Les explications de Quick France au sujet du retrait de la carte d'exclusivité de Quick à Adnane El Kadiri et à travers lui à la Marocaine des loisirs sont lourdes à plus d'un titre. Au nom de la société «Fast Food Trust SARL», il a continué l'exploitation de l'enseigne jusqu'en août 2008, alors que la résiliation des contrats s'est faite le 31 mai 2006. «Nous avons, par ailleurs, récemment conclu un accord de franchise avec le groupe BCF, détenu par Monsieur Abdelwahad Benchérif, qui est actuellement le seul franchisé autorisé à exploiter la marque Quick au Maroc», déclaration signée Jean-Paul Brayer, président de France Quick. Pour la petite histoire, telle que nous l'avions publiée lors de notre édition du numéro 221, en voici un bref exposé. Adane El Kadiri, au nom de la société La Marocaine des Loisirs, s'est vu retiré la carte d'exclusivité pour l'exploitation de la franchise de restauration rapide Quick, dont l'attribution faisait suite à une négociation avec Quick France. Cette dernière est revenue au groupe BCF, à la tête duquel se trouve Abdelwahad Benchérif. Ayant eu vent de cette affaire, Challenge Hebdo a transmis à sa demande un courrier à M. El Kadiri -disant qu'il ne répondrait pas à nos questions par téléphone-. Il a tout de même préféré ne pas donner suite à notre requête. En revanche, l'actuel détenteur de la carte n'a pas fait dans la rétention d'informations. Il a affirmé en substance qu'une convention de master franchise a été contractée pour une période de 10 années renouvelables. Le premier point de vente et la première opération concrète en est le restaurant de 500 m2 situé au Ghandi Mall à Casablanca. «L'investissement est de l'ordre de 30 millions de DH. D'ailleurs, d'autres sites sont à l'étude, dont les emplacements sont encore tenus secrets», a expliqué Abdelwahad Benchérif. Il n'a pas manqué de préciser également qu'en termes de stratégie: «nous préférons partir sur de nouvelles bases et appliquer le concept avec le nouveau cahier de charges». Et c'est suite à cet article que Adnane El Kadiri, à travers Mohamed Karrout, avocat au barreau de la ville de Rabat, a jugé bon de réagir et a envoyé une mise au point, publiée dans notre édition du numéro 224. A noter que durant toute la semaine suivante, le conseiller juridique de Adnane El Kadiri n'a pas daigné prendre contact avec nous, malgré nos nombreuses tentatives. Les concernés ont certainement eu vent de l'intervention de Quick France, qui a tenu à éclaircir la situation. En revanche, pour sa part, Abdelwahab Benchérif a reconnu que l'initiative du bureau français de Quick, ne l'étonnait pas. Interrogé par Challenge Hebdo, il confie : «j'ai été mis dans la confidence depuis deux semaines. Le courrier envoyé par Quick France en réponse à la mise au point permet de mettre à jour la réalité», et de conclure que «les spéculations cessent, les choses sont à présent explicitées». D'autant plus que le président de Quick France, dans les colonnes de son communiqué, ne fait pas dans l'imprécision et qualifie le courrier de Me Mohamed Karrout «d'intégralement inexact» et causant « un très grave préjudice au groupe Quick, d'autant plus qu'il est publié sous la plume d'un conseil marocain mettant sa crédibilité au service d'affirmations totalement erronées». L'éclairage de Quick France Quelles sont donc ces allégations, dont les conséquences sont qualifiées de «grave préjudice» par Quick France ? Il a été énoncé par Me Karrout que «contrairement à ce qui est affirmé, la Marocaine des Loisirs et M. Adnane El Kadiri détiennent seuls, à ce jour, l'exclusivité de l'utilisation de la carte Quick au Maroc. La Marocaine des Loisirs et M. Adnane El Kadiri ont signé dans ce sens un protocole d'accord et des contrats de franchise