Vingt ans après son lancement, la station balnéaire Mogador-Essaouira est toujours au stade de mirage. En février 2023, le ministère du Tourisme a signé avec Samih Sawiris, chef de file du consortium composé de quatre investisseurs du Moyen-Orient, un nouveau plan de sauvetage de la station balnéaire portant sur un investissement de plus de 4 milliards DH. Mais voilà encore l'espoir d'un réel sauvetage qui s'assombrit. Le tycoon égyptien Samih Sawiris qui devrait faire sortir le projet de l'ornière est dans l'impasse : le groupe FTI, troisième plus grande entreprise de tourisme en Europe, dont il détient une participation majoritaire de 75,1 %, vient de déclarer faillite. La station balnéaire Mogador (située à quelques dizaines de kilomètres au sud de la ville d'Essaouira), lancé il y a de cela 20 ans, reste une chimère. En effet, des 9000 lits que l'aménageur développeur devait y réaliser en sept ans, seuls un peu plus de 400 ont effectivement vu le jour au sein de l'unique hôtel qui y a été construit, à savoir l'Hôtel du Golf qui arbore l'enseigne prestigieuse Sofitel Luxury golf & spa. Autant dire que sur le palmarès de l'échec patent des six stations que compte le défunt plan Azur, celle d'Essaouira figure en bonne place (au regard de son taux de réalisation encore plus faible que ceux de Taghazout ou de Saïdia). Et pourtant, personne ne prédisait cela à un projet au tour de table des plus prestigieux et composé du premier groupe hôtelier marocain (Risma et son actionnaire de référence Accor) aux côtés d'un panel d'institutionnels marocains de premier plan. Les nombreuses annonces de plans de restructuration sont restées dans les limbes laissant croire que le projet est définitivement enterré ou réduit à un avorton de complexe balnéaire jusqu'à ce l'espoir d'un réel sauvetage se profile à l'horizon le 23 février 2023. Et cette fois-ci, c'est l'homme d'affaires égyptien Samih Sawiris, chef de file d'un consortium comportant 4 investisseurs du Moyen-Orient, qui signe ce jour-là avec l'Etat marocain un mémorandum d'entente portant sur un programme d'investissement de plus de 4 milliards DH et 4.000 emplois à la clé pour la relance de la Société d'Aménagement de la Station Essaouira Mogador (SAEMOG), société qui porte la station balnéaire de Mogador-Essaouira. Lire aussi | La marque culte de boisson gazeuse « La Cigogne » fait son come-back sur le marché Outre le ministère du Tourisme et le consortium de 4 investisseurs étrangers conduit par Samih Sawiris, l'accord implique, la Société d'ingénierie touristique (SMIT), l'Agence marocaine de développement des investissements et des exportations (AMDIE) et la SAEMOG. Le projet prévoit sur cinq ans la rénovation et l'extension de l'hôtel existant, la transformation du club house actuel en boutique hôtel et la construction d'un nouveau club house, le développement d'un Club Med et de 3 hôtels en front de mer, la création d'une zone commerciale et de loisirs dans le village de Mogador et son extension, ainsi que le développement de projets immobiliers. L'idée est de renforcer la capacité d'accueil de ladite station et son offre en termes d'animations touristiques, avec l'ambition de placer Essaouira sur l'échiquier des destinations touristiques internationales. Mais aujourd'hui, ce nouveau plan de sauvetage de la station balnéaire de Mogador-Essaouira risque de tomber à l'eau. En effet, dans un développement inattendu, le groupe FTI, troisième plus grande entreprise de tourisme en Europe, dont le milliardaire égyptien Samih Sawiris détient une participation majoritaire de 75,1 %, a annoncé avoir déposé une demande de faillite auprès du tribunal régional de Munich en Allemagne. La déclaration de faillite de FTI Group, majoritairement a été motivée par l'accumulation de dettes et les pressions des fournisseurs, selon un communiqué du troisième plus grand voyagiste en Europe. Pour rappel, FTI emploie environ 11 000 personnes dans le monde et propose des visites dans plus de 120 destinations à travers le globe, en partenariat avec 10 000 agences en Allemagne. En 2019, il a servi plus de 7,1 millions de voyageurs et a réalisé un chiffre d'affaires de 4,1 milliards d'euros. Cette soudaine faillite du groupe de Samih Sawiris chamboule non seulement l'entreprise elle-même, mais secoue aussi l'industrie du tourisme dans son ensemble ainsi que les futurs investissements de l'homme d'affaires égyptien. Il y a quelques mois déjà, ce dernier confirmait que le régime disparate actuel des changes pratiqué dans on pays, l'Egypte, était problématique pour les investisseurs et qu'en conséquence, il suspendait temporairement tout nouvel engagement financier dans le pays. Du côté du Maroc, l'on pensait à l'inverse que le projet de la station balnéaire de Mogador-Essaouira pourrait profiter de cette désaffection (temporaire) du milliardaire d'origine copte pour le pays des Pharaons. A noter que le groupe de ce dernier, Orascom Development Holding (ODH), est un développeur immobilier spécialisé dans la construction d'hôtels, de villas et d'installations de loisirs comme des parcours de golf, des marinas. Son portefeuille s'étend sur sept pays dont l'Egypte, le Maroc, les Emirats arabes unis, Oman, la Suisse, le Monténégro et le Royaume-Uni. Lire aussi | Une alliance maroco-allemande pour produire et exporter de l'hydrogène vert Pour l'heure, dans le microcosme du tourisme, très rare sont les professionnels qui miseraient un kopeck sur le programme d'investissement de l'homme d'affaires égyptien du côté d'Essaouira. Et pour cause, le projet du groupe du milliardaire égyptien en charge de l'aménagement et du développement de la station balnéaire Oued Chbika, située à 50 km au sud de Tan-Tan, fait quasiment du surplace depuis la signature de la convention d'investissement avec l'Etat marocain en 2007. Alors que la station devait être livrée en 2015, rien ou presque n'a bougé depuis le premier coup de pioche en 2010. En effet, la station de Oued Chbika, qui devait s'étendre sur un total de 1500 hectares, devait connaître une première phase de développement sur 500 ha. À la clé, 8 hôtels totalisant une capacité de 5.000 lits, 2.000 unités résidentielles. Le site devait comprendre aussi une marina de 100 anneaux avec une petite ville en bord de mer qui s'étale sur 300 hectares. Il y est également prévu un golf de 18 trous, un centre sportif, des centres de loisirs et des commerces avec des enseignes nationales et internationales, le tout avec un cachet qui s'inspire des constructions locales sahariennes. La nouvelle ville balnéaire devait être conçue par un consortium d'architectes marocains et étrangers. Ils étaient invités à dessiner ensemble les 121 ryads qui constitueront une sorte de médina ainsi que les villas et les appartements du site. L'investissement requis pour la première tranche de 500 hectares s'élevait à 6,8 milliards de DH. Le premier hôtel devait ouvrir ses portes en 2012. Et jusqu'à présent, l'Etat n'a pas récupéré les terrains concédés dans le cadre de la station balnéaire Oued Chbika si ce n'est que lui confier à nouveau la station balnéaire d'Essaouira. Sur l'ampleur des conséquences de la faillite de FTI group sur ces projets de Samih Sawiris au Maroc, c'est le silence radio du côté du ministère du Tourisme.