Le logement social et le haut standing (résidences secondaires notamment) rencontrent des difficultés. L'offre du moyen standing est pour l'instant quasi inexistante. Malgré cela, les professionnels sont confiants. Le marché n'est pas en crise. Tous les acteurs du secteur immobilier se sont passés le mot pour rassurer sur la situation de l'immobilier au Maroc. En somme, tous sont unanimes pour confirmer que le marché ne subit pas de pression. Pourtant, le citoyen lambda est convaincu d'un changement de tendance. Le marché est en train de stagner, sinon de baisser. Lors de son intervention dans une rencontre organisée par l'Association pour le Progrès des Dirigeants (APD) sur «les mutations internationales, quelles opportunités d'investissement pour l'immobilier et le tourisme», Noureddine Charkani, président du directoire de Wafa Immobilier, a estimé en substance qu'il y avait des clignotants qui s'allumaient, parce qu'on a (seulement) créé une crise psychologique entraînée par les reports des transactions des acheteurs et des vendeurs. «Nous sommes passés des achats par anticipation à des achats réfléchis», reconnaît-il. Ce n'est pas plus mal car cela pourrait atténuer, même dans de faibles proportions, la spéculation dans ce secteur dont la bulle ne fait qu'enfler. Pour lui donc, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Les crédits à l'accès à la propriété - les crédits immobiliers en somme - ont progressé de 30% au cours des 9 premiers mois de l'année, s'établissant à 133 milliards de DH. C'est un argument que tous les professionnels et les pouvoirs publics donnent pour démontrer que le secteur ne connaît pas de crise. Sinon, nous n'aurions pas atteint ces performances. C'est un fait. Mais que s'est-il passé au cours des mois d'octobre et début novembre, des mois cruciaux tant sur le plan national qu'international ? Pour M. Charkani, Wafa Immobilier a accordé des crédits aux acquéreurs au cours d'octobre 2008 pour un montant de près de 592 millions de DH. «Nous avons réalisé un mois exceptionnel comparativement au même mois de l'année passée», confie-t-il. Quid du début de mois de novembre ? Les performances de ce mois, qui ne s'est pas encore achevé, ne semblent pas aussi bonnes. Les 500 millions de DH seront difficilement atteints. Mais, Charkani explique cette prévision. «Novembre est un mois atypique, un mois bizarre où nous n'avons pas eu de problèmes dans la production (NDLR :nombre de dossiers réalisés). Notre souci concerne plutôt le nombre de jours fériés. Nous aurions pu faire mieux si nous n'en avions pas autant », explique-t-il. Qu'à cela ne tienne. Le Maroc présenterait encore des opportunités. Et ce n'est pas l'ex-ministre des Affaires Etrangères espagnol sous le gouvernement Aznar, président également de la société de promotion immobilière Mixta Africa, qui le contredira. Le Maroc, assez préservé ? Pour Joseph Piqué, qui s'est «reconverti» au business, si beaucoup de nations, notamment les plus développées, subissent de plein fouet la crise économique et financière, le Maroc, lui, garde encore ses chances d'offrir pas mal d'opportunités. «Je pense que la crise sera assez courte aux Etats-Unis parce que l'économie est très flexible. En Europe, la situation sera plus difficile car les économies sont plus rigides. En Espagne, la crise sera plus profonde. Mais pour le Maroc, je suis optimiste». Le patron du groupe espagnol laisse entendre que des occasions sont à saisir. D'ailleurs, malgré la crise, malgré les déboires de certaines compagnies ibériques, Piqué maintient son optimisme, surtout en ce qui concerne le sort des activités de la société qu'il dirige au Maroc. Mixta a investi dans quelque 5.000 logements au Nord, à Tanger, Tétouan, Martil… «Nous souhaitons investir davantage. Le Maroc regorge de potentialités surtout dans le Nord, mais cela ne signifie pas que l'on veuille se concentrer uniquement sur cette région. Nous voulons aussi aller dans des villes comme Rabat, Marrakech, Essaouira… », explique Piqué. Voilà qui est dit. Mais à une question posée par un journaliste à la radio sur les garanties offertes par Mixta pour ne pas connaître le même sort que Fadesa au Maroc, le président de la société s'est contenté de répondre sèchement : «nous avons opéré les changements qu'il fallait». Un point c'est tout. Les promoteurs immobiliers ne craignent donc pas l'avenir. Ils voient des opportunités à saisir dans le secteur même si le problème du foncier subsiste, que la main d'œuvre est chère, que l'offre et la demande sont en inadéquation… Face à tout cela, certains ont commencé à augmenter leurs prix, parfois de 5%. D'autres grands promoteurs devraient leur emboîter le pas dès le début de l'année prochaine. «Cette hausse s'explique par le fait que les prix de certains projets n'étaient que promotionnels. Il était donc normal de réajuster les prix. Aussi, certains promoteurs ont-ils souhaité élever leurs prix parce que leurs projets rencontraient du succès », explique un promoteur. Ceux qui attendaient «l'effondrement» du marché pour pouvoir acheter moins cher ne devront que peu apprécier cette information.