De plus en plus d'entreprises s'intéressent à leur image auprès des jeunes diplômés. Si à l'échelle internationale, lancer des études sur l'attractivité de l'entreprise est monnaie courante, le mouvement s'amorce à peine au Maroc. Le pétrolier Shell est précurseur en la matière dans la mesure où, depuis 2001, la multinationale implantée au Maroc lance tous les deux ans une étude pour mesurer son attractivité auprès des lauréats, mais aussi des jeunes actifs qui ont jusqu'à 5 ans d'expérience. «L'objectif de cette étude est de ressortir avec un plan d'action en matière de communication destiné à cette population. On doit par exemple y trouver des réponses telles que les caractéristiques de l'employeur idéal pour ces profils, ou encore savoir quels sont les meilleurs moyens de se faire connaître auprès des jeunes diplômés », explique Leïla Kettani, consultante LMS-ORH. Mais le plus intéressant, c'est l'effet baromètre de l'étude: la reproduire à intervalle régulier permet de mesurer l'évolution de l'attractivité au regard des actions entreprises. Bien entendu, la population cible objet de l'étude reste représentative des profils recrutés par l'entreprise commanditaire de celle-ci. Autrement dit, si l'entreprise recrute 50% d'ingénieurs, 15% de commerciaux…, l'échantillon sélectionné dans le cadre de l'enquête préservera les mêmes pourcentages. La dernière étude (juin 2008) réalisée par LMS-ORH pour le compte de Shell Maroc est éloquente à plus d'un titre, car bien qu'elle soit destinée à un pétrolier, elle comporte certains résultats qui sont assez instructifs sur l'attractivité des entreprises au Maroc de manière générale. Les multinationales indétrônables Ainsi, l'enquête révèle que le conseil et les études attirent 76% des étudiants, contre seulement 33% pour les jeunes cadres en exercice, qui eux préfèrent intégrer le secteur des banques et des finances (cf. tableau 1). «Vous savez, les jeunes sont attirés par le consulting, que ce soit dans les ressources humaines très en vogue actuellement, ou encore dans l'audit, l'informatique…Seulement, ce qu'il faut garder à l'esprit, c'est que si l'on sort du cadre des cabinets de consulting, les entreprises ne recrutent pas en masse dans ces fonctions-là, en particulier dans l'audit ou le juridique», interpelle Omar Benaïmi, directeur associé de LMS. Deuxième grande conclusion de cette étude sur l'attractivité (cf. tableau 2), que ce soit pour les étudiants (73%) ou les cadres (85%), les multinationales restent les plus prisées car elles répondent au désir des uns et des autres de s'ouvrir à des perspectives de carrière à l'international. Cependant, fait notoire, les cadres s'intéressent de plus en plus aux groupes et grandes entreprises marocaines qui n'attirent que moyennement les futurs lauréats. «Il y a encore quelques années, seules les multinationales avaient droit de cité auprès des jeunes lauréats et des cadres. Aujourd'hui, les chiffres parlent d'eux-mêmes: les grandes entreprises marocaines et les holdings (26%) intéressent de manière significative nos jeunes lauréats», indique Benaïmi. Autre résultat en termes d'aspirations professionnelles, mais plus standard celui-là. Il apparaît que les cadres (54%) ayant déjà progressé dans leur carrière associent principalement «bon job» à «bon salaire». En revanche, les étudiants recherchent l'emploi qui leur offre des ouvertures vers l'international (50%) et qui leur permette d'apprendre un métier via des formations de qualité (47%). Enfin, l'étude révèle un changement de taille relatif aux voies les plus utilisées dans la recherche d'emploi. Les sites web dédiés tiennent le haut du pavé, car 25% des chercheurs d'emploi, aussi bien les cadres que les étudiants, utilisent le net. Viennent ensuite les annonces presse (19%), les demandes spontanées (17%), les cabinets de recrutement (13%), les réseaux personnels (12%), les forums écoles-entreprises (8%) et enfin les réseaux d'anciens élèves (7%). «Si l'on parvient à démultiplier les études d'attractivité auprès de plusieurs entreprises, peut-être parviendra-t-on à établir le palmarès des entreprises les plus cotées auprès des jeunes lauréats», conclut Leïla Kettani. En tous cas, les cimentiers viennent d'emboîter le pas à Shell, en commandant une étude d'attractivité pour chacun d'entre eux. L'arrivée de nouveaux entrants y est peut-être pour quelque chose (Addoha, Ynna holding, Lubasa avec Kettani...). Affaire à suivre….