Lors du Forum de Paris sur la Paix tenu à l'UM6P, le milliardaire a critiqué la gestion des crises mondiales par les Etats, soulignant leur impact sur la lutte pour les ressources et la sécurité énergétique, dans un contexte de tensions internationales croissantes. En date du 10 juin 2024, le Paris Peace Forum rompt avec la tradition et organise, pour la toute première fois, sa réunion de printemps hors des frontières françaises. C'est le campus de Benguerir de l'Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) qui accueille cet événement de stature internationale, dédié cette année à la thématique cruciale des «Transitions équitables». Lire aussi | Avec 7 autres pays, l'APEBI lance la Fédération africaine des entreprises du numérique D'entrée de jeu, le Forum a frappé fort avec des échanges de haut niveau, avec la présence de leaders comme Mostafa Terrab, PDG du Groupe OCP, Najat Vallaud-Belkacem, femme politique française d'origine marocaine, et Christophe Lecourtier, ambassadeur de la République française au Maroc. Toutefois, c'est Mo Ibrahim, figure incontournable de la philanthropie et de la gouvernance en Afrique, qui a capté l'attention de tous. «On blâme sans cesse l'Afrique, alors que le continent est le premier à souffrir des conséquences du réchauffement», s'insurge-t-il. En effet, selon le rapport 2023 du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), l'Afrique subsaharienne est exposée à des risques disproportionnés, aggravés par les défis de développement et un accès limité aux technologies adaptatives. Le célèbre milliardaire a poussé un gros coup de gueule pour dénoncer la manière dont les Etats négocient les perturbations actuelles sur fond de tensions géopolitiques persistantes, et les conséquences qui en découlent sur la compétition pour les ressources naturelles et la sécurité énergétique. Autant de facteurs qui, selon lui, alimentent les inégalités et freinent les efforts de collaboration. Dans ce contexte, Mo Ibrahim appelle à une action globale, plaidant pour l'instauration d'une taxe mondiale sur les marchés afin de financer des initiatives de développement durable et d'atténuer, in fine, les impacts environnementaux. L'appel de Mo Ibrahim pour une taxe mondiale s'inscrit dans un contexte où l'efficacité de la taxation carbone est largement reconnue pour sa capacité à orienter les incitations économiques vers une réduction des émissions, tout en finançant les investissements dans les alternatives à faible émission. Cependant, l'adoption globale d'une telle taxe fait face à des défis de taille, notamment la résistance essentiellement d'ordre idéologique et les difficultés de mise en œuvre à l'échelle mondiale. Lire aussi | L'UM6P et Deloitte scellent un partenariat dans la cybersécurité industrielle Rappelons brièvement qui est Mo Ibrahim. Entrepreneur en télécommunications et richissime milliardaire, il est surtout connu pour avoir fondé la Fondation Mo Ibrahim, dédiée à promouvoir la gouvernance et le leadership en Afrique. Sa notoriété provient aussi de son classement consacré aux nations africaines suivant des critères de gouvernance, dispositif dont la finalité est d'encourager la transparence et l'efficacité politique. Dans le cadre de ses efforts, Mo Ibrahim a créé le Prix Ibrahim, destiné à récompenser les dirigeants africains dont la gestion est jugée exemplaire. Cette année, pour la troisième fois consécutive, le prix n'a pas été attribué. En effet, le comité de sélection a jugé qu'aucun candidat ne répondait aux critères rigoureux nécessaires pour recevoir le prix. Cette décision, loin d'être anodine, renseigne sur les défis encore à surmonter dans le leadership africain en vue de catalyser un changement durable en Afrique.