La mégalopole de Casablanca a vécu tout au long des huit dernières années au rythme de longues expériences de recherche et de développement d'une agriculture urbaine. Reste aux investisseurs et aux décideurs de prendre la balle au rebond. Paradoxal mais vrai. Si le terme est en lui même étrange, Chloé Naneix, assistante technique et coordinatrice allemande du projet explique que « l'agriculture urbaine est paradoxale car elle relie l'urbain et le rural et développe une vision intégrée de la ville ». Du coup, il n'y a plus de mystère. L'agriculture peut bel et bien être urbaine. Les promoteurs du projet Urban agriculture Casablanca (UAC) en ont apporté la preuve par quatre. En effet, quatre projets pilotes ont été réalisés dans le cadre de ce projet coopératif maroco-allemand. Le premier a vu le jour dans la technopole de Nouaceur et vise à recycler les eaux usées des sites industriels pour les utiliser dans des projets agricoles. Le second projet consiste en la création d'une école verte couplée à une ferme solidaire sous forme de jardin communautaire dans le douar Oulad Ahmed à la périphérie de Casablanca. Un agriculteur en train de vérifi er la qualité des plantes à la ferme de Dar Bouâzza. Quant au troisième d'entre eux, il est relatif au développement du tourisme dans la vallée de l'Oued El Maleh à 20 km de Casablanca, indiquent les promoteurs du projet dans un document distribué en marge de la conférence de presse organisée le 21 février dernier. Celle-ci a été l'occasion de présenter le colloque de restitution de ces expériences qui s'est ouvert le 27 février et qui sera clôturé le 2 mars prochain à Casablanca. Le troisième projet consiste à développer un agrotourisme agréable et durable qui prend en considération à la fois la valorisation du patrimoine naturel et agricole (produits de la région) et le développement des revenus des habitants. Enfin, le quatrième projet pilote concerne la production alimentaire saine et organique à travers une ferme pédagogique à Dar Bouazza. Appropriation des acquis Forte de ces quatre projets pilotes, la métropole de Casablanca ambitionne, lors du Colloque international sur la contribution de l'agriculture urbaine aux mégapoles émergentes à « restituer les travaux que nous avons menés durant huit ans ». « Ce colloque permettra également à d'autres pays arabes, africains, américains et à des ONG internationales comme la FAO de parler de l'agriculture urbaine et du développement durable et de mettre en exergue l'expérience de Casablanca à l'échelle mondiale pour que l'expérience soit dupliquée dans un contexte plus global. Il y a plusieurs façons de capitaliser et de mutualiser les acquis de ces expériences », a affirmé Chloé Naneix. Pour sa part, Fouad Amraoui, président de l'Association pour le développement durable du Grand Casablanca (ARADD) et coordinateur scientifique du projet UAC, a indiqué que parmi les défis que devra relever le développement de l'Agriculture urbaine, figure celui du foncier. «Toutefois, la force du Grand Casablanca réside dans le fait que trois quart du territoire est rural et qu'il y a donc de la marge à consacrer des terrains pour les espaces verts et pour développer la production alimentaire à proximité de la ville », souligne-t-il. Afi n de ne pas rester au stade de l'expérience, Fouad Amraoui, a appelé de ses voeux une appropriation des résultats de ces expériences par les politiciens locaux pour qu'ils les intègrent dans leurs politiques sectorielles. Pour permettre une appropriation de ces expériences, le projet a mis en place le site «www.uac-m.org» où est proposée une documentation générale. D'autres documents sont en libre accès sur Internet. Pour les amateurs de produits bio, la ferme écologique de Dar Bouazza vend des paniers de légumes frais avec abonnement. Aujourd'hui, une cinquantaine de Casablancais en profitent et la «liste d'attente est longue». ■