Non, je ne vais pas parler de Hicham Ben Abdellah El Alaoui, de son livre ni des polémiques suscitées. J'ai payé mon écot, il y a quinze ans sur cette affaire et j'aborde le « je vous l'avais dit ». De mon point de vue, les médias qui réservent des pages entières à cette non-affaire, se trompent. Cela n'intéresse plus personne. Je sais que ce que j'écris est dur, mais le Hicham, les Marocains s'en moquent. Par contre, j'appelle tous mes confrères à se poser les vraies questions sur leur métier. Moi je suis à la veille d'une retraite peu rémunérée. Mais enfin, il faut être suicidaire pour recevoir les chiffres de la diffusion sans se remettre en question. La presse écrite a pendant longtemps affiché un nombre de lecteurs plafonné à 300.000 exemplaires par jour. Officiellement, nous sommes en deçà, à 20.000 lecteurs en moins. L'Algérie n'a ni plus d'espaces de liberté, ni de meilleures compétences. « Achourouk » vend 700.000 exemplaires par jour. Nous avons le même taux d'analphabétisme, le même niveau de vie que notre voisin de l'Est. C'est une question de crédibilité et de rien d'autre. Nos télévisions reconnaissent, malgré tout le triturage des mesures d'audience, qu'elles sont battues sur leur propre terrain par les chaînes étrangères. Parce que quand elles font de la proximité, elles sont dans le Homeless, dans le misérabilisme, qu'en politique, elles s'alignent sur une vision moyenâgeuse. Les radios ont une plus grande audience, par le simple fait de l'interactivité, parce que les marocains ont envie de s'exprimer. Il est trop facile de tout mettre sur le dos d'internet. La presse écrite aurait pu, peut se repositionner, sur l'analyse, l'opinion pertinente, et surtout l'investigation. Les télés sont condamnées parce qu'elles ne peuvent concurrencer des chaînes qui offrent les meilleures productions mondiales, le sport avec les compétitions les plus prestigieuses, les séries de Hollywood et les derniers films oscarisés, un journal télévisé d'une heure trente pour relater des activités officielles, cela n'intéresse aucun être sensé quand il peut regarder un Real-Bayern, un épisode d'une série américaine, ou le dernier film de Spielberg. La confrérie des journalistes Marocains se trompe. La société ne la respecte pas, ne lui accorde aucune crédibilité. Mais parce que les politiques continuent à être frileux vis-à-vis des traitements médiatiques, les confrères croient détenir un sésame du respect. Des titres vont fermer dans les prochains mois, l'audiovisuel public est une vraie arnaque que nous payons tous à travers nos impôts, les modèles économiques ne tiennent plus en dehors de la péréquation avec d'autres activités lucratives. Soyons lucides et inventons une autre manière de faire notre métier, qui n'a aucun sens sans consommateurs.