Avec son fort potentiel TIC et le chantier de la 4G, le Maroc est déjà entrain de s'acheminer vers le big data. Telecoms, e-commerce, banques et assurances, industrie, transport, sont autant de secteurs concernés par l'évolution du secteur. De grands opérateurs et des cabinets de conseil en big data voient le jour et tablent sur un CA de quelques centaines de millions de dirhams à moyen terme. Avec la révolution numérique que connaît le monde depuis deux décennies, la production de l'information atteint des chiffres gigantesques. On parle de 4 zéta-octets de données qui ont été créées et stockées sur des serveurs en 2012, soit l'équivalent de 4 milliards de disques durs d'une capacité d'un téra-octet chacun. (1.000 octets). Ça ne s'arrête pas là, ce volume colossal d'informations est voué à croître d'un facteur 30 d'ici 2020 pour constituer des mines d'informations exploitables au profit des citoyens, des entreprises et des Etats, et c'est bien cette croissance exponentielle de l'information qui a été à l'origine de ce que l'on appelle le «big data». Cela-dit, comment peut-on le définir concrètement ? Le big data est défini actuellement comme un ensemble d'outils et d'algorithmes qui permettent de stocker, analyser et visualiser des quantités très importantes de données structurées ou non structurées grâce à de multiples machines capables de les traiter. Débuts prometteurs Ayant opté pour le progrès numérique comme levier de croissance et avec le chantier de la 4G, le Maroc est déjà entrain de s'acheminer vers le big data. Les premiers pas en la matière ont été entrepris par divers acteurs dont le géant de l'informatique présent depuis longtemps au Maroc, IBM. La firme américaine qui accompagne les pays africains dans la gestion des données numériques a établi un plan de développement en la matière étalé sur cinq ans et ceci de 2011 jusqu'en 2015. En effet, un centre d'innovation, qui a pour mission le conseil des clients et partenaires d'IBM autour du big data, mais aussi le cloud ou encore le business analytics a vu le jour en février dernier au Casanearshore. Selon Anass Bensrhir, directeur général de Bold Data, un cabinet pionnier des services en big data au Maroc, cette plateforme permettra de relever les défis métier du secteur, sans représenter pour autant une concurrence pour les cabinets qui s'orienteront dans le conseil en big data. L'autre géant américain HP propose une offre comparable au Maroc qui entend répondre aux attentes des directeurs en systèmes d'informations (DSI) dans la région en matière d'informatique décisionnelle, de dématérialisation et de sécurité des données. «Je considère ces deux grandes firmes comme des partenaires métiers qui travaillent sur un volet différent d'infrastructures et de plateformes qui vont sûrement former un écosystème favorable à l'intervention de mon cabinet», précise Bensrhir. Des secteurs demandeurs Afin de mieux cerner les besoins et faire une projection de l'évolution du secteur, Bold Data est en train d'élaborer une étude auprès de plusieurs acteurs et futurs utilisateurs du big data. «D'après notre première estimation, le secteur évoluera progressivement dans les deux années à venir au Maroc avant de connaître une montée exponentielle pour atteindre un chiffre d'affaires de quelques centaines de millions de dirhams à moyen terme». Le fort potentiel TIC du Maroc en fait un pays dont plusieurs secteurs devront entamer un virage big data à même d'améliorer leurs services et leur compétitivité. Parmi eux, les télