvelles normes environnementales… Tous ces nouveaux enjeux doivent nous aider à anticiper sur notre marché pour réaliser nos objectifs, et présager un horizon de travail optimiste, même en temps de crise.