Sous le thème « Maroc 2035 : Quelles contributions du secteur privé ? », la 8e édition du Forum Centraliens Supélec, placée sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a rassemblé 300 décideurs à Casablanca pour tracer une feuille de route commune. Enjeux clés : renforcer la coopération public-privé, encourager l'innovation et lever les freins administratifs pour un Maroc compétitif et inclusif. Organisée par l'Association des Centraliens et Supélec du Maroc, cette rencontre s'est articulée autour d'une question au cœur des transformations que le pays aspire à réaliser pour se hisser au rang des économies les plus dynamiques et inclusives d'ici 2035. Des ambitions alignées avec le NMD Ce forum se veut un prolongement direct des orientations du Nouveau Modèle de Développement (NMD), conçu pour réinventer le tissu économique marocain. Jalal Charaf, président de l'Association des Centraliens et Supélec du Maroc, a ainsi précisé que « la 8e édition du Forum Centraliens Supélec représente une opportunité unique pour réfléchir collectivement aux moyens de renforcer le rôle du secteur privé dans la construction du Maroc de 2035 ». Lire aussi | La recette de la Banque mondiale pour libérer le secteur privé au Maroc Cet événement a été structuré en deux journées de débats intenses : la première a été consacrée à quatre ateliers de réflexion sur des thèmes stratégiques, comme l'implication du privé dans les grands chantiers de l'Etat, les secteurs porteurs, le développement de l'initiative privée dans les territoires, ainsi que le rôle de l'Etat dans la libération des énergies du secteur privé. La seconde journée a vu la tenue d'une plénière où les recommandations issues des ateliers ont été présentées et débattues dans le cadre d'un panel de haut niveau. Pour un Maroc compétitif et inclusif Parmi les recommandations formulées, plusieurs thématiques majeures sont ressorties pour transformer le secteur privé en véritable pilier de l'économie marocaine de demain. L'un des axes fondamentaux a été la nécessité de renforcer la confiance entre les secteurs public et privé, afin de faciliter les procédures administratives et encourager les projets de grande envergure. Cette collaboration renforcée est vue comme indispensable pour relever les défis nationaux et régionaux. « Pour répondre aux aspirations du pays, le secteur privé doit jouer un rôle de partenaire de premier plan, en harmonie avec l'Etat », ont affirmé plusieurs intervenants. Le forum a également mis en avant l'innovation et la recherche comme leviers clés pour hisser le Maroc sur l'échiquier mondial. Cependant, des freins subsistent : les financements disponibles pour la recherche et développement (R&D) sont encore largement sous-utilisés. « Nous avons des fonds destinés à la R&D qui restent dormants, alors qu'ils pourraient dynamiser l'innovation nationale », a déploré un participant. Cette situation souligne un besoin pressant de mieux communiquer et de sensibiliser les entreprises sur l'accès à ces fonds. Un partenariat public-privé à renforcer Le partenariat public-privé est ressorti comme un levier essentiel pour réaliser une transformation socio-économique efficace. L'un des objectifs majeurs du forum était de dépasser la dichotomie entre les deux secteurs, afin de permettre une synergie accrue et une plus large participation du privé dans les marchés publics. Kadmiri Salaheddine, un entrepreneur présent à l'événement, a déclaré : « Il n'y a pas de secteur fermé à l'essor économique. L'agro-industrie, l'électricité, l'eau, la santé, l'éducation ou encore le numérique offrent de multiples opportunités pour la PME marocaine. » Lire aussi | S.M. le Roi appelle le secteur privé à tirer parti de la dynamique enclenchée par la nouvelle Charte de l'investissement Pour renforcer cette collaboration, les discussions ont insisté sur la mise en place d'un cadre de confiance et de co-construction entre les deux secteurs, soulignant que « la meilleure façon d'instaurer cette confiance est de multiplier les dialogues sectoriels de façon effective, pragmatique et chiffrée », selon l'un des experts invités. Un livre blanc sera publié à la suite du forum, devrait d'ailleurs formaliser ces recommandations et proposer des mécanismes concrets pour fluidifier les interactions entre le secteur privé et les institutions publiques. Communication, digitalisation et formation, des piliers La communication et la digitalisation ont été identifiées comme des vecteurs d'accélération pour la transformation économique. Selon Mme Majda Moumni, directrice du Forum, « il est crucial de sensibiliser le secteur privé aux financements et aux ressources disponibles pour qu'il puisse les mobiliser efficacement ». Par ailleurs, la digitalisation et la formation des talents figurent parmi les priorités pour doter le pays d'une main-d'œuvre qualifiée, apte à répondre aux exigences de l'économie moderne. En ce sens, le forum a insisté sur la nécessité de préparer la génération future de professionnels, non seulement pour occuper des postes à responsabilité, mais aussi pour diriger les projets de demain avec une vision technologique et innovante. Instaurer un climat de confiance sans freins Parmi les recommandations, la question de la simplification des procédures administratives et de la flexibilité dans l'octroi des fonds a suscité de vives discussions. Face à un besoin criant de financement, certains intervenants ont dénoncé des lourdeurs bureaucratiques qui freinent l'accès aux ressources financières, causant un « paradoxe où les entreprises n'arrivent pas à utiliser la moitié des fonds disponibles, soit 150 millions de dirhams sur les 300 millions alloués », a-t-on rapporté lors des échanges. Les intervenants ont ainsi préconisé un changement de paradigme dans les pratiques administratives, recommandant un contrôle a posteriori plus souple pour limiter les entraves à l'accès aux financements, tout en consolidant la relation de confiance entre les acteurs économiques et l'Etat. Cette démarche est vue comme essentielle pour « évacuer les méfiances et les mauvais procédés » qui constituent encore des obstacles à une réelle efficacité. Un potentiel de croissance inexploité Les PME marocaines, moteur du tissu économique, disposent d'un vaste potentiel dans des secteurs encore sous-exploités. Selon Kadmiri Salaheddine, « des secteurs comme la santé, l'éducation, l'énergie et le numérique comportent de nombreuses niches d'opportunité, autant de leviers pour favoriser l'essor des petites et moyennes entreprises ». Les participants ont souligné l'importance de promouvoir ces secteurs par le biais de mesures incitatives adaptées, qui permettraient aux PME de se positionner en acteurs incontournables du développement économique du pays. Lire aussi | Secteur non financier: la croissance du crédit bancaire s'accélère à 3,3% en septembre Les recommandations formulées par le Forum Centraliens Supélec devraient ainsi inspirer de nouvelles orientations pour un développement ciblé, où chaque niche économique est exploitée au bénéfice de l'économie nationale. Quelles perspectives pour le Maroc 2035 ? Le questionnement, ainsi soulevé durant ce forum aura permis de poser les bases essentielles à l'établissement d'une feuille de route claire et ambitieuse en faveur d'un Maroc de 2035 où le secteur privé joue pleinement son rôle. Les recommandations qui en sont ressorties seront compilées dans un livre blanc, et mises à disposition sur le site de l'Association des Centraliens et Supélec du Maroc. Ces recommandations ont été définies par les organisateurs du forum comme étant un ensemble d'outils qui visent à construire un cadre économique dynamique, inclusif et durable, en phase avec les aspirations de la société et les exigences d'une compétitivité mondiale. Les différents débats et interactions ont permis de dégager un certain consensus autour de l'importance d'une collaboration sincère entre les différentes parties et d'une stratégie de développement tournée vers l'innovation, la digitalisation et la formation des talents. L'engagement a été pris de continuer à travailler pour un secteur privé robuste, capable de porter la croissance et le développement du pays.