La hausse de la mortalité due au coronavirus inquiète de plus en plus les Marocains. Comment l'expliquer ? Le Maroc comptait jusqu'à hier et depuis le début de la pandémie 5469 décès avec un taux de mortalité de 1,6%, lequel taux est considéré parmi les plus bas au monde pouvant atteindre 2,5%. «Cette augmentation des décès est due à la hausse observée du nombre de contaminations dans la période post-confinement avec l'entrée d'un certain nombre de provinces dans la troisième phase de propagation de la covid-19», a souligné le ministre de la Santé Khalid Ait Taleb qui répondait à une question orale sur «les causes de la hausse des cas de décès parmi les personnes contaminées», présentées par le groupe Authenticité et modernité à la Chambre des conseillers. Le docteur Tayeb Hamdi, médecin, chercheur en politiques et systèmes de santé et vice-président de la Fédération Nationale de la Santé a de son côté une autre explication : «le nombre de décès augmente à cause du non-respect des mesures barrières. Ainsi notre système de la santé n'a pas la capacité pour identifier, détecter, isoler les nouveaux cas et pour tracer des cas contacts. Ces conditions font que la circulation du virus continue à augmenter. En effet ces trois facteurs font que l'on a un virus qui circule plus, et quand on a plus de cas positifs, il faut s'attendre à plus de cas de décès». Et le docteur Tayeb Hamdi de poursuivre : «il faut noter ainsi que le retard du diagnostic est l'un des facteurs causant cette hausse, plusieurs cas arrivent très en retard dans un état critique, ce qu'il les rend difficilement récupérables». Lire aussi |Vaccination anti-Covid : les détails du plan logistique mis en place pour assurer l'opération L'annonce de la vaste opération de vaccination contre la covid-19 au Maroc paraît rassurante et pourrait être l'une des solutions pour baisser le taux de mortalité au Royaume. « Pour les solutions, on n'en a pas beaucoup, il y a le vaccin qui arrive au mois de décembre, ce qui est une très bonne nouvelle. Mais en attendant, l'effet du vaccin ne sera pas ressenti sur le nombre de décès qu'après minimum trois mois, à partir du début de la vaccination. La seule solution qui pourrait actuellement baisser le taux de mortalité n'est autre que les mesures barrières qui doivent être respectées. Il faut accentuer ainsi les mesures restrictives au niveau des villes » explique le docteur Tayeb. Qui en meurt le plus ? L'analyse épidémiologique de la base de données nationale relative à la Covid-19 démontre que les facteurs de risque de décès dû au virus concernent les hommes, les adultes de plus de 65 ans et ceux qui souffrent de maladies chroniques, notamment le diabète, le cancer et les maladies cardiovasculaires. Selon le ministre de la Santé, l'âge moyen des cas de décès s'est élevé à 66 ans et demi, alors que l'âge moyen des cas se situe à 40 ans, sachant que les hommes représentent 69% du total des décès. Dans le détail, 55% des décès sont liés à des maladies chroniques, notamment le diabète, l'hypertension, l'asthme, le cancer et bien d'autres maladies, a-t-il précisé, ajoutant que 89% des décès sont survenus dans les services de réanimation et de soins intensifs. L'évolution des décès en chiffres Dans sa déclaration hebdomadaire, le département de Khalid Ait Taleb fournit une comparaison mensuelle des cas confirmés et des décès après la levée du confinement. En août, le nombre de cas confirmés par jour était en moyenne de 1.234 avec 25 décès par jour. En septembre, 2.035 cas ont été dénombrés par jour et 35 décès. En octobre, ce sont 3.078 cas confirmés avec 48 décès par jour tandis qu'en novembre, et jusqu'au 22 du mois, le nombre de cas confirmés a atteint en moyenne 4.812 cas par jours et 74 décès. Lire aussi |Engrais : OCP réagit à la décision du Département américain de Commerce