A priori, ce n'est pas pour une raison subjective qu'Amendis a été écartée du marché. Dans cette opération, le donneur d'ordre a jugé bon de choisir des Marocains, question de leur donner leur chance. Ce n'est pas vraiment une surprise: l'ONE, l'ONEP et Segedema ont remporté la concession de la distribution de l'eau, de l'électricité, de l'éclairage public et de l'assainissement de Tanger Med et ses dépendances dans la zone franche logistique Medhub, une base arrière du complexe portuaire. Elle constitue une plate-forme créatrice de valeur ajoutée, au service des opérateurs logistiques désirant couvrir l'Afrique du Nord et l'Europe de l'Ouest. Une convention vient d'ailleurs d'être signée, officialisant cette décision. La surprise, elle, porterait sur l'écartement d'Amendis, filiale de Veolia, censée avoir obtenu depuis quelques années la gestion déléguée de la distribution de l'eau et de l'électricité dans la région de Tanger et Tétouan. Pourquoi pas Tanger Med ? A priori, un responsable au ministère évoque un statut spécial de cette zone. Une information confirmée par Said El Hadi, patron de TMSA. «Le port et les zones franches ont une juridiction à part», lance-t-il. Postuler comme tout le monde Amendis ne pouvait donc pas espérer remporter ce marché, du seul fait qu'elle opère sur la région. Il lui a fallu postuler comme n'importe quel candidat. Et finalement, son offre n'a pas fait le poids face à ses concurrents, le consortium ONE-ONEP-Segedema et Nareva Holding, la filiale de l'ONA. Amendis doit s'en mordre les doigts car ce marché représente beaucoup d'argent. C'est donc les offices publics, qui ont rallié une filiale du groupe Pizzorno, qui vont pour la première fois gérer un contrat aussi important en la matière. Beaucoup attribuaient cette réussite à une offre financière faible par rapport aux autres propositions. El Hadi ne nie pas complètement l'information. «En effet, l'offre économique et financière a joué. Mais ce n'est pas tout. L'offre globale présentée par le consortium est très intéressante. La qualité de service proposée et la garantie de la fiabilité sur toute la durée de la concession ont joué en sa faveur. Le consortium a construit quelque chose de durable et qui tient bon». Les deux Offices peuvent se réjouir maintenant. Ils ont réussi à se placer sur un créneau nouveau pour eux, un créneau qu'ils lorgnent depuis un moment. Ils auraient voulu acquérir (sans trop de procédure probablement) le marché de la concession de la distribution de l'eau et de l'électricité de la ville de Marrakech. Finalement, les autorités de la ville ont préféré lancer un appel d'offres international. Ceci étant, le consortium a remporté un gros marché. Et c'est l'ONE qui en est le chef de file, puisque l'Office détiendra 48 % du capital de la société concessionnaire. Il est talonné par l'ONEP (42 %), puis suivi par Pizzorno Environnement (8 %) et Segedema (2 %). Cette composition devrait donner au consortium une force en termes de synergie, chacune des parties ayant ses propres spécificités. L'ONE distribue de l'énergie électrique sur 98% du territoire. Ses systèmes de gestion comme le SAP, un éditeur de progiciels, lui permettent d'assurer une grande réactivité et d'offrir des services de qualité. L'ONEP, producteur d'eau potable, a, au fil des années, développé des expertises en matière d'exploitation des unités de production, de distribution et d'assainissement liquide. Et pour boucler la boucle, il a fallu trouver une société chargée de l'assainissement solide et de l'éclairage. Elle a trouvé en Pizzorno et Segedema les partenaires qu'il faut. Le groupe français et sa filiale marocaine sont spécialisés dans le respect de la protection de l'environnement et du développement durable, de la collecte des déchets ménagers et industriels, de l'éradication des pots sauvages… Le consortium maroco-francais a du pain sur la planche. Il doit investir près de 40 millions dans son projet. Il reste maintenant à boucler les détails de l'organisation : qui fera quoi? Qui prendra en charge la direction de la société gestionnaire ? Quand la société deviendra-t-elle opérationnelle ?...Autant de questions pour un nouvel opérateur.