Sitel Group et Majorel avaient annoncé en grande pompe le 20 juin dernier être parvenus à un accord fixant les principaux contours d'une fusion d'envergure censée créer un nouveau leader mondial de l'expérience client. Un rapprochement qui, en l'état actuel des choses, a été interrompu. Dans un communiqué publié sur le site de Majorel Group le 19 septembre courant, le fournisseur mondial de solutions d'expérience client de bout en bout a annoncé, avec ses principaux actionnaires Bertelsmann et le marocain Saham, avoir mis fin aux discussions avec Sitel Group et l'actionnaire majoritaire de Sitel, à savoir la famille Mulliez, concernant cette éventuelle fusion. «Une décision qui fait suite à des efforts intensifs pour mener à bien l'opération. Toujours est-il que, malgré une due diligence achevée (c'est-à-dire l'ensemble des vérifications opérées par un investisseur en vue d'une transaction n.d.l.r) et des synergies validées entre les deux sociétés, l'alignement n'a pas pu être atteint sur la structure finale de la transaction dans le contexte de l'environnement macroéconomique actuel», dixit le communiqué de Majorel. Lire aussi | Sitel et Majorel s'accordent sur les termes clés d'un projet de fusion Une fusion avortée qu'a commenté de la façon suivante Thomas Mackenbrock, PDG de Majorel : «le savoir-faire approfondi de Majorel en matière d'expérience client, les membres passionnés de l'équipe à l'échelle mondiale, l'excellence opérationnelle et la solidité de la situation financière constituent la base pour être un partenaire de confiance à long terme pour de nombreuses marques parmi les plus respectées au monde». Et le patron de Majorel de poursuivre : «nous envisageons l'avenir avec confiance, soutenus par notre bilan solide, notre trésorerie nette positive, nos solides résultats semestriels et nos prévisions renforcées pour l'ensemble de l'année. Nous continuerons à tirer parti de notre dynamique pour produire des résultats positifs pour nos clients, les membres de notre équipe, nos actionnaires et les communautés locales où nous opérons», fin de citation. Lire aussi | Business. Les investisseurs marocains et mauritaniens veulent passer la vitesse supérieure Pour sa part, Laurent Uberti, CEO et cofondateur de Sitel Group a précisé : «nos chiffres du 1er semestre 2022 démontrent encore une fois notre résilience en ces temps difficiles, avec une croissance à deux chiffres du C.A par rapport au 1er semestre 2021 et environ 315 millions d'euros d'EBITDA IFRS, soit 17% du chiffre d'affaires (+30% par rapport au 1er semestre 2021). Et de poursuivre : «alors que nous regardons vers l'avenir, nous restons déterminés à soutenir nos clients dans leur adaptation aux enjeux de transformation numérique et à délivrer une prestation flexible, couvrant tous leurs besoins au service de l'expérience consommateurs, élément essentiel à leur compétitivité sur leurs marchés». Si l'on en croit nos confrères de Forbes, cette fusion avortée trouverait son origine en raison de «désaccords sur l'alignement de la stratégie financière». En effet, toujours selon le magazine relatant les coulisses de cette fusion, une «asymétrie financière de la capacité d'endettement entre les deux entreprises», aurait été détectée. Concrètement, l'une des deux parties serait endettée, contrairement à l'autre pas, impactant du coup les chances de succès de cette fusion. Lire aussi | Mehdi Sahel, nouveau Managing Director d'Alstom Maroc Parmi les tentatives d'explication, et toujours selon nos confrères du magazine Forbes, Sitel «aurait financé une opération de croissance externe antérieure ; en l'occurrence le rachat en 2021 de l'américain Sykes Enterprises, l'un des principaux outsourceurs mondiaux, en ayant recours à 100% de la dette». Le fait est que «la banque anglaise qui aurait conseillé Sitel sur cette opération aurait négocié cet emprunt à un taux variable. Or depuis le déclenchement de la crise ukrainienne, les taux se seraient naturellement envolés. De quoi peser notamment sur le bilan du nouvel ensemble, ce qui modifierait leurs modélisations financières et réduirait l'effet des synergies projetées». Affaire à suivre donc !