Centrale Laitière reprend l'offensive. Lesieur Cristal retrouve ses marges de raffinage. l'agroalimentaire se redresse. Par contre, Sopriam et Bimo sont en perte de régime car des parts de marché leur échappent. Le holding tente de limiter les dégâts. L'agroalimentaire n'est plus la première source de recettes de l'ONA. La croissance du chiffre d'affaires portée notamment par Cosumar et Centrale Laitière a été surpassée par celle d'Optorg, spécialisée dans la distribution de biens d'équipements au Maroc et en Afrique et de Marjane. Les filiales Wana (télécoms), Nareva (énergie renouvelable) et Onapar (immobilier) sont pour leur part les jeunes pousses du holding qui pourront devenir à terme ses «starlettes». Managem, spécialisée dans les mines, reste le troisième pourvoyeur d'argent avec près de 2 milliards de chiffre d'affaires. Voilà grosso modo ce qui ressort de la présentation de Saâd Bendidi, président-directeur général de l'ONA, relative aux résultats annuels. Il n'y a pas eu de changement dans la stratégie globale du holding. Il continue toujours à défendre ses intérêts dans les activités traditionnelles. Dans le secteur de l'agroalimentaire, Lesieur Cristal peut maintenant pousser un ouf de soulagement. Savola, qui lui avait mené la vie dure pendant un certain temps, a fini par «baisser les bras». Désormais, la filiale de l'ONA a retrouvé dès le second semestre 2007 un niveau de marges de raffinage normal, «mais pas encore total». Cette performance a été notamment possible grâce à la révision de la politique du concurrent qui s'est «assagi» et à la hausse des prix successifs dans laquelle Lesieur s'est inscrite pour faire face à la flambée des cours des matières premières. De manière plus générale, l'ONA veut encore se renforcer dans l'agroalimentaire. Pour l'année 2008, le holding veut davantage améliorer son positionnement par rapport à la concurrence. Il va repenser le lancement de certains produits, revoir le packaging d'autres pour les revaloriser et les distinguer… Pour mieux vendre, le holding prévoit également d'assurer une couverture plus large dans les zones rurales et de sécuriser la logistique du transport. Dans le domaine de la distribution, les enseignes Marjane et Acima vont être développées, les services clients et l'accessibilité dans la distribution automobile vont être améliorés… Dans l'activité minière, l'objectif 2008 est de sécuriser et d'améliorer les ressources. Bref, Bendidi n'a pas surpris. Les choses s'écoulent sur un long fleuve tranquille. Grosse mises dans les nouveaux métiers En revanche dans les nouveaux métiers, l'ONA est en train de miser gros. C'est le cas par exemple pour Wana, que le holding tient à soutenir à tout prix. L'ONA est prêt à mettre les bouchées doubles s'il le faut pour soutenir sa filiale télécoms en cas de nécessité. Lorsque Wana s'est lancée l'an dernier dans la mobilité restreinte, trop d'investissements ont été consentis pour réaliser les infrastructures nécessaires et subventionner les appareils vendus. Ceci a pesé sur les finances du holding. Wana est considérée pour l'instant comme une filiale qui grève les résultats du holding, mais cela se justifie par l'importance des investissements de démarrage. «En 2007, les réalisations ont été légèrement en décalage (négatif) par rapport à nos prévisions», reconnaît Bendidi. Il explique cet écart par la charge supplémentaire que le groupe a dû supporter en subventionnant les terminaux de 400.000 nouveaux clients recensés à la fin de l'année 2007. Cette année encore, l'ONA devra supporter les charges afférentes au lancement de la mobilité totale, le mobile 3G. «Les résultats relatifs au coût de démarrage devront peser aussi en 2008», assure Bendidi. Malgré cela, le holding est prêt à miser davantage si cela permet de conquérir de nouveaux clients. Selon les prévisions, la filiale devrait atteindre l'équilibre financier en 2009. Cette projection date du début de l'activité de Wana mais pourrait être révisée. Dans le secteur immobilier, l'ONA est en train de percer. Les différents projets ou chantiers menés témoignent de la volonté du holding de faire de cette activité un créneau porteur pour le groupe. C'est Onapar qui est le bras de l'ONA dans l'immobilier. Le holding a changé sa stratégie en la matière. «Nous avons lancé Onapar dans le métier de la