Retenue depuis le 2 mars dernier parmi 13 opérateurs nationaux et internationaux dans l'appel d'offres pour la cession de Drapor, Satram n'arrive toujours pas à réunir les 327,6 millions de dirhams pour conclure l'opération. Remettra ou ne remettra pas le chèque relatif à la cession de la participation publique dans la société Drapor, au ministère des Finances et de la Privatisation ? On veut encore y croire, malgré les inquiétudes. En effet, depuis que Lahcen Jakhoukh, PDG de Satram, s'est adjugé le 2 mars 2007 de la totalité du capital de la société marocaine de dragage des ports, Drapor, ce richissime homme d'affaires marocain installé au Gabon peine à boucler son montage financier. Prévue initialement le 2 mai dernier au siège du ministère des Finances et de la Privatisation, la remise du chèque a été reportée à une date ultérieure. À quand ? Au ministère des Finances et de la Privatisation, on tente tout de même de rassurer, difficilement. «L'adjudicataire a demandé un report et, d'un commun accord, nous avons convenu d'une date. Il est en train de constituer son montage financier», souligne Najat Saher, chef de la division Privatisation au ministère. Si, au département de la Privatisation, on avait sorti un communiqué pour annoncer la cérémonie de remise du chèque pour le 2 mai 2007 sous la présidence de Fathallah Oualalou, en présence des membres de la Commission des transferts et des présidents directeurs généraux des banques d'affaires, cette fois-ci, l'on semble éviter de s'aventurer. «Nous avons décidé également d'un commun accord de ne pas divulguer la date de remise du chèque. Au moment opportun, nous sortirons un communiqué de presse. Mais cela ne devra pas tarder», précise le chef de la division Privatisation au ministère des Finances. 327,6 millions de dirhams, c'est le montant du chèque que la société Satram, adjudicataire de l'appel d'offres lancé le 30 octobre 2006, doit remettre pour conclure son deal. Encore faudrait-il que les banques gabonaises acceptent de l'accompagner dans cette opération. À en croire une source proche de Satram, «les trois banques, comme la BGFI ou encore la BICIG, avec qui Jakhoukh a l'habitude de travailler, n'ont pas accepté de le suivre dans son aventure marocaine». Il faut dire que ce n'est pas seulement des banques gabonaises que l'homme d'affaires, originaire de Tamssin, un village natal situé dans le Sud du Maroc près de Ouarzazate, s'est rapproché. Il a frappé aux portes de certaines banques marocaines, notamment de la Banque centrale populaire et de BMCE bank. Faudrait-il encore qu'il dispose d'un apport. Car, ces deux banques de la place le lui ont exigé. Coïncidence ou pas, pour l'opération de privatisation, outre le cabinet Ernst &Young, les banques-conseil sont BMCE Capital, BMCE Capital Conseil, la Banque centrale populaire. Pourtant, le co-propriétaire de Satram avait osé miser 17 % de plus que le prix minimum initialement retenu pour la cession de Drapor, laissant sur le carreau par la même occasion ses concurrents. Ces derniers aujourd'hui ont d'ailleurs commencé à croiser les doigts, espérant revenir dans la course. En compétition avec 12 autres opérateurs nationaux et internationaux comme Dredging International, Lafarge Ciments, Holmarcom, Delta Holding, Compagnie Offshore, SCRA, Gammon India, le Groupe Libaud, l'entreprise de Lahcen Jakhoukh était sortie du lot en propulsant au devant de la scène un homme jusque-là inconnu au bataillon. Jusqu'à quand pourra durer ce suspense ? Du côté du département de la privatisation, on ressort la loi 39/89, dont l'une des dispositions stipule que dans le cadre d'une opération de privatisation, l'adjudicataire a deux mois, à compter de la date d'adjudication, pour remettre son chèque. Or, dit-on, «nous n'en sommes pas encore là». Paradoxalement, l'on semble perdre de vue que cette date butoir a été atteinte depuis ce 2 juin. Si la vente de Drapor représente la première opération de privatisation de l'année, celle de Comanav a suivi, et depuis, Oualalou a encaissé le chèque pour le compte de l'Etat. Rappelons que ce dernier table sur des recettes de 4,5 milliards de dirhams cette année. En 2006, elles se sont élevées à 4,658 milliards de dirhams.