L a hausse des prix des carburants a créé une tension sociale. Un front est en train de se constituer. L'USFP, l'Istiqlal et les centrales syndicales les plus importantes annoncent des actions concertées. La démocratie peut aisément supporter une telle tension. Le problème, c'est que l'exécutif n'a pas de cap affiché. Sénèque disait « il n'y a pas de vent pour qui ne connaît son cap». Boulif affirmant qu'il n'y aura pas d'augmentation le 12 septembre, alors que les calculs étaient faits, c'est ridicule. Du coup, il y a un sentiment d'imbroglio qui se dissémine. Les erreurs de communication à répétition ont fini par convaincre les gens que le pays n'est pas géré, qu'il n'y a pas de pilote dans l'avion de l'exécutif. I l a suffi de quelques heures de pluie dans la région de Marrakech pour causer des dégâts matériels énormes, dévoilant la fragilité des infrastructures de base. Depuis l'indépendance, les citoyens attendent un effort réel à ce niveau. Les moyens sont certes limités, mais l'ordre des priorités n'est pas le bon. Pourquoi faire une troisième voie sur l'autoroute Casa–Rabat quand des centaines de villages sont encore totalement enclavés ? Les gens qui payent le prix des intempéries sont des citoyens marocains qui ont les mêmes droits et les mêmes devoirs. Cependant, ils ne perçoivent qu'une très faible partie de l'investissement public. La justice sociale ce n'est pas un slogan électoral, ce sont des politiques à mettre en oeuvre. Cela passe par des services publics de qualité accessibles à tous. Si l'ancienne médina de Marrakech menace ruine au bout d'une heure de pluie, c'est que la gestion est défaillante. L es patrons ne savent pas à quelle sauce ils seront mangés. Ils étaient allés aux Assises de la fiscalité avec beaucoup d'optimisme. Les recommandations répondaient à quelques unes de leurs revendications. Depuis, silence radio de l'exécutif. En même temps, on leur annonce qu'ils paieront plus cher l'énergie, que leurs charges sociales vont augmenter, ceci dans un climat très conflictuel et dans un contexte de crise. Il ne faut pas s'étonner que des projets d'investissement soient à l'arrêt. Il est temps de dissiper ces incertitudes par une communication adéquate et des choix politiques clairs. Les partis ne peuvent pas tenir en otage le pays. La démocratie, ce n'est pas l'inaction. ■