Un énième rappel à l'ordre envoyé aux autorités locales contre l'anarchie du secteur des taxis. Dans un pays qui aspire à devenir une destination mondiale de premier choix et qui s'apprête à accueillir des événements planétaires, il faut reconnaître que le transport en commun est un véritable caillou dans la chaussure. Le ministre de l'Intérieur Abdelouafi Laftit ne dissimule plus son mécontentement de l'état déplorable des moyens de locomotion urbains, particulièrement les incorrigibles taxieurs qui renvoient une mauvaise image de tout le pays. Dans les aéroports comme dans les gares, on ne peut que s'offusquer des comportements agressifs des conducteurs dits professionnels. Imaginez que le premier contact d'un visiteur, qu'il soit national ou étranger, avec le monde extérieur est une horde d'hommes, hostiles et mal rasés, hurlant à tue-tête les noms des destinations de leur choix. Que ce soit devant la gare de Casa Port, Rabat Agdal ou ailleurs, le topo est le même : le client est livré au diktat et aux sautes d'humeurs des taxieurs. Les aéroports ne sont pas mieux lotis, malgré les timides tentatives d'organisation. Lire aussi | Les taxis au Maroc : une intolérable toute-puissance Les opérations « coup de poing » menées de temps à autre contre les dépassements des conducteurs ne sont que des calmants à un mal plus profond, qui a besoin d'un traitement à la racine. A quoi serviront les hôtels, les aéroports, les gares et les routes aux standards internationaux, si le citoyen ou le touriste est sèchement rembarré ou arnaqué par un taxieur sans scrupule ? Dans une nouvelle circulaire adressée aux walis et aux gouverneurs, le ministre de l'Intérieur a exprimé sa déception de la détérioration de la qualité des prestations des taxis, qui constituent un chaînon essentiel du système de transport au Maroc. A cet effet, il a relevé la persistance de certaines manifestations et pratiques «inadmissibles et contraires aux règlements en vigueur». La circulaire énumère l'utilisation de véhicules vétustes, l'absence des normes techniques et des signes distinctifs, le refus de desservir certaines destinations, la discrimination contre les clients, les comportements discourtois dans certains cas, le non-respect des tarifs réglementés des courses, les arnaques aux compteurs et la négligence de l'aspect vestimentaire. Lire aussi | Mobilité urbaine : les VTC gagnent en popularité Pour surmonter cette situation embarrassante, Abdelouafi Laftit a exhorté les walis et gouverneurs à suivre une nouvelle approche pour l'organisation et la gestion du secteur, de manière à se mettre en phase avec les nouveaux besoins des citoyens, à mettre à niveau cette activité, à augmenter sa compétitivité, à améliorer son image et à consolider son rôle dans le système de transport public. Le ministre a appelé à une action coordonnée entre l'ensemble des instances concernées pour encadrer et déterminer les conditions de travail des taxis dans les gares ferroviaires et routières, les aéroports, les ports et tous les endroits à haute fréquentation, tout en faisant preuve de la fermeté nécessaire pour réprimer les dépassements et l'anarchie. Lire aussi | Pourquoi il faut encadrer le service des VTC au Maroc Il faut juste espère que les représentants de l'Etat dans les régions puissent, cette fois, imaginer et concevoir des solutions radicales et permanentes à une problématique qui traîne depuis très longtemps. Les efforts ponctuels donnent généralement des résultats éphémères.