Wana a plus que la majorité sur le segment des résidentiels tandis que Maroc Telecom est maître à bord sur le segment du parc du fixe des professionnels. L'opérateur historique est toujours «indétrônable» sur le segment du mobile. Sur le marché de l'Internet, les offres 3G cartonnent. Qui est leader ? L'ANRT ne le dit pas. C'est un chamboulement de taille sur le segment de la téléphonie fixe. Pendant des années, le nombre de clients a stagné, voire baissé. Entre 2005 et 2006, Maroc Telecom, principal opérateur sur ce segment, a perdu près de 6% du parc qu'il avait constitué. Mais les statistiques de l'ANRT (Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications) révèlent qu'en 2007, le parc a, par contre, explosé de près de 90%, passant de 1.266.119 clients en 2006 à 2.393.767. Cette performance s'explique notamment par l'arrivée de Wana sur ce segment. Les offres de mobilité restreinte (sous la marque Bayn qui offre les mêmes avantages que la téléboutique traditionnelle avec des services en plus) ont permis d'attirer une nouvelle clientèle pour ce type de téléphonie. Au mois de février 2007, ils étaient seulement 208.000 clients Bayn. Ce nombre est passé à 440.000 au mois d'avril de la même année, puis 663.000 au mois de juin, 840.000 en août, 1 million en septembre et 1,1 million à la fin de 2007. Trois mois plus tard, Wana a gagné 269.606 clients supplémentaires. Selon l'ANRT, les clients de la mobilité restreinte à la fin de mars 2008 ont totalisé alors 1,369 million de clients. Maroc Telecom, l'opérateur historique, a gagné quant à lui, sur cette même période, 47.225 clients. Au terme de ce constat, on peut donc dire que pour la première fois, Maroc Telecom a perdu son monopole sur le marché du fixe et plus particulièrement sur le segment du «résidentiel». Selon les dernières statistiques du régulateur, Wana s'est accaparé 62,6% de parts de marché contre 37,40% pour Maroc Telecom. L'opérateur historique détient par contre la majorité sur le segment de la clientèle des professionnels. Sur les 362.044 abonnés, Maroc Telecom dispose de 98,49% de parts de marché. Le reste est détenu par Méditelecom. La filiale de l'ONA a donc pu détrôner l'opérateur historique. Elle ne s'en sort pas trop mal au vu de ces statistiques disponibles. Il reste à savoir maintenant si ses clients sont de «bons» consommateurs de minutes, s'ils génèrent du chiffre pour l'opérateur. Les deux tiers de la population ont un portable Sur le segment de la téléphonie mobile, Méditelcom n'a pas percé autant que Wana sur le segment du fixe. Mais la comparaison ne devrait pas se faire, à partir du moment où les caractéristiques des deux marchés sont différentes. Depuis quelques années, les parts de marché du deuxième opérateur ont stagné aux alentours de 33%. Entre 2005 et 2006, il a perdu 0,65 point. Il a regagné un demi-point l'année qui a suivi. A fin mars 2008, il a grignoté encore…0,06 point. Désormais, le marché du mobile est partagé à hauteur de 66,44% par Maroc Telecom et 33,56% par Méditelecom. Cette répartition devrait être modifiée (normalement) dans les semaines à venir avec l'introduction des offres de la téléphonie mobile de Wana. Avant d'en arriver là, les opérateurs continuent de profiter de la conjoncture. Les Marocains ont apparemment toujours soif de mobile. Preuve en est l'évolution du parc. Les clients du mobile sont passés de 12,35 millions en 2005, à 16 millions en 2006 puis 20 millions en 2007. A fin mars 2008, ils ont atteint le nombre de 20,6 millions. Comparativement au trimestre d'avant, Maroc Telecom a connu une progression de 2,77% alors que Méditelecom a quant à lui enregistré une augmentation de son parc de 3,24%. En ce qui concerne la répartition des clients par type d'abonnement, l'ANRT nous apprend qu'il n'y a aucun changement au niveau de la structure du marché, dans ce sens où le prépayé prédomine toujours avec une part de 95,98% (alors qu'elle était de 96,01% à fin 2007) et 4,02% seulement pour le post payé. En termes de taux de pénétration, à l'évidence, celui du prépayé est largement en deçà de celui du post payé. Il est de 64,16% pour le premier et de 2,69% pour le second. En définitive, si nous supposons que chaque client dispose d'un portable seulement, on peut avancer alors que les deux tiers de la population du Maroc disposent d'un téléphone portable. Les 10 millions restants pourraient quant à eux représenter la part des jeunes dont l'âge se situe entre 0 et 14 ans. Ils sont environ 9 millions. L'arrivée de Wana sur ce segment changera-t-elle quelque chose ? Tout dépendra de ses offres. Si elles sont attrayantes, le nombre des numéros de téléphones portés (changement d'opérateur tout en gardant le même numéro) devra alors exploser. Sur le volet de l'Internet, l'ANRT ne mentionne pas la répartition du marché en fonction des opérateurs. On apprend seulement que le nombre d'abonnés a évolué de près de 32% entre 2006 et 2007 à 526.080 abonnés. Durant les trois premiers mois de l'année en cours, la progression enregistrée a été de près de 10,6% à 581.866 abonnés. Un démarrage de l'année qui conforte les opérateurs. Au travers de la lecture des statistiques de l'ANRT, il s'avère que le bas débit ne séduit plus vraiment. Le nombre d'abonnés a baissé de 7.663 à la fin de 2007 à 5.734 à la fin de mars 2008. Cette régression devrait profiter davantage aux clients ADSL ou à ceux de l'Internet 3G (connexion sans raccordement filaire à travers tout le réseau 3G). Les premiers constituent, au jour d'aujourd'hui, la majorité des abonnés Internet (83,8%). Quant aux clients de l'Internet 3G, qui n'ont eu le temps de se constituer vraiment qu'à partir de la mi-2007, date à laquelle Wana a lancé ses produits Internet mobile, ils croissent très rapidement. «Ce parc a atteint pour ce mois de mars 2008 87.278 abonnés (données ne concernant pas tous les opérateurs) en réalisant une croissance de 104,26% pour le premier trimestre de l'année», indique-t-on à l'ANRT. Au mois de juin 2007, ils n'étaient que 24.316 abonnés. Selon certains observateurs, cette progression a été possible grâce à l'introduction par Wana des services Internet mobile. Les autres opérateurs n'auraient fait que suivre la tendance. Les internautes, eux, se réjouissent de cette guéguerre entre opérateurs qui leur profite. La majorité des utilisateurs apprécie davantage le débit 256 kbits/seconde. Ils sont majoritaires avec 42,84%. Ils sont suivis par les utilisateurs des 512 kbits/s (27,60%) et des 128 kbits/s (14,13%). L'ANRT, comme à l'accoutumée, a dévoilé les tendances des télécoms pour les premiers mois de l'année. On aurait aimé cependant avoir plus de détails concernant les habitudes de consommation : les revenus par client, les minutes consommées, les tranches horaires qui rapportent le plus aux opérateurs…