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Ahmed Ouayach, président de la Confédération Marocaine de l'Agriculture et du Développement Rural : «Nous ne sommes pas contre un IR agricole équitable»
En plus d'une fiscalité attrayante, la Comader s'attend à l'application d'une série de mesures pour réformer le secteur agricole. Ahmed Ouayach nous en parle. Challenge Hebdo : une étude stratégique sur le secteur agricole sera lancée, nécessitant un budget de 25 millions de DH, l'agriculture aura-t-elle besoin d'une étude supplémentaire ? Ahmed Ouayach : en effet. Depuis l'indépendance, le nombre des études ayant concerné ce secteur est très important, il est même difficile de les recenser. Des études sectorielles, nationales et régionales, initiées par des organismes internationaux et/ou décidées par les pouvoirs publics ont été réalisées. Les mutations profondes qu'a connu le monde ont rendu ces études partiellement ou totalement caduques : changements climatiques, nouvelle configuration socio-économique, accords de libre-échange, émergence de l'agriculture énergétique ayant entraîné l'envol des prix sur le marché international. Cette situation a rendu nécessaire d'entreprendre une étude globale sur des bases nouvelles, qui associeraient les différents opérateurs nationaux et régionaux du secteur. C.H. : quels sont les axes de mise à niveau qui peuvent constituer l'ossature de cette nouvelle stratégie, censée protéger l'agriculture marocaine, notamment suite à la signature de nombreux accords de libre-échange ? A.O. : les réformes doivent s'inscrire dans le cadre d'un plan global et cohérent avec des objectifs précis et un agenda réaliste. Ces mesures, qui supposent l'adhésion des opérateurs concernés, doivent prendre en considération les spécificités régionales. Pour une agriculture rentable et compétitive, nous suggérons les mesures suivantes et qui sont aussi importantes les unes que les autres. Il s'agit, entre autres, d'adopter une fiscalité attrayante, adapter la législation du travail, appliquer une meilleure gestion de la pénurie d'eau, restructurer les filières, renforcer les organisations professionnelles, valoriser la production agricole, promouvoir les produits de terroir, renforcer la qualité, réorganiser les circuits de commercialisation notamment marchés de gros, abattoirs et coopératives céréalières, revoir la politique de financement, dynamiser les filières recherche développement, régionaliser la politique agricole et les plans de développement etc.… En quelques mots, l'agriculture de demain devra être plurielle, diversifiée, propre et économe en eau pour mieux s'inscrire dans le cadre du développement durable. C.H. : la question de la fiscalité de l'agriculture suscite des débats animés. Quelle est la position de la Comader concernant ce point, dont l'impact sera fort sur le secteur ? A.O. : je précise que l'agriculture n'est pas totalement exclue du champ fiscal, seul le paiement de l'impôt sur le revenu agricole est suspendu. Cette décision a été prise par feu S.M. Hassan II au début des années 80 en compensation des effets de la sécheresse qui a sévi à cette époque. Nous considérons que les raisons qui justifiaient cette initiative n'ont pas disparu. Cependant, dans l'esprit de solidarité nationale, la catégorie d'agriculteurs susceptible d'être assujettie à cet impôt n'est pas hostile à toute contribution juste et équitable. La fiscalité agricole devra prendre en considération les spécificités des filières et les particularités régionales. Cette fiscalité ne devra pas entraver la compétitivité de notre agriculture pour relever les défis et faire face à nos concurrents directs, qui bénéficient de beaucoup d'avantages, notamment une fiscalité favorable. PARCOURS 1952 : naissance à Béni Mellal. 1974 : ingénieur agronome diplômé de l'Institut Agronomique et Vétérinaire (IAV) de Rabat. 1975 : intègre le ministère de l'Agriculture. 1979 : diplômé de l'ENA Paris. 1980 : diplôme d'ingénieur d'Etat de l'IAV Rabat; réintègre le ministre de l'Agriculture. Depuis 1985 : se lance dans le secteur privé agricole. Depuis 2006 : co-fondateur et président de la Comader.