Les prix des matières premières poursuivent leur hausse. De plus en plus d'entreprises locales tentent de s'adapter en fonction de leurs moyens. Rationalisation des dépenses, baisse des marges bénéficiaires et course au volume sont, entre autres, au menu. S'adapter ou y laisser des plumes, tel semble être le leitmotiv des entreprises marocaines pour faire face à la flambée des matières premières. Zinc, cuivre, aluminium, fer, bois, café... Les prix explosent à l'international. À l'origine de cette flambée quasi générale, l'explosion de la demande asiatique, chinoise et indienne notamment. La sonnette d'alarme a été tirée récemment par les industriels du secteur de la galvanisation. «La flambée des cours du zinc, qui ont augmenté de plus de 230 % entre 2006 et 2007, constitue une sérieuse contrainte pour notre secteur», souligne-t-on auprès de l'Association Marocaine de Galvanisation (AMGA). Frappées de plein fouet par cette hausse vertigineuse des cours du zinc, deux entreprises, Galvacier et Somagal, tentent de parer à la situation. Elles ont de plus en plus recours au procédé Technigalva qui consiste à ajouter environ 0,05% de nickel dans les bains de zinc. «L'addition du nickel a pour effet une diminution de la consommation de zinc de 10 à 15%, ce qui permet de réduire les coûts. Mais cela n'exclut pas la concurrence des produits de substitution (peintures et autres revêtements métalliques) qui coûtent moins cher que la galvanisation», explique un responsable de Galvacier. Cette concurrence n'inquiète pas pour autant les galvanisateurs sur l'avenir de leur activité, qui misent sur la capacité concurrentielle de la galvanisation. Les aciéries ne sont pas mieux loties. Depuis un peu plus de deux ans, à en croire les responsables de Sonasid, les cours des aciers ne cessent de grimper, atteignant pratiquement une hausse de près de 50 % pour les bobines laminées à chaud (produits plats) et de 40 % pour les produits longs (fer à béton, fil à machine...). Les responsables de la filiale d'Arcelor-Mital ne sont pas restés les bras croisés pour atténuer ces importantes hausses et éviter de les répercuter en totalité sur les prix de vente. Ils ont mis en place une stratégie leur permettant d'améliorer la productivité des laminoirs notamment ceux de Nador et Jorf Lasfar. Une stratégie triennale Etalée sur trois ans (2007-2009), cette stratégie est destinée également à sécuriser les sources d'approvisionnement en matières premières et en énergie et industrialiser les armatures du BTP. Sonasid est en train d'étudier la possibilité d'investir dans l'énergie éolienne. Résultat des courses : le sidérurgiste n'a augmenté ses prix en moyenne que de 20 % depuis 2005, alors que ceux des aciers et de la matière première ont pris entre 60 et 70% sur la même période. La situation des aciéries est partagée par les industriels du secteur de la plasturgie chez qui la hausse des cours a dépassé récemment les 40%. Mais là, les opérateurs ne semblent pas encore trouver la bonne formule, hormis les grosses structures qui anticipent les achats. Rappelons que cette matière intervient en tant qu'intrant pour plusieurs branches industrielles dont l'automobile, l'agroalimentaire, le bâtiment et le textile. L'ONE ne veut pas être en reste. Le producteur national d'électricité cherche aussi à améliorer son profil de risque en ce qui concerne les combustibles, l'achat d'énergie et les devises. Il a confié à Endesa la mise en place d'une salle de marché et son démarrage d'ici le 1er novembre prochain. «La création d'une salle des marchés vise la mise en place d'une politique de gestion optimale des risques auxquels l'ONE est exposé de manière frontale, et ce dans un contexte énergétique marqué par la volatilité des prix des combustibles, du fret et des risques de change», dit-on auprès de l'ONE. Sur les trois prochaines années, l'Office table sur des entrées et sorties d'argent considérables, d'autant plus qu'elles sont libellées en plusieurs devises. La salle des marchés devrait donc lui permettre de mieux maîtriser les risques de fluctuation des devises, des matières premières et de l'énergie. Mais s'il y a des groupes qui ne se plaignent pas de la flambée des cours des matières premières, ce sont bien évidemment l'OCP et Managem. Le phosphatier réalise à lui seul près de 15 % des exportations du Royaume soit 3% du PIB. 50% de ces ventes sont destinées à l'export, le reste est consacré à la consommation locale. Quant à Managem, les teneurs exploitées en or et calamine ont augmenté, et l'exploitation de l'argent et de la fluorine s'est enrichie à la suite de la découverte de nouveaux gisements. De plus, le groupe minier a restructuré ses positions de couverture sur les métaux de base (zinc, plomb et cuivre), l'argent et l'or, par le biais d'un relèvement des cours d'engagement. Depuis, cette filiale de l'ONA s'est dotée d'une filiale basée en Suisse, en charge de la commercialisation de ses produits. Comme quoi, le malheur des uns fait bien le bonheur des autres.