L'intelligence artificielle génère un engouement planétaire. Véritable outil de création de valeur, d'innovation et d'automatisation, elle transforme profondément nos sociétés. Toutefois, cette technologie révolutionnaire soulève de nombreuses inquiétudes. Si ses opportunités sont très larges (Des études montrent qu'une majorité des personnes actives utilisent l'IA de façon régulière dans le cadre professionnel), ses menaces n'en sont pas moindres. De l'impact économique à la sécurité, en passant par les enjeux militaires et environnementaux, l'IA soulève des questions centrales en ce qui concerne l'avenir collectif de l'humanité. Une destruction accélérée d'emplois L'IA a d'ores-et-déjà commencé à transformer, créer mais également supprimer des emplois. Selon un rapport publié par le forum économique mondial, plus de 92 millions d'emplois dans le monde d'ici à 2030 seront supprimés. Contrairement aux révolutions industrielles passées qui impactaient surtout les tâches manuelles, l'IA s'attaque aujourd'hui et demain à des secteurs hautement qualifiés. Les développeurs informatiques, autrefois épicentres de la révolution numérique, sont également en danger. Selon Mark Zuckerberg, Meta utilisera dès cette année massivement l'IA pour coder réduisant ainsi le rôle et surtout le coût des développeurs. Lire aussi | Baisse du taux directeur à 2,25% dans un contexte économique incertain [Par Charaf Louhmadi] L'IA est capable aujourd'hui de programmer en utilisant des langages informatiques extrêmement variés ; mais également de corriger des bugs voire même de générer des applications autonomes. (Par exemple, coder un site-web se fait en un temps record.) Les développeurs ne sont évidemment pas les seuls concernés, selon Bill Gates, l'IA remplacera assez rapidement l'humain dans la plupart des métiers. L'IA au centre des enjeux et stratégies militaires Dans un monde marqué par les escalades et les tensions géopolitiques, l'IA devient un enjeu de puissance militaire. Les grandes puissances économiques et militaires mondiales se lancent dans une course technologique effrénée en vue de développer des technologies militaires basées sur l'IA, comme des armes autonomes, des systèmes de surveillance intelligents ou encore des programmes de cyberattaque de pointe. La jonction entre l'IA est la robotique est particulièrement redoutable ; en témoigne un « chien-robot » déployé à la Maison-Blanche. Lire aussi | Robots humanoïdes, véhicules autonomes, transhumanisme: dans la tête d'Elon Musk [Par Charaf Louhmadi] Cette sophistication militaire par l'IA pourrait déboucher sur des conflits automatisés, et particulièrement difficile à maîtriser. De surcroît, une IA militaire présentant des failles pourrait avoir des conséquences dramatiques. Le mathématicien et médaillé Fields Cédric Villani alerte sur les risques catastrophiques de l'usage de l'IA dans les guerres. Piratage informatique : une menace supplémentaire L'IA demeure vulnérable aux attaques informatiques. A titre d'exemple, un robot humanoïde doté d'une IA avancée, utilisé dans un cadre professionnel ou domestique, peut devenir un véritable danger s'il est piraté par un individu malveillant ; un véhicule autonome (commercialisé demain à l'échelle mondiale) « hacké » est une menace sérieuse pouvant provoquer des dégâts irréversibles. Ainsi, l'IA peut servir à pirater des systèmes comme elle peut, elle-même être piratée, les deux scénarii sont des menaces réelles pour l'Homme. L'abrutissement croissant de l'être humain en même temps que la sophistication progressive de l'IA À mesure que l'IA devient plus sophistiquée, le risque de délégation excessive s'amplifie. Ainsi, pourquoi chercher à apprendre, raisonner, comprendre si un robot peut le faire de manière plus rapide et plus efficace ? C'est la question que se pose aujourd'hui des millions d'individus. Lire aussi | L'Espagne, alliée du Maroc, s'oppose à une guerre commerciale sino-européenne [Par Charaf Louhmadi] Cette tendance relative à la délégation intellectuelle pourrait entraîner une diminution et une dégradation des capacités cognitives humaines. L'IA ainsi en simplifiant un certain nombre de processus, pourrait paradoxalement, rendre l'humain moins curieux, moins autonome et plus dépendant. Des biais et des erreurs L'IA est programmée par des humains et utilise des inputs qui ont un biais. Ce dernier peut avoir des conséquences néfastes, par exemple dans les domaines du recrutement. En outre, les IA présentent toujours des erreurs et restent limitées notamment sur le volet académique, une IA ne peut pas reproduire en intégralité la démonstration d'un très grand théorème (comme la conjecture de Poincaré récemment démontrée par le génie Grigori Perelman) ou encore moins démontrer une conjecture (comme l'hypothèse de Riemann). Les IA génèrent toujours aujourd'hui des résultats parfois complètement erronés. Une empreinte écologique « non-epsilonesque » L'impact environnemental de l'IA est considérable. L'entraînement des modèles d'intelligence artificielle utilisant de plus en plus de données, les centres de données (qui consomment une quantité très significative d'électricité) ainsi que les calculs en production nécessitent des infrastructures ultra énergivores. Cette dynamique, si non-régulée, pourrait aggraver un des principaux problèmes du siècle : le réchauffement climatique Comment réagir et s'adapter à cette révolution à double tranchant ? Il est indéniable que l'intelligence artificielle est une révolution. Le milliardaire américain Warren Buffet compare son impact à celui du nucléaire. Il est crucial de réfléchir collectivement à la manière de réguler l'IA ; l'Union européenne a initié une série de mesure visant à réguler l'IA. A l'échelle mondiale, sans une régulation intelligente et efficace, l'humanité est en danger.