Pour Mustapha Chennaoui, membre du bureau exécutif de la Confédération Démocratique du Travail (CDT) et de la commission technique chargée de la réforme du régime des retraites, on ne peut parler d'une crise au sein de la caisse marocaine des retraites. Néanmoins, il est clair que si aucune intervention efficace et rapide n'est faite pour une éventuelle réforme, les temps vont être durs à l'avenir, et ce sont les générations futures qui en paieront le prix. Al Bayane : Le nombre des retraités va en augmentant. Aussi il parait que la CMR vit un certain déficit qui ira en s'aggravant dans les années à venir. Selon-vous est-ce que c'est le début d'une faillite du régime des retraites dans notre pays ? M.Channaoui : Je ne pense pas qu'il s'agira d'une faillite. Toutes les caisses de retraites à travers le monde passent par des périodes de turbulence et de crise. Le système des retraites est basé essentiellement sur la répartition. En d'autres termes, les travailleurs, à travers leurs cotisations, payent les pensions des retraités et ainsi de suite. Néanmoins, dans notre pays on observe que le nombre des travailleurs va en diminuant du fait du choix de l'Etat de supprimer certains postes de travail ou de ne pas remplacer les personnes arrivées à l'âge de la retraite, ce qui fait que dans le futur, si rien n'est fait, on risque d'avoir un problème lié au paiement des retraites des jeunes d'aujourd'hui. A l'horizon 2012, la CMR commencera à puiser dans ses réserves. Ceci ne veut pas dire que les retraités marocains ne recevront plus leurs pensions, mais un certain malaise peut se sentir à l'avenir dans cet organisme, ce qui sera assez préoccupant. - Pensez-vous que l'unification de la CMR et la CIMR, pourrait constituer l'ultime solution de secours ? Il faut ici faire la distinction entre les deux caisses. La caisse marocaine des retraites (CMR) est propre aux fonctionnaires de l'Etat, tandis que la caisse interprofessionnelle marocaine des retraites (CIMR) s'adresse aux employés du privé. Vient après la caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Le scénario le plus plausible à mon avis, serait que le privé et le public, s'unissent chacun de son côté avec d'autres organismes. Il est vrai qu'il existe aussi plusieurs autres scénarios. Au sein de la CDT, nous réfléchissons profondément à la problématique que pose le système des retraites dans notre pays, mais il faut des solutions rapides et immédiates. Le Maroc ne peut plus fonctionner avec des solutions de secours. - Selon-vous, se dirige-t-on vers l'élévation de l'âge de la retraite et éventuellement l'augmentation des cotisations ? Chaque chose est différente de l'autre. Augmenter les cotisations ou pas, fait partie des mécanismes de contrôle des systèmes des retraites. Il est possible de procéder prochainement à l'augmentation des montants des cotisations et aussi la durée de ces dernières. Je veux dire par là que tout est sur la table des négociations Au sein de la CDT, nous sommes contre la politique du fait accompli. En clair, toute proposition ou décision doit inéluctablement passer par un processus de concertation et de débat pour peser le pour et le contre des choses.Par contre, il ne faut pas nier qu'au Maroc nous avons enregistré beaucoup de progrès en la matière mais on doit tout faire pour ne pas perdre les acquis. Aussi, il faut penser à faire bénéficier les ouvriers des autres secteurs de la retraite. Il ne faut pas faire payer aux nouvelles générations les erreurs des anciens !