La tension à tout prix, c'est le leitmotiv de la diplomatie algérienne. Il ne faut pas tomber dans le panneau, parce que cette attitude est d'abord à usage interne. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères algérien a déclaré que son pays gelait ses relations politiques avec le Maroc, que désormais aucun officiel ne participera à une réunion internationale qui se tiendrait sur notre sol, quelle que soit son importance. Il soutient que l'intrusion d'un individu au consulat algérien, qui a enlevé le drapeau, était « un acte des services marocains » et qu'il en avait les preuves. Les médias présents ont trouvé sa parole suffisante et n'ont pas réclamé les dites preuves. Or, si elles existaient, la télévision algérienne en aurait fait ses choux gras. La position algérienne, affichée publiquement, est toute proche de la rupture des relations diplomatiques. L'incident du consulat n'est qu'un leurre. Cela arrive partout dans le monde et jamais un pays n'en a fait un motif de tension. Le coupable a été présenté à la justice et l'affaire a suivi son cours. Nul commentateur à l'international, n'a suivi l'argumentation algérienne. Le goût de la défaite En fait, Alger cherche depuis quelques mois à crisper la situation, à faire monter la tension. Grâce à la Fondation Kennedy et son lobbying, Bouteflika et les siens ont cru décrocher le gros lot. La représentante des USA au Conseil de sécurité avait évoqué l'extension du mandat de la Minurso à la protection des droits de l'homme. Seulement, le Roi du Maroc est intervenu. Dans la foulée, le Maroc a réussi une percée grâce à son implication au Mali et à la grande réussite de la visite royale aux USA. En même temps, le Polisario est mis à l'index pour ses relations troubles avec les terroristes subsahariens. Alger sait que le compte à rebours est entamé et que les grandes puissances ne cachent plus leur soutien à la proposition marocaine d'autonomie. Créer une tension factice, c'est un moyen pour la diplomatie algérienne de revenir dans le jeu, en laissant entendre qu'il y a une urgence dans la région, alors que c'est l'Afrique subsaharienne et ses soubresauts qui retiennent l'attention. C'est un aspect important qu'il ne faut pas perdre de vue. Le Maroc, tout en se faisant respecter, n'a aucun intérêt à suivre l'Algérie dans l'escalade. Le patriotisme à fleur de peau est rarement de bon conseil. La réalité c'est que le Polisario est dans l'impasse, que les humanitaires honnêtes le pointent du doigt, que le HCR dénonce la situation dans les camps et met l'Algérie en accusation. Le Maroc a aussi marqué des points au niveau maghrébin, puisque c'est l'Algérie qui bloque, qui a dynamité la réunion des ministres des Affaires étrangères qui devait avoir lieu à Rabat fin Novembre. Alger joue son va tout en faisant monter la tension de plusieurs crans. L'intelligence c'est de ne pas tomber dans le piège et de les laisser s'agiter tous seuls. Il y a un autre aspect, qu'il serait dangereux d'oublier. Le blocage politique en Algérie est réel. La candidature de Bouteflika pour un quatrième mandat est le signe de ce blocage. Le RCD, parti d'opposition a fait le lien entre cette candidature et ce qu'il a appelé « les attaques véhémentes contre les voisins ». La soldatesque a besoin d'un prétendu ennemi extérieur pour faire passer la pilule Bouteflika. C'est lui rendre service que d'alimenter ses fantasmes. L'Algérie cherche la tension pour ces différentes raisons. Droits dans nos bottes, défendons nos intérêts sans jouer le jeu qu'elle propose. C'est au peuple algérien d'imposer une nouvelle politique à ses dirigeants ou de les changer. Il le fera, ce n'est qu'une question de temps. En attendant, subissons la géographie en faisant preuve de patience.