C'est une assemblée élective de la CGEM sans véritable enjeu ni surprise, qui s'est tenue jeudi dernier à Casablanca. Si ce n'est l'importante part de votes blancs, la séance s'est déroulée comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais en apparence seulement… La montagne aura finalement accouché d'une souris. Tous ces débats, ces querelles claniques, ont donné lieu à peut-être l'une des élections les plus «plates» de la CGEM. Car même après le retrait de la candidature du tandem Chaïbi-Alaoui, face au binôme Horani-Tamer, qui s'est déclaré à la dernière minute, tout le petit microcosme des affaires était en attente d'un rebondissement quelconque. Mais il n'en est rien. Le duo Horani-Tamer, supposé soutenu par l'ONA comme la place s'en fait l'écho, a été élu sans encombre, ni même l'ombre d'une remarque ou allusion de la part de ses détracteurs lors de la traditionnelle séance des questions/réponses. D'ailleurs, cette assemblée «d'adieu» de Moulay Hafid Elalamy en tant que président s'est déroulée dans un climat plutôt tendu, même si les sourires de façade étaient de rigueur sur le visage de toutes les grands pontes du capitalisme présents lors de cette rencontre. Si au tout début, l'assistance a été plus ou moins captivée par la diffusion d'un film institutionnel vantant les avancées et les réalisations de l'équipe sortante, ainsi que par un bref discours de Moulay Hafid Elalamy, les commentaires à voix basses sont allés bon train dès que Youssef Alaoui et Mohamed Chaïbi ont pris la parole pour présenter respectivement le rapport financier ainsi que les réalisations de la fondation CGEM. La tension était palpable. Même Moulay Hafid Elalamy, intentionnellement ou non, n'a pas manqué de laisser transparaître son empressement à mettre fin à cette assemblée. «Nous allons vous diffuser un film institutionnel pour faire plus court et moins monotone que la dernière fois», a-t-il déclaré d'emblée. Sans compter que la séance des questions/réponses tant attendue s'est faite l'écho d'un silence retentissant de la part d'une assistance pourtant venue nombreuse. Car jusqu'à la veille de cette assemblée, certaines rumeurs voulaient que les partisans du tandem Chaïbi-Alaoui, ainsi que les principaux concernés eux-mêmes, marquent leur mécontentement par leur absence. «Des votes blancs expriment notre colère de manière autrement plus puissante que l'absentéisme», déclare un proche de Youssef Alaoui sous couvert d'anonymat. Des chiffres sans surprises? Pour faire taire d'éventuelles mauvaises langues, le président sortant a commencé par affirmer que «le quorum requis est atteint : l'inscription de 283 entreprises était nécessaire pour la validation des votes , nous en avons enregistré 387». A l'issue du vote, 2611 voix se sont exprimées, dont 35 bulletins nuls et 746 votes blancs. Résultat, ce sont 1830 voix qui se sont mobilisées en faveur du tandem Horani-Tamer.Des résultats qui ont laissé cours à deux lectures parmi l'assistance: ceux pour lesquels un scrutin remporté à 70% est un score plus qu'honorable étant donné la campagne tumultueuse des élections 2009 de la CGEM. Pour d'autres, 30% de votes blancs est un taux historique dans les annales de la CGEM. «Souvenez-vous des précédentes élections avec Moulay Hafid Elalamy, il n'y a eu qu'une quarantaine de votes blancs sur les 4000 voix votantes», déclare un membre de l'assemblée. Mais c'est sans nul doute les déclarations de Moulay Hafid Elalamy, pour ceux qui ont su les décrypter, plus que les résultats eux-mêmes, qui ont remporté la vedette lors de ce scrutin. Des propos partagés entre amertume et soulagement de quitter un poste aussi sensible. «Il faut être fou pour se présenter à la présidence de la CGEM. L'état d'esprit dans lequel on rentre et celui dans lequel on sort est radicalement différent. Cela dit, la CGEM est une énorme école. J'ai vraiment passé trois années à apprendre». En revanche, une chose est sûre. Quoi que l'on puisse dire du mandat de Moulay Hafid Elalamy, aucune des deux candidatures déclarées n'offre de profil aussi charismatique que celui du président sortant… Espérons juste que cela ne soit pas au détriment de la qualité des débats. Car il faut l'avouer, l'institution a su durant ces dernières années impulser une nouvelle dynamique sur la scène économique marocaine, et ce, que l'on soit d'accord ou pas avec les positions qu'elle défend.