Mustapha Ramid, ministre de la Justice, est bigame. C'est son affaire tant que la loi marocaine n'interdit pas la polygamie. Mais, c'est lui qui s'arrange toujours pour amener ce sujet au sein du débat public. Lors d'un débat sur le code pénal, des féministes ont contesté la possibilité d'arrêter une procédure pour violences conjugales, suite au désistement de la victime. Elles avaient sans doute en tête les nombreux cas où la femme, après avoir saisi la justice, fait l'objet de pressions de l'entourage et finit par retirer sa plainte, retrouver son bourreau, en attendant la prochaine raclée, souvent consécutive à un problème d'érection, selon les statistiques. La violence étant un délit grave, il est normal que la société, par le biais des tribunaux, punisse le coupable indépendamment des vœux de la victime, dès lors que les faits sont prouvés. Ailleurs, un voisin peut dénoncer le mari violent, la justice fait son travail, y compris quand la femme refuse de se constituer partie civile. Mustapha Ramid, avocat de profession a trouvé une parade ridicule. Il a d'abord dit « et si battu par ma femme, je voulais lui pardonner ? ». Les féministes lui ont rappelé qu'il est exceptionnel que la violence soit dans ce sens. Il a alors dit « J'ai deux femmes, si elles se mettent d'accord et me tabassent, pourquoi est –ce que je n'aurai pas le droit de les pardonner ». C'est une drôle de conception de la famille qu'il développe ici. La violence serait acceptable du moment que la victime pardonne. C'est très grave parce qu'on est face à des valeurs sociétales. Je pense que cela disqualifie Ramid sur ce sujet au moins. Mais, il y a un autre sujet inquiétant. Les ministres PJD, le Chef du gouvernement en tête, n'arrêtent pas de faire référence à leurs épouses, à leurs rapports intimes. Jusqu'ici, à part de rares exceptions, les médias ont toujours respecté le pré-carré familial des responsables. On n'a jamais publié la photo d'une épouse de ministre ou de Premier ministre. Aujourd'hui, elles sont dans les pages peoples. Benkirane a même parlé de la relation de sa femme avec le maquillage devant un parterre de responsables politiques. La dérive nous guette. Il ne faudra pas en vouloir à ceux qui vont publier la photo d'une femme sortant du bain, discutant avec sa voisine ou essayant sa nouvelle djellaba. Les ministres seront responsables de cette dérive. Or, on a vu les ravages de la peopolisation sur l'image des politiques dans des sociétés beaucoup plus ouvertes. Le débat public doit être immunisé contre toute intrusion de la sphère privée. Jamais un vrai journaliste, démocrate, ne s'intéressera aux alcôves, ou aux couples et à leur vie. Mais tout le monde n'a pas la même éthique. A force de parler de leurs femmes, sûrement des marocaines estimables, les ministres PJD ouvrent la boîte à pandore.