Pas de surprise dans la publication des résultats d'Acred, la filiale crédit à la consommation d'Axa Assurance. Comme le laissait prévoir le disclosing du premier semestre, Acred poursuit tranquillement sa croissance. Grâce à une production en hausse de près de 45% à 701 millions de DH, l'encours des crédits accordés par la société dépasse pour la première fois de son histoire le milliard de DH. Ce dernier progresse en effet de 13%, atteignant 1,04 milliard. Une telle évolution au niveau du bilan, combinée à une révision à la hausse du taux d'intérêt minimum conventionnel (TMIC), ne pouvait pas ne pas impacter le compte de produits et charges. Ainsi, Acred a enregistré une croissance notoire de ses produits d'exploitation bancaires qui s'améliorent de 8%. Alors que les conditions de refinancement très favorables qu'offrent notamment les banques lui permettent de réduire ses charges d'intérêts. Au final, le produit net bancaire (PNB) d'Acred s'apprécie de 9% à près de 100 millions de DH. L'augmentation de la production, faut-il le rappeler, a été possible en partie grâce au déploiement de son réseau commercial dans le cadre de son plan stratégique Cap 2009. Mais qui dit croissance du réseau commercial parle aussi d'augmentation des charges d'exploitation. Et effectivement, les frais généraux se sont alourdis de 14% atteignant 49 millions de DH. Le coefficient d'exploitation passe de 47,6% au 31 décembre 2006 à 49,5% à la clôture de l'exercice 2007, se détériorant de 1,9 point de pourcentage. Cependant, cette croissance ne s'est pas faite au détriment de la qualité du portefeuille, risque souvent encouru dans pareille situation. Grâce à l'amélioration conjuguée de la sélectivité et du recouvrement, le coût du risque d'Acred passe de 0,3 à 0,6%. Dans le même sens, l'entreprise continue de couvrir ses créances en souffrance à hauteur de 89%. L'ensemble de ces réalisations permettent à Acred d'enregistrer un résultat net de près de 28,7 millions de DH contre 25,6 millions en 2006, soit une amélioration de 12%. De telles performances combinées à l'absence d'un besoin de financement par les fonds propres, ont conduit le management d'Acred à proposer un dividende de 47 DH par action. Des changements à tous les niveaux Selon Jacques Lagarrigue, président directeur général d'Acred, ces performances s'appuient sur un ensemble de changements à toutes les échelles au cours des dernières années, permettant à l'entreprise, bien que n'étant pas adossée à un réseau bancaire, de tirer son épingle du jeu. «Au plan des ressources humaines, des changements significatifs sont intervenus, tant dans le renforcement et le rajeunissement des équipes que par le recrutement de nouvelles compétences qui permirent, entre autres, de définir et de faire évoluer les organisations vers plus de professionnalisme et d'efficacité générale», explique-t-il. Un nouveau management, en particulier commercial et opérationnel, se révèle. Il continue, d'ailleurs, de monter en compétences, et accompagne efficacement le développement actuel, toujours selon lui. «Il s'agissait aussi, tout en menant ce plan de rénovation, de continuer à développer et surtout, de créer les conditions favorables pour une croissance beaucoup plus importante et durable», affirme-t-il. Et d'ajouter que : «c'est ainsi que l'exercice 2006, dans le prolongement de ces trois années de remise à niveau et d'assainissement, a été placé résolument sous le signe du développement commercial, tant en termes d'offre, de renforcement du réseau de distribution qu'en termes de communications et d'outils commerciaux». Au plan de la stratégie commerciale, une première génération d'offres génériques a été lancée. De même, les premiers partenariats commerciaux purent être noués avec de grandes marques de produits et de services. Trois questions à Jacques Lagarrigue, PDG d'Acred «Acred se positionne en fonction des conditions du marché» Challenge Hebdo : parmi les actions entreprises au cours de ces dernières années, figurent - entre autres - le développement de votre réseau de distribution. Qu'est-ce qui a été fait dans ce domaine ? Jacques Lagarrigue : Nous avons procédé simultanément à un renforcement important du réseau de distribution. Ce fut d'abord la finalisation d'un nouveau canal d'acquisition, Acred Direct, un centre de relation clients conjuguant une plateforme téléphonique et un site web, le premier site Internet mrocain de réservation de crédits en ligne, au service des opérations de développement elles mêmes et de celles portant sur l'animation du portefeuille clients. Cinq nouvelles agences régionales ont été créées en 2006. Au cours de cet exercice, les investissements commerciaux sont privilégiés, en particulier ceux concernant la gestion de la relation clients. Ainsi, 2006, dont le volume de production des financements a augmenté de 14%, a vu avant tout la finalisation d'un socle de développement solide, sur lequel l'activité 2007 a pu s'appuyer pour confirmer et amplifier cette évolution positive. C.H. : vous avez choisi de vous financer par crédit bancaire au lieu des emprunts obligataires. Pourquoi une telle option ? J.L. : en la matière, Acred se positionne en fonction des conditions de marché. Par le passé, nous avons aussi fait appel à d'autres modalités de refinancement. C'est ainsi qu'en janvier 2004, nous avons levé 100 millions de DH de B.S.F. Ces lignes ont été depuis régulièrement remboursées à nos souscripteurs. Aujourd'hui, c'est vrai que l'essentiel de nos ressources fait appel au crédit bancaire pour lequel nous obtenons des conditions plus favorables que sur le marché financier lui-même. C'est ainsi que, sur le plan du coût des ressources, les conditions de refinancement actuelles situent Acred parmi les très bonnes performances, comme le relèvent les comparatifs que nous pouvons établir à partir des informations publiées en juillet 2007 par le ministère des Finances et de la Privatisation, dans son dernier rapport annuel concernant l'activité et les performances du secteur du Crédit à la consommation. Le marché des taux pouvant évoluer différemment à l'avenir, Acred pourrait faire l'arbitrage de revenir vers le financement par appel public à l'épargne et émettre à nouveaux des BSF. C.H. : dans votre secteur, le réseau de distribution est devenu un atout majeur. Etant donné que vous n'êtes adossé à aucune banque, comment comptez-vous élargir ce réseau ? J.L. : il est vrai que le réseau de distribution est un élément majeur du développement. Pour Acred, qui ne disposait début 2003 que d'une seule agence, la mise en œuvre d'un véritable réseau fut une des priorités dans sa stratégie de croissance. C'est ainsi qu'à partir de 2004, Acred s'est implanté dans les zones à fort potentiel démographique et économique. Nous disposons, à présent, d'une agence commerciale dans chacune des métropoles régionales du Royaume. A partir de ces entités, nous continuons le développement de nos points de vente sur la région, en ouvrant de nouvelles structures commerciales comme par exemple les espaces clients de Bouskoura et de Mohammedia venus récemment compléter le dispositif de distribution de notre agence régionale de Casablanca. Par ailleurs, un certain nombre d'espaces clients sont ouverts par des mandataires agréés, qui sont complètement intégrés à notre stratégie de développement, en particulier commercial. Le dernier en date est celui de Laâyoune, en novembre dernier. Nous disposons actuellement de plus de 30 points de vente, soutenus par notre canal d'acquisition centralisé Acred Direct ; ce qui nous permet d'ores et déjà d'être présents et près des clients, dans la majorité des zones à potentiel. Cette croissance du réseau se poursuit et notre plan d'action CAP 2009 prévoit de nouvelles ouvertures pour 2008 et 2009, sur un rythme conforme à notre stratégie d'un développement maîtrisé et pérenne.