Généralement, le politique accuse du retard sur l'économique et le social. Normal, puisqu'on ne peut agir sur une réalité, pour la transformer, si on ne maîtrise pas ses données fondamentales, souvent impondérables et n'incitant donc pas à l'action. Généralement, le politique accuse du retard sur l'économique et le social. Normal, puisqu'on ne peut agir sur une réalité, pour la transformer, si on ne maîtrise pas ses données fondamentales, souvent impondérables et n'incitant donc pas à l'action. Mais quand la réflexion se stéreotype et les esprits s'abrutissent au point que l'inaction devienne la règle, cela devient grave. Réagir devient alors impératif.. Dans notre paysage politique, force est de constater que depuis un certain temps déjà, plusieurs acteurs politiques ont commencé à sonner le tocsin et alerter l'opinion publique sur les dangers qui guettent la transition démocratique de notre pays. Certes, l'existence d'un gouvernement dont les composantes ne sont pas toutes issues des urnes, a rendu la situation plus complexe que par le passé. Nous sommes, en effet, face à un gouvernement qui dispose de plusieurs membres, sans appartenance politique ; c'est-à-dire non-comptables en termes démocratiques de leurs actes, vis-à-vis des citoyens. Mais, en même temps, il s'agit d'un Exécutif soutenu par une majorité parlementaire et impliquant six formations partisanes, dont cinq ont déjà participé au gouvernement d'alternance. Mais, force est de le reconnaître, ce métissage n'explique pas tout et ne justifie guère la faiblesse du champ politique, ni sa déconnexion par rapport au vécu quotidien du commun des mortels, ni même le rejet d'environ 50 % de la population éligible des vingt-six partis qui se sont présentés aux élections du 27 septembre dernier. Un tel phénomène ne saurait être réduit à de simples facteurs exogènes ; et ce quel que soit leur importance. Il est vrai que les mutations en cours sur le plan mondial participent au recul des « appareils classiques d'encadrement des masses », tels les partis et les syndicats, et qu'en revanche, de nouveaux acteurs sont en train de s'ériger en tant que porteurs de messages pour l'avenir, mais toujours est-il que le vide dont il est question, ici et maintenant, est le résultat de faits palpables et concrets. Certains de ces aspects sont le nomadisme partisan, le recul des convictions, l'embourgeoisement des cadres, la fatigue des militants, l'absence de démocratie interne et le manque d'intérêt porté à l'action sociale, du moins du côté des partis qui se proclament historiques, démocratiques et modernes. Il va sans dire que dans le passé récent, les choses étaient beaucoup plus simples. Souvent, l'on faisait endosser la responsabilité de la fragilité de la situation à l'introduction d'un virus étranger, telle la main de l'administration ou la corruption des électeurs, mais, aujourd'hui, cette donne n'est plus déterminante, ni convaincante, alors que de nouveaux groupes d'âge, environ trois millions de jeunes ayant entre 18 et 20, sont appelés à contribuer à l'édification de l'État démocratique.