La Banque Centrale a décidé de maintenir son taux directeur à 3,25%, du moins, pour les trois mois à venir. Les banques agissent en fonction. Certaines anticipent l'avenir pour faire évoluer les taux dans des «tunnels». Les rumeurs allaient bon train quant à une éventuelle hausse du taux directeur de la Banque Centrale. Suite à la réunion de son deuxième conseil de l'année, Bank Al Maghrib a coupé court aux informations qui circulent sur le marché. Ce 17 juin, le verdict est tombé : «dans un environnement où les risques entourant la prévision centrale (liés à des facteurs externes et internes) continuent d'être orientés à la hausse, le Conseil a décidé, tout en rehaussant son niveau de vigilance quant à l'évolution de l'inflation et des facteurs de risques au cours des prochains mois, de maintenir inchangé à 3,25% le taux directeur». En d'autres termes, cela signifie qu'au moins jusqu'au mois de septembre prochain, date de la tenue du troisième conseil de la Banque Centrale (chaque trimestre, le conseil se réunit), les taux d'intérêt proposés par les banques ne devraient a priori pas augmenter. Dans cette conjoncture, chaque établissement essaie alors de s'aligner pour satisfaire au mieux des clients qui craignent une hausse de leur crédit à tout moment. Ceux qui ont choisi le taux variable sont les plus concernés. Ils subissent la hausse des taux si elle se confirme avec possibilité cependant de switcher vers le taux fixe une fois dans la vie du crédit. Ils profitent par contre de la baisse des taux si elle se profile. La Société Générale Maroc, pour ne prendre que cette banque en exemple, a décidé de maîtriser l'évolution des taux selon une fourchette donnée. Elle a lancé Salaf Bayti Al Amane. «En matière de crédit immobilier, le taux variable est actuellement très attractif, mais qui peut maîtriser sa variation ? », peut-on lire sur la première ligne du message publicitaire. La filiale marocaine du groupe Société Générale anticipait-elle une augmentation des taux ? Qu'est-ce qui a motivé son choix? La conjoncture, tout simplement. Il est vrai que la Banque Centrale vient de lancer un signal en maintenant ses taux directeurs, mais cette visibilité n'est pratiquement valable que pour les trois prochains mois. Que fera la banque des banques ? Il n'est pas dit que la banque des banques n'augmente pas ses taux lors de son prochain conseil. En fait, toutes les éventualités sont envisageables. C'est donc cette incertitude sur l'évolution des taux du marché qui aurait poussé la Société Générale à lancer son nouveau produit. «Ces dernières années, nous avons constaté une baisse régulière des taux, qui sont aujourd'hui très bas. Mais il faut noter qu'au cours du semestre dernier par exemple, les taux des crédits à moyen terme ont augmenté (ils sont passés de 4,64% à 5,50%). Il est donc aujourd'hui opportun de proposer à la clientèle qui investit dans un projet immobilier une sécurité sur toute la durée de son crédit», indique un responsable de la banque. Mais ce que ne dit pas non plus la Société Générale, c'est qu'elle aussi cherche à se placer sur le marché des crédits immobiliers. Pour se démarquer, il lui fallait bien trouver un produit innovant et attractif. A travers Salaf Bayti Al Amane, la Société Générale s'engage, si les taux montent, à ne pas augmenter les taux des crédits de plus de 1%. Et si les taux du marché baissent, la clientèle profite de la baisse jusqu'à 1%. Le taux variable est révisable annuellement. Le taux du crédit variable, révisable à chaque date anniversaire, sera quasiment maîtrisé. Par exemple, si un crédit est octroyé à un taux de 5,15%, ce taux pourra être revu à la hausse ou à la baisse, en fonction de l'évolution des taux du marché mais en restant toujours dans un «tunnel» se situant entre 4,15% et 6,15%. «En quelque sorte, les taux du crédit évoluent dans un «tunnel» très sécurisant pour l'emprunteur, tout en lui permettant de bénéficier des opportunités à la baisse. Ce faisant, les mensualités du crédit évoluent d'une façon très sereine pour l'emprunteur», explique-t-on auprès de la banque. Cette prestation devrait avoir un prix. Un client qui bénéficie de ce type de crédit devrait payer son crédit plus cher. Eh non! À la Société Générale, on nous assure que la banque offre gratuitement le coût de la couverture contre la variation des taux. Aucune surprime ou frais complémentaire ne sont facturés. Les autres établissements penseront-ils à de nouveaux (autres) produits ? ◆