Après avoir vécu une longue période de crise à cause de la pandémie du coronavirus, un plan de relance est obligatoire pour la majorité d'entreprises marocaines qui ont largement investi ces dernières années. L'IA et le Big Data pourrons-t-ils pour autant relever les entreprises de la crise ? Khalid Iben Yaich, directeur général délégué d'AkumenIA, nous en parle. Challenge : Vous avez investi dans une filiale spécialisée en intelligence artificielle et Big Data. Pourquoi ce positionnement ? Khalid Iben Yaich : Dans un monde digitalisé, les technologies « Data et IA » sont aujourd'hui le principal levier de compétitivité des entreprises. En effet, la valorisation de la Data est primordiale pour une prise de décision éclairée et aussi pour l'exploitation des gisements de croissance et des opportunités de transformation. L'adoption des technologies « Data et IA » est une tendance de fond qui impactera tous les secteurs, et il est important pour le Maroc d'être prêt pour bien négocier ce virage. Chez Valyans, nous avions déjà entamé le virage de la data en créant une practice en interne pour aider nos clients à exploiter son potentiel et maximiser l'impact et la valeur pour leur business. Aujourd'hui, en créant une filiale dédiée, AkumenIA, nous avons l'ambition d'aider les organisations à mieux collecter, gérer et exploiter la Data. Nous pourrons ainsi les accompagner à adresser de manière encore plus efficace et intégrée les problématiques de stratégie commerciale, d'efficacité opérationnelle, de RH, etc. Lire aussi|Moncef Belkhayat s'offre Moro Tissue Fine Challenge : Sachant que plus de 90% des entreprises marocaines sont des PME souvent familiales, quel est l'intérêt pour ces sociétés d'aller vers le big data? K.I.Y : C'est vrai que le mouvement big data a été porté principalement par les grandes entreprises dans un premier temps, mais cela ne veut pas dire que cela ne concerne pas les PME. Au contraire, les PME peuvent tirer profit des technologies « Data et IA » de manière plus pragmatique et agile et ce, à 3 niveaux : le premier est d'exploiter les outils et algorithmes qui ont été développés avec des données tierces voire même pour d'autres secteurs. Dans ce cadre, nous travaillons au sein d'AkumenIA sur l'adaptation de technologies avancées au contexte marocain. Par exemple, nous avons développé des algorithmes de Traitement Naturel du Langage qui prennent en charge la Darija. Ces algorithmes peuvent être utilisés par des PME marocaines pour des besoins de services clients, monitoring d'image de marques, etc. Le deuxième niveau est de mettre en place la gouvernance et les outils nécessaires pour constituer progressivement un capital data exploitable par la PME qu'elle peut enrichir en allant capter la Data pertinente. Toute PME peut démarrer avec une logique de « Small Data » ou de « Smart Data » et progressivement aller vers la Big Data. Le troisième niveau est de créer des espaces sectoriels de données partagées. C'est une approche qui, à mon sens, peut donner un vrai coup d'accélérateur au développement du pays. Les organisations professionnelles peuvent travailler sur des « Big Data sectoriels », de manière à donner un avantage compétitif partagé pour tous les acteurs d'un secteur donné. C'est une approche qui émerge dans d'autres pays, notamment en Europe. Lire aussi|Le Maroc au seuil du top 20 mondial des exportateurs de fruits et légumes Challenge : Comment le Big Data peut-il aider les entreprises à se relancer en ce temps de crise ? K.I.Y : Les périodes de crise impliquent globalement 3 contraintes : incertitude accrue, marge d'erreur réduite et temps de prise de décision très limité . Les technologies « IA et Data » permettent de mieux naviguer dans un contexte d'incertitude en offrant une meilleure visibilité sur la situation actuelle. Elles permettent aussi de réduire les risques d'erreur en facilitant la prise de décision rationnelle, voire même scientifique. Enfin, elles donnent plus d'agilité aux organisations à travers la rapidité de traitement qu'offrent les architectures modernes de Data Management et les outils de Data Science. Donc selon moi, cette situation inédite rend d'autant plus primordiale l'adoption des technologies de Big Data.