Le ministre de l'Industrie, Moulay Hafid Elalamy lors de son intervention au New York Forum Africa 2014 à Libreville (Gabon). Le Maroc était bien représenté au « Davos » africain à Libreville du 23 au 25 mai. Le ministre de l'Industrie, Moulay Hafid Elalamy, a détaillé la vision et le modèle de développement du Royaume. L a troisième édition du New York Forum Africa, le « Davos » africain, a clôturé ses travaux le 25 mai au Gabon. Placé cette année sous le signe de la transformation, cet événement d'envergure continentale et même au-delà, organisé par Richard Attias, a été un franc succès sur tous les plans. Comme à son habitude, le New York Forum Africa, pour sa troisième édition consécutive, a réuni pendant trois jours à Libreville, la capitale gabonaise, des intervenants de gros calibre, issus des quatre coins de la planète. Anciens chefs d'Etat, hommes politiques, leaders d'opinion, hommes d'affaires, investisseurs, c'était un melting pot d'exprériences à la hauteur de l'événement. Le Maroc était bien représenté à Libreville à travers une forte délégation de personnalités du secteur public comme du privé. Cinquante ans après les indépendances, l'Afrique doit aujourd'hui prendre son destin en main, et cela nécessite un changement de paradigme, une transformation de son modèle économique actuel, fortement basé sur l'industrie extractive. Le défi est de taille, et certains pays africains l'ont bien compris et ont d'ores et déjà pris les décisions qui s'imposaient. Parmi ces pays, le Maroc. En effet, les réformes initiées par le Royaume, ces dix dernières années, ont porté leurs fruits, faisant du pays un modèle de développement sur le continent selon de nombreux spécialistes. Ainsi, lors de cette troisième édition du New York Africa Forum qui s'est tenue du 23 au 25 mai, une session dénommée « The moroccan business School » a été consacrée au Maroc. La vision Sud-Sud du Maroc Ainsi, Moulay Hafid Elalamy, ministre de l'Industrie, du Commerce, de l'Investissement et de l'Economie numérique, a partagé l'expérience marocaine avec le public à travers les questions de Richard Attias. « A un moment donné, le Maroc s'est repris en main pour essayer d'avoir une ambition, de définir là où il voulait être et de mettre en place des stratégies, des plans d'actions pour y arriver. Je prends par exemple le secteur de l'aéronautique. Nous avons rêvé à un moment donné que le Maroc pouvait être un opérateur dans ce secteur, et bien quelques années plus tard, nous disponsons aujourd'hui d'une entreprise aéronautique qui est Bombardier. Nous avons la même chose pour le secteur automobile avec Renault. A mon avis, l'ambition est un vecteur essentiel qui permet de transformer une économie », a expliqué Moulay Hafid Elalamy. Le Maroc étant un acteur majeur du club des pays africains qui investissent massivement sur le continent pour booster la coopération Sud-Sud, avec notamment des investissements dans plusieurs pays, le ministre est donc revenu sur la récente tournée africaine de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, qui a vu la signature de 91 conventions dans quatre pays. Il faut souligner, à juste titre ici, que parmi les grandes décisions de la tournée royale, figure la construction d'une usine à Jorf Lasfar spécialement dédiée à l'Afrique, qui permettra à l'OCP de produire des engrais à forte teneur en phosphate et en ammoniaque adaptés aux spécificités des différents écosystèmes du sol africain. Il s'agit d'un investissement de plus de 3 milliards de DH avec une capacité de production de l'usine estimée à 1 million de tonnes par an. Le ministre a assuré que 80% des projets, dans le cadre de ces conventions, sont déjà lancés. « Il n'est pas question de faire des effets d'annonce », poursuit-il. Moulay Hafid Elalamy a également saisi l'occasion pour revenir sur le plan d'accélération industrielle qu'il a présentée il y a quelques mois, expliquant que sur les 500000 nouveaux emplois que vise ce plan à l'horizon 2020, 174000 ont d'ores et déjà été créés depuis l'annonce du plan en avril dernier. Mustapha Terrab, le patron de l'OCP(Office Chérifien des Phosphates) faisait également partie des éminents intervenants de cette troisième édition du New York Forum Africa. « Le New York Forum Africa parle du développement économique africain et des partenariats qui devraient être noués. Le Maroc, à travers sa vision, est partisan du fait que ce sont essentiellement les partenariats Sud-Sud qui vont peser dans le développement du continent. Contrairement aux partenariats Nord-Sud, qui ont bien sûr leur place, les partenariats entre pays du sud ont la particularité d'être aussi porteurs d'industries de transformation et d'investissements », a souligné le patron de l'OCP, ajoutant que le Royaume peut apporter son expérience pour contribuer au développement de l'Afrique. Investir dans le capital humain Pendant les trois jours de partage d'expériences et surtout de rencontres entre businessmen et décideurs politiques dans la capitale gabonaise, l'accent a été mis sur le capital humain. Les différents intervenants ont appelé à investir dans le capital humain, afin de développer des compétences locales, compatibles aux réalités des entreprises locales. A l'instar de l'ex-président péruvien, Alejandro Toledo, tous les participants ont appelé à investir dans la femme en Afrique pour libérer son potentiel, car très essentiel au développement du continent. Les Africains, dans leur immense majorité, semblent donc avoir pris le pari de la transformation de l'Afrique à l'issue du New York Forum Africa. « L'Afrique, continent d'opportunités, doit nécessairement réussir sa mue. Cette question est vitale pour notre avenir commun. La question que pose la présente édition du New York Forum Africa se résume tout simplement pour les Africains à être ou ne pas être », a déclaré le président gabonais, Ali Bongo. Par ailleurs, soulignons que cette année, Richard Attias, l'organisateur du forum, a apporté quelques nouveautés au New York Forum Africa. Ainsi, 5 importants contrats d'investissement ont été signés avec l'Etat gabonais, pour un montant global dépassant 1 milliard d'euro. Aussi, une session dénommée « Money Talk », a-t-elle permis à trois jeunes entrepreneurs africains, ayant présenté leur projet d'innovation devant le public à des investisseurs, de décrocher un financement. En outre, le prix « African Entrepreneurship Award » a également été lancé et sera décerné dès la prochaine édition du New York forum Africa en 2015. Ce prix va récompenser quatre entrepreneurs africains choisis selon des critères bien déterminés par un jury. La Fondation de Richard Attias & Associate a décidé de doter ce prix de 100.000 euros. Enfin, notons qu'en marge de cet événement, une enquête réalisée par Train my Generation, le fonds de formation professionnelle créé par le New York Forum Africa en 2013, a révélé que l'entrepreneuriat séduit 75% des jeunes africains, dont l'âge est compris entre 16 et 26 ans. L'enquête a été réalisée en ligne auprès de 5000 jeunes dans 42 pays du continent.