* Le gouverneur de BAM assure que les banques ne vont pas répercuter cette hausse du taux directeur sur les taux de crédit. * Lors de la rencontre de lundi dernier, elles se sont engagées à maintenir les taux inchangés et à ne financer que 105% du crédit immobilier au lieu de 125%. * Le ralentissement doctroi de crédits aura certainement un impact sur la demande, véritable moteur de croissance et sur le volume des investissements. Importée ou pas, linflation se veut aujourdhui une dure réalité pour une économie ayant longtemps milité pour la maîtrise de ses fondamentaux, avec un taux dinflation ne dépassant guère les 2 %. Les dernières données relatives à lICV mettent en exergue le danger inflationniste que véhicule cette hausse des prix. Linflation en glissement annuel sest établie à 4,8% en août 2008, 5,1% en juillet et 4,7% en juin. Ces dernières statistiques vont à contre-courant des prévisions de la Banque centrale qui tablait sur un premier pic dès la fin du premier trimestre 2009 sous leffet de lapplication de la révision à la hausse du smig en juillet 2008, puis une correction baissière avec en moyenne une inflation de 2,7%. On prétendait quen dépit des hausses sans précédent des cours du pétrole et des matières premières sur le marché international, les tensions inflationnistes demeureraient maîtrisées à léchelle nationale grâce à la prise en charge par le budget de lEtat dune partie de la hausse des prix de certains produits de base. De tels propos ne semblent plus tenir étant donné le net décalage entre les prévisions et les dernières données relatives à linflation. Les dangers inflationnistes sont désormais très visibles et la situation ne devrait pas saméliorer de sitôt en dépit du repli récent des prix pétroliers. La pression sur les prix ne fait que sintensifier à cause de la hausse des prix du baril de pétrole et de ceux des matières premières. Aussi, la crise financière qui a éclaté, il y a quelques jours, et qui risque de se répercuter sur léconomie marocaine, envenime-t-elle la situation et incite-t-elle à réagir. Face à une telle situation, A. Jouahri, wali de BAM ny est pas allé par quatre chemins. Lors de la réunion trimestrielle du Conseil de Bank Al-Maghrib tenue le 23 septembre 2008, A. Jouahri avait décidé de relever le taux directeur de 25 points de base, passant ainsi de 3,25 à 3,5% (voir FNH n°453). Par le biais de cette décision, BAM recommande de rester «très vigilant quant à lévolution de linflation et des facteurs de risques au cours des prochains mois». Une telle prise de décision a suscité des polémiques dans les milieux financiers qui prétendent dores et déjà que la hausse du taux directeur risque davoir des effets négatifs sur la croissance économique. Ce type de mesures est pourtant très fréquent sous dautres cieux et dont leffet est très palpable. J.-C. Trichet, président de la Banque centrale européenne, a eu recours récemment à une hausse du taux directeur dun quart de point. La croissance en zone Euro ralentit nettement, a reconnu le président de la BCE qui na pas pour autant adouci sa position face aux dangers inflationnistes. Au Maroc, on est aujourdhui dans une situation quasi similaire et le contexte tel quil se présente invite à des mesures draconiennes. Quel impact sur la croissance ? Les questions qui se posent à cet égard sont : comment BAM sera-t-elle en mesure de contenir cette spirale inflationniste ? Quelles sont les conséquences de cette mesure sur une économie en quête de croissance ? Quel est limpact de cette augmentation sur le marché des crédits bancaires ? Les économistes ne prennent pas à la légère cette décision qui risque de porter un coup dur à une croissance qui demeure insuffisante à résorber le chômage. Le ralentissement doctroi de crédits aura certainement un impact sur la demande, véritable moteur de croissance et sur le volume des investissements. Elle permettra de réduire un tant soit peu le volume de la création monétaire. Mais cela ne les empêche pas davouer que linflation nous guette et que la Banque centrale ne dispose pas dautres alternatives dans un contexte où les prix des matières premières poursuivent leur envolée et où la crise financière continue de se propager au risque de nous éclabousser par le biais de notre partenaire quest lUnion européenne. Dans ce sillage, le wali de BAM a laissé entendre, durant la conférence de presse tenue jeudi dernier, que les banques ne vont pas répercuter la hausse du taux directeur sur les taux des crédits octroyés, sachant que ces dernières ont dautres marges où elles peuvent puiser des bénéfices. Les banques réalisent des résultats très satisfaisants et il n y a donc pas de mal à ce quelles fassent des concessions, surtout que cette mesure sinscrit dans un cadre damélioration de la situation économique et financière. Interrogé à cet égard, un responsable bancaire au sein dAWB reconnaît que son établissement respectera les directives de BAM. «Durant la rencontre de lundi dernier entre le wali et le GPBM, les banques se sont engagées à maintenir les taux inchangés. Elles se sont, par ailleurs, engagées à financer 105% du crédit immobilier au lieu de 125% comme cétait le cas auparavant», annonce une source bancaire. Le but étant, bien entendu, de limiter les risques. Après cette hausse du taux directeur, BAM devrait garder son attitude de «wait and see». Une éventuelle baisse des taux dépendra beaucoup de lévolution des prix du pétrole.