en 2001, 2002 et 2005». Ce à quoi Quick France rétorque «La Marocaine des Loisirs, dirigée par M. Adnane El Kadiri, était notre franchisé exclusif au Maroc jusqu'au 31décembre 2004». Le même document stipule également que «les affirmations de Me Mohamed Karrout concernant la prétendue franchise et, a fortiori, la prétendue exclusivité dont bénéficieraient encore à ce jour ses clients, sont donc purement et simplement mensongères». Mais, ce qui reste des plus intéressants parmi les éléments récoltés auprès de Quick France, c'est le filigrane des événements. C'est ainsi que la Marocaine des Loisirs a perdu l'exclusivité au Maroc, le 31 décembre 2004, pour le non-respect du plan de développement convenu et ce, en application des clauses contractuelles. Cette décision fait suite à l'ouverture de deux restaurants, l'un situé à Casablanca au Megarama et l'autre à Rabat au Mega Mall. «Nous avons ensuite constaté des défaillances de la part de la Marocaine des Loisirs dans l'exécution de nos accords, qui nous ont contraint à résilier tous nos contrats de franchise avec la Marocaine des Loisirs à effet au 31 mai 2006», souligne à ce propos, Jean-Paul Brayer, président de Quick France. La suite des explications ne manque pas d'intérêt non plus. C'est ainsi que pour Quick France, malgré la résiliation des conventions «la Marocaine des Loisirs poursuit l'exploitation des restaurants pré-cités et annonce même l'ouverture de nouveaux restaurants et ce, sans droit ni titre, en violation des nombreuses décisions exécutoires que nous avons obtenues devant différentes juridictions, tant en France qu'au Maroc, condamnant notamment la Marocaine des Loisirs à cesser toute utilisation de notre marque». Ces informations viennent remettre en cause celles avancées par la partie concernée, en l'occurrence Adnane El Kadiri qui, à travers son avocat, annonce que «la Marocaine des Loisirs et la société France Quick se sont engagées dans un processus d'arbitrage relatif à l'interprétation de l'ensemble de leurs contrats en cours». Plus encore, Me Karrout remet en cause les conclusions des jugements en stipulant que «des procédures devant les juridictions civiles et pénales, tant au Maroc qu'en France, garantissent à la Marocaine des Loisirs d'une part et à Adnane El Kadiri d'autre part, l'utilisation exclusive de la marque Quick au Maroc », et de poursuivre: « d'autant plus que ce dernier n'a pas pris part à la procédure d'arbitrage initiée entre la Marocaine des Loisirs et France Quick». Par ailleurs, les choses ne se sont pas arrêtées à ce niveau et une enquête s'en est suivie, initiée par Quick France. Le top management apporte d'autres précisions, qui ont été omises dans la mise au point de Me Karrout. Nous apprenons ainsi auprès de Quick France qu'«un nouveau restaurant a, en outre, été ouvert sous l'enseigne Quick en août 2008 dans le quartier Ryad à Rabat par une société «Fast Food Trust SARL», également dirigée par Adnane El Kadiri, avec laquelle notre groupe n'a jamais conclu de contrat de franchise.» Et d'ajouter toujours de même source qu'«une ordonnance en référé en date du 3 novembre 2008 et un jugement du 4 février 2009 ont d'ailleurs été rendus par le tribunal de commerce de Rabat, ordonnant à Fast Food Trust de cesser toute exploitation de ce restaurant sous l'enseigne Quick». C'est au final une dizaine de décisions favorables au groupe qui ne sont toujours pas exécutées par la Marocaine des Loisirs. A ce sujet, Jean-Paul Bayer énonce clairement que «nous avons l'intention de nous adresser aux autorités marocaines judiciaires et administratives en charge de l'exécution des décisions judiciaires, afin que les décisions que nous avons obtenues soient enfin respectées et exécutées». L'affaire est en cours.