promotion immobilière alors que nous étions surtout des aménageurs et des vendeurs de terrains», souligne Bendidi. Désormais, la filiale de l'ONA entend se positionner sur de gros projets. Des études sont entamées pour Bahia, un projet situé entre Rabat et Casablanca d'une superficie de 531 hectares. Onapar a également acquis un terrain à Beni Mellal en vue d'y construire un projet immobilier résidentiel. La société cherche également à sécuriser le foncier à l'horizon 2013 pour construire ses projets résidentiels. «Le but n'est pas d'empiler les hectares et de les garder. Nous souhaitons constituer une réserve foncière pour chacun des projets que nous voulons lancer», lance en substance le président de l'ONA. Le secteur de l'énergie se porte bien L'autre secteur qui a le vent en poupe, dans le holding, c'est celui de la production électrique. Nareva a conclu deux grands contrats avec Lafarge Ciment et Samir pour la production électrique via l'énergie éolienne. Pour l'année 2008, son staff prévoit de constituer en plus un portefeuille de gisements éoliens plus importants. Bref, l'ONA manifeste son intention de rester maître à bord dans tous les projets dans lesquels il s'engage. Pas question qu'on lui vole la vedette. Et s'il devait être minoritaire dans une société ou si une autre ne devait plus être rentable, alors, sans état d'âme, il s'en séparerait. Pour chaque projet, le holding privé exige un taux de rentabilité interne d'au moins 16% et un ROE (rentabilité des capitaux propres) minimum de 12%. «C'est à partir de ces niveaux que nous commençons à considérer les projets», indique Bendidi. Mais sur le terrain, il arrive que des projets ne les atteignent pas. Ce n'est là qu'une moyenne. L'ONA, capitaine, oui, mais à ses conditions. D'ailleurs, il l'est même dans la communication. Le holding préfère mettre en avant les plus grosses de ses filiales. Pourtant, il en existe bien d'autres qui restent dans l'ombre. Le staff de l'ONA ne donne pas d'informations relatives à l'activité de Mercure.com. C'est le cas aussi de ses filiales, Archos, spécialisée dans le conseil opérationnel en management, Netcom, spécialisée dans les systèmes et réseaux d'entreprises et Accolade, centre d'appel dédié à des activités de tourisme, d'Internet et de téléphonie. Dans l'agroalimentaire, les performances des Fromageries Doukkala, de CMB Plastic, de Sotherma sont également méconnues. Que compte faire l'ONA de ces filiales ? Agro-alimentaire Incertitude sur le sort de Bimo Agro-alimentaire Incertitude sur le sort de Bimo Le partenaire de l'ONA dans la biscuiterie lui a fait faux bon. Danone s'est désengagé de Bimo en vendant ses parts à Kraft Food. «Nous nous retrouvons avec un partenaire que nous ne connaissons pas. Nous avons eu des discussions pour évaluer son approche du dossier. En fonction des interactions, nous allons voir quelle évolution donner à notre partenariat», confie Saâd Bendidi, président-directeur général de l'ONA. De plus, Bimo a été largement concurrencé par les produits tucs, émiratis… La filiale a perdu, en termes de volume, 5,6 points de parts de marché à 37,5% à fin 2007. Le management aurait décidé de réagir. Un plan d'action est en cours de validation pour tenter de reconquérir de nouvelles parts. Automobile Sopriam ne s'en sort pas Automobile Sopriam ne s'en sort pas Le concessionnaire automobile des marques Peugeot et Citroën n'arrive toujours pas à faire face à la concurrence, notamment asiatique. En 2007, la société Sopriam a encore perdu près de 3 points pour n'avoir plus que 18,2% de parts de marché. Cette filiale du holding est en perte de vitesse. Le management en est conscient mais il ne dispose pas d'une grande marge de manœuvre pour agir. Les marques ne sont pas présentes sur l'ensemble des palettes. Pourtant, la tendance aujourd'hui est à l'achat des 4x4 et des micro-citadines. Le constructeur français desdites marques n'a pas encore développé ce type de véhicules. C'est un handicap pour la filiale. Saâd Bendidi, président-directeur général de l'ONA, en convient. Mais pour lui, Sopriam est une entreprise qui a une position historique forte. D'autant plus que les véhicules commercialisés offrent une valeur de revente garantie. « Ce qui n'est pas forcément le cas pour une entreprise qui vient de s'installer», souligne le patron du holding.