Malgré les difficultés économiques sectorielles dues à la pandémie, le marché automobile des voitures neuves dans le Royaume surfe depuis début janvier, et contre toute attente, sur un trend haussier. Faut-il se dire que l'année 2021 peut être considérée comme étant celle de la reprise ? Et comment expliquer un tel regain d'activité ? Décryptage. Selon les statistiques de l'Association des importateurs de véhicules automobiles au Maroc (AIVAM), 44 163 véhicules ont été écoulés au titre du premier trimestre de l'année, soit une progression de 37,4% par rapport à fin mars 2020. Une belle bouffée d'oxygène pour les professionnels qui ont été durement impactés l'année dernière avec un repli des ventes de -19,65%. De quoi repartir à l'assaut de l'exercice commercial 2021 avec une certaine réserve, les opérateurs ayant tablé en janvier dernier sur une baisse globale du secteur de -10 %. Or les derniers chiffres à fin mars 2021 semblent indiquer une autre tendance, positive celle-ci. En effet, si on compare les performances du trimestre dernier à celles du premier trimestre 2019, le marché affiche une croissance légèrement supérieure de 1,7 %, tous segments confondus malgré le contexte économique ambiant très difficile pour beaucoup d'opérateurs. Lire aussi | Epargne : Wafa Assurance mise sur le taux de revalorisation Faut-il se dire que l'arrivée de nouveaux modèles sur le marché et les offres promotionnelles très attractives proposées par les opérateurs ont contribué à ce trend haussier ? Certes oui ; toujours est-il que les causes de cette embellie sont plus subtiles qu'elles n'y paraissent. «Nous n'avons pas de totale certitude, mais quelques éléments de lecture nous permettent à ce jour d'échafauder plusieurs théories à la fois cohérentes et surtout plausibles quant aux bons chiffres de ce premier trimestre», s'est exprimé sur le sujet Adil Bennani. Et le Président de l'AIVAM d'avancer une première analyse : «l'exercice commercial relatif au marché des voitures neuves à fin 2016, une année durant laquelle s'est déroulé le Salon Auto Expo, a été un excellent cru pour de très nombreux opérateurs. Près de 4 à 5 ans plus tard, certains clients qui se sont acquittés des échéances de leur crédit automobile escomptaient changer de véhicule. Compte tenu de la crise sanitaire, ils ont préféré reporter leur achat pour voir comment allait évoluer le contexte économique». Ce qui peut expliquer en partie l'embellie actuelle que connaît le secteur. Autres arguments avancés par Adil Bennani, le fait qu'une certaine clientèle aisée, privée de consommation, est aujourd'hui plus enclin à acheter des véhicules. Soulignons par ailleurs l'amnistie fiscale sur les avoirs et sur les liquidités détenus à l'étranger qui a permis à beaucoup de Marocains de rapatrier des fonds avant fin 2020 et, par conséquent, de disposer actuellement d'une épargne. Lire aussi | Simplification administrative : le ministère de l'Intérieur donne le meilleur exemple [Document] Compte tenu de la pandémie, certains opérateurs du Royaume ont été contraints de réfréner leurs importations automobiles, voire de se mettre au diapason vis-à-vis de leurs constructeurs respectifs, ces derniers ayant réduit leur cadence de production par prudence et surtout par manque de visibilité sur l'évolution future du marché automobile mondial. Par ailleurs, les confinements mis en place dans de nombreux pays ont d'abord provoqué une explosion des ventes de matériel en lien avec l'informatique ou la téléphonie, grands utilisateurs de puces électroniques, au même titre que l'automobile. Problème : la forte demande des semi-conducteurs a conduit à une situation de pénurie mondiale, la production de voitures s'en trouvant elle aussi affectée. De quoi provoquer des retards de livraison par manque de stocks à l'échelon de la planète. À en croire les professionnels locaux, certains clients conscients de cette problématique liée aux stocks de véhicules ont tendance à franchir plus rapidement le pas quant à l'acte d'achat. Autant de pistes de réflexions, en plus de l'implication quotidienne des importateurs automobiles, assureurs et autres maisons de financement pour accompagner le client dans sa quête d'achat, qui peuvent expliquer les excellents chiffres de ventes affichés le trimestre dernier par les importateurs de voitures neuves au Maroc. Mais ces derniers ne garantissent en rien la poursuite de ce trend haussier tout au long de l'année en cours sachant que le marché est très volatil. C'est en tout cas l'approche que conservent beaucoup d'importateurs automobiles du Royaume, préférant jouer la prudence. Et Adil Bennani de conclure : «nous sommes toujours dans une zone de doute. À moins d'une surprise de taille, il y a fort à parier que le retour à la normale tel qu'il l'était en 2019 se fera plus sûrement en 2022».