La 13ème édition du Forum Horizons Maroc, organisée par AMGE Caravane (Association des Marocains des Grandes Ecoles), s'est tenue le 7 décembre dernier à Paris. Les visiteurs, étudiants ou professionnels marocains de l'étranger, estiment avoir désormais plus de chance de décrocher un bon emploi au Maroc… Encore faut-il que les entreprises qui recrutent offrent de meilleures conditions. Challenge Hebdo : Selon un sondage que vous avez mené, une majorité des visiteurs marocains (étudiants mais aussi professionnels) du Forum Horizons organisé en décembre dernier souhaitent rentrer au pays. A votre avis, quelles en sont les raisons? Lina Hadj Hamou : il y a clairement un regain d'intérêt des Marocains de l'étranger pour leur pays. J'y vois plusieurs raisons. D'une part, il y a une véritable volonté de participer à l'effort de développement du pays, un engagement patriotique. Les Marocains de l'étranger savent que le Maroc bouge, qu'on a besoin de leurs compétences et de leur énergie. La récession qui menace l'Europe et l'Amérique du Nord joue un rôle également. Nombreux sont les jeunes candidats qui tournent leurs yeux vers le Maroc car ils pensent avoir davantage de chances de décrocher un emploi intéressant. C.H. : qu'est-ce qui peut les motiver ? L. H. H. : depuis quelques années, les plus grandes entreprises ont clairement entrepris une politique ambitieuse de recrutement auprès de ces expatriés: revalorisation importante des salaires, y compris sur les premières embauches, rajeunissement des équipes dirigeantes, efforts de communication et d'image, etc. Ainsi, l'AMGE Caravane, association organisatrice du Forum Horizons Maroc, organise régulièrement (une à deux fois par mois) des présentations et des colloques d'entreprise, qui rencontrent un franc succès parmi les étudiants. C.H. : quels sont les secteurs qui les intéressent le plus au Maroc ? L. H. H. : d'après ce que nous pouvons constater à travers l'organisation Forum Horizons Maroc, les secteurs les plus attractifs pour les Marocains de l'étranger sont la banque (35% des visiteurs), le conseil (28% des visiteurs), l'industrie et les services (18% des visiteurs) et la grande consommation (9%). Ce sont également dans ces secteurs que la modernisation des pratiques de ressources humaines est aujourd'hui la plus aboutie. C.H. : y trouvent-ils leur compte ? L. H. H. : bien que cela puisse paraître bizarre, beaucoup de personnes n'hésitent pas à mentionner qu'elles sont prêtes à accepter des salaires moins élevés qu'en Europe. Toutefois, elles rêvent d'un pouvoir d'achat et d'un niveau de vie supérieur à celui qu'on peut observer dans les grandes capitales européennes. La proximité avec la famille, la qualité des logements et des services sont souvent citées comme des arguments qui font pencher la balance. C.H. : tout ceci n'a-t-il pas un prix ? L. H. H. : en effet, il existe aujourd'hui un frein principal que ces personnes ressentent quant à leur intention de revenir travailler au pays. Les cadres expatriés par exemple souhaitent disposer de possibilités d'évolution rapide, d'une gestion des hommes qui soit moderne, objective et basée sur la méritocratie. Les entreprises transparentes dans ce domaine y gagnent beaucoup. C.H. : qu'en est-il des étudiants des grandes écoles ? L. H. H. : lors de la précédente édition du Forum Horizons Maroc, 84% des visiteurs participants ont indiqué qu'ils souhaitaient rentrer au Maroc. Parmi eux, on retrouve plus de deux tiers d'étudiants ou de diplômés des grandes écoles. Je pense donc que le mouvement est amorcé. C.H. : les entreprises marocaines ont-elle finalement réussi à dénicher leurs futurs cadres lors de ce Forum ? L. H. H. : il y a effectivement eu des recrutements immédiats, tous secteurs confondus, et pour un nombre non négligeable d'entreprises. Certaines d'entre elles nous ont d'ailleurs confié avoir réalisé une vingtaine de recrutements. En l'espace de huit heures seulement, cela est appréciable. Quant à celles qui n'ont pas recruté dans l'immédiat, elles ont fixé des dates d'entretiens ultérieures. Au total, 63% des visiteurs ont indiqué avoir reçu des propositions intéressantes. L'avenir nous dira si ces propositions se concrétiseront.