A quelques jours seulement de la concrétisation de l'opération, HPS renonce au rachat de S2M. Cette dernière ne comptera finalement pas sur le financement de HPS pour faire face à une concurrence naissante et sérieuse de la part de la filiale de Finatech. Retour sur les dessous de ce mariage non consommé. Surprise. Amère pour certains, décevante pour d'autres. L'on s'attendait à tout sauf à une opération avortée. Contre toute attente, HPS renonce en effet au rachat de S2M. Annonce qui s'est accompagnée d'une suspension à la cote du titre le jeudi 19 février. Un mariage qui avait pour objectif de créer un champion national de la monétique qui rayonne à l'étranger. Et pourtant, quelques jours seulement avant cette annonce, HPS étudiait l'offre de crédit de trois banques de la place, qui devait financer 80% du prix de l'opération. Il s'agit d'Attijariwafa bank, de la Banque Centrale Populaire et du Crédit Agricole. Seulement, aucune offre des trois banques n'a plu aux dirigeants de HPS, déjà psychologiquement abattus par le fait qu'il n'y a pas eu d'effet d'annonce sur leur titre coté en Bourse et qui a connu depuis quelques mois une chute effrénée. Pas intéressante, puisque même la meilleure offre des trois banques a accordé un différé de 6 mois, alors que HPS espérait en obtenir 24. Contacté par Challenge, Mohamed Horani, PDG de HPS, a une autre explication : «L'opération de rapprochement a été annulée. Certaines clauses suspensives du protocole d'accord signé en novembre dernier n'ont pu être remplies. HPS poursuit néanmoins son plan de développement, et continue à mettre en oeuvre sa stratégie pour conforter son positionnement de leader sur le marché des solutions monétiques». L'action HPS en chute Mais il ne faut pas omettre que les conséquences psychologique ont eu leur impact sur la décision de HPS. L'effet d'annonce de l'accord de rapprochement, annoncé en décembre 2008, n'a pas eu lieu. Pire, l'action HPS est actuellement cotée à 500 DH, alors que sa valeur atteignait, le 4 septembre 2008, 1150 DH. La courbe de sa cotation montre en effet que l'action a connu un bond de 12% entre la suspension et la reprise de la cote, passant de 600 à 632 DH. Depuis et jusqu'à ce jour, elle a connu un enclin descendant. Chute après chute. Ce qui frappe le plus, c'est que la société ne communique que rarement ces derniers temps. «C'est parce que les sociétés cotées croient que l'introduction en Bourse est une fin en soi. Alors que ce n'est que le début», poursuit notre analyste financier. «Nous avouons ne pas avoir d'explication à ce phénomène. Il se pourrait que la tendance baissière du marché ait prévalu sur l'effet d'annonce de ce rachat. Le niveau actuel de l'action HPS ne reflète en rien les bons fondamentaux de l'entreprise, ni les perspectives de son développement. Nous pensons que le marché a du croire que la position fortement exportatrice de HPS devait conduire à un impact significatif de la crise internationale sur son volume d'activités », pense Mohamed Horani. Pour certains analystes financiers, la chute de l'action de HPS s'explique par deux postulats : primo, le cours moyen pondéré d'achat depuis son introduction en Bourse est de 1633 DH. Ce qui explique le désintérêt des particuliers pour l'achat d'une valeur à 500 DH et qui prend du temps à se ressaisir. En plus, les détenteurs de l'action HPS ne peuvent vendre une valeur de 500 DH achetée beaucoup plus cher. Ils ajoutent que la société communique de moins en moins, et dans les rares cas où elle le fait, elle s'adresse uniquement aux particuliers et aurait dû faire une tournée chez les institutionnels, les banques, les compagnies d'assurance … Le but est de chercher des market maker, des structures financièrement solides qui étudient et croient dans la valeur. Rétorquant à cette analyse, le PDG ne partage pas cet avis. Il s'en explique : «en plus de la communication financière, HPS a régulièrement porté à la connaissance du public les informations importantes la concernant, telles que l'obtention du trophée de la meilleure solution bancaire online, ou alors la sélection de HPS parmi les 11 sociétés sélectionnées par le Gartner Group dans son analyse des meilleures solutions monétiques du marché. Il est vrai que pour des raisons de confidentialité, certains gros contrats ont été annoncés sans citer le nom des clients. Par ailleurs, de l'aveu même de certains institutionnels, HPS fait partie du cercle restreint des sociétés cotées qui leur rendent visite périodiquement pour leur présenter leurs résultats et leurs perspectives d'évolution. Nous pensons que cette démarche finira par porter ses fruits, et que les institutionnels, qui ont une stratégie de placement à long terme, se montreront encore plus actifs sur notre valeur». Avant ou après la fusion, HPS est considéré comme un acteur majeur du marché monétique, notamment sur la partie Software (logiciels). Leader sur ce créneau sur le marché marocain, HPS aurait pu devenir, s'il y avait eu fusion avec S2M, leader sur le créneau personnalisation de cartes bancaires, où cette dernière détient 82% du marché (selon des chiffres 2008). Le seul concurrent sérieux de S2M est FinaPaysystems (ex-Jetdocunet), qui vient de changer de nom, à l'instar du gros des filiales de Finatech. Compétition entre S2M et la filiale de Finatech En effet, la filiale de Finatech (FinPaysystems) avait 17% de parts de marché vers fin 2008. Elle a 10% du marché BMCE, 50% du Crédit du Maroc, 100% de l'UMB, 100% de SGMB, 50% de Cetelem, 15% de BMCI. Dans les jours qui viennent, la Poste du Maroc révèlera les deux soumissionnaires gagnants de deux lots de fabrication de cartes monétiques. Les deux soumissionnaires retenus sont S2M et FinaPaysystems. L'adjudicataire du 1er lot ne pourra pas remporter le deuxième, c'est une clause bien déterminée. D'ici fin 2009, les dirigeants de la filiale de Finatech estiment avoir au moins 35% de parts de marché. Dans quelques jours, ils vont annoncer un gros marché avec une grande banque de la place. Mais ce qui les rend confiants et sûrs de remporter de nouveaux marchés dans la même année, c'est leur grand projet Finacard. C'est un site de production de cartes bancaires sur une superficie de plus de 1000 m2. Un site qui sera opérationnel dans moins de deux mois et qui a une capacité de production de 3 millions de cartes par an, dépassant la capacité de production du site S2M (2 millions de cartes/an), situé dans le parc industriel de Bouskoura. Ce site a coûté un investissement global de 23 millions de DH, dont 3 millions pour l'aménagement du site et le reste pour les équipements sophistiqués fraîchement installés (Datacap). Somme toute, dans ce marché de personnalisation, l'année 2009 promet une nouvelle reconfiguration. S2M restera concurrent de Finapaysystems au même titre que HPS, dans un marché en pleine ébullition après l'annonce du mariage non consommé. Les calculs des uns et des autres se referont dans les jours qui viennent. Car il ne s'agit pas uniquement de se positionner sur le marché local, mais aussi sur le marché africain et du Moyen-Orient. En tout cas, S2M ne sera pas vendu en 2009. Le fonds d'investissement Maroc Invest, filiale de Tuninvest, et qui détient toujours 96% des actions de S2M, compte continuer son projet de développement. Peut-être que les prétendants d'hier ne renonceront pas, pour les mêmes raisons stratégiques qui ont animé au début HPS, à fusionner avec S2M.