Ebranlé par la crise financière, le constructeur automobile Renault assure quand même que les délais de livraison de l'usine de Tanger de l'Alliance Renault-Nissan ne connaîtront aucun dérèglement. Sauf peut-être pour le lancement de la production prévu pour fin 2010… Conséquences de la crise économique, les activités du groupe Renault ont effectivement été réduites dans d'autres pays. Mais pas au Maroc. Tout allait bien jusqu'à ce que des informations ayant circulé sur la scène internationale ne chamboulent tous les calculs. Et c'est le ministre de l'Industrie, du commerce et des nouvelles technologies, Ahmed Chami, qui fait une sortie médiatique pour déclarer que le méga-investissement de la marque au losange, d'un montant d'investissement de 600 millions d'euros, ne connaîtra aucun bouleversement. L'information, diffusée en «exclusivité» sur l'édition en ligne du journal français «L'Usine Nouvelle» qui cite des sources internes et un haut-responsable de l'alliance Renault-Nissan, faisait part de l'intention du constructeur français de retarder l'entrée en service de son complexe industriel. Selon Chami, «un comité de pilotage a été tenu il y a une quinzaine de jours et nous avons eu la certification de Carlos Ghosn -himself- que Renault continuait en -full stay- au Maroc. Les activités du groupe ont effectivement été réduites dans d'autres pays, mais pas au Maroc». Au sein de Renault Maroc, contacté par Challenge, on avance que la crise qui a touché le groupe Renault est une crise conjoncturelle et qu'il ne faut pas s'alarmer concernant la construction de l'usine de l'Alliance Renault-Nissan de Tanger. « La construction de l'usine ne s'arrête pas. Elle sera livrée dans les délais, c'est-à-dire début 2010 », affirment les responsables de Renault Maroc. Mais un autre souci se révèle. Car même construite dans les délais, qui nous dira que le lancement de la production de cette usine ne connaîtra pas un retard. Plusieurs supports médiatiques français ont laissé entendre que Renault va repousser le lancement de la production de cette usine. Un souci qui s'est confirmé, non pour ce qui est de la date de livraison de l'usine de Tanger, mais pour le lancement de la production. Car contactés par Challenge, des responsables de Renault Maroc ont affirmé qu'un retard éventuel est possible. Ce retard va-t-il impacter les équipementiers qui auraient choisi de suivre Renault-Nissan dans l'aventure ? En tout état de cause, si retard il y a, c'est à cause des problèmes de financement que rencontrent les constructeurs automobiles français et européens. Des difficultés de refinancement qui ont poussé l'Elysée à instaurer un «fonds de restructuration de la filière automobile » en vue d'aider la vaste filière des sous-traitants, en pleine déconfiture. La relocalisation en contrepartie des aides Seulement, l'instauration en France d'un « fonds de restructuration de la filière automobile » a été scellée par deux conditions. L'Elysée est disposé à mettre en œuvre de nouvelles aides à la filière automobile française en contrepartie de deux choses exigées des constructeurs : ne pas fermer d'usines d'assemblage en France et renoncer aux délocalisations dans les pays à bas coûts, pour eux-mêmes comme pour leurs sous-traitants. «Il n'y aura pas de sauvetage sans contrepartie», a prévenu le président de la République. « Je ne suis pas d'accord pour aider des entreprises qui continueraient de délocaliser leurs activités à l'étranger ou qui pousseraient leurs fournisseurs à le faire». Seulement, ce qu'il faut savoir, c'est qu'avant cette crise financière, les constructeurs français (Renault et PSA) exploraient de nouveaux projets industriels dans des pays limitrophes de l'Europe, comme le Maroc ou la Turquie... Sont-ils prêts à renoncer aux avantages qu'offre la délocalisation pour régler leurs problèmes de refinancement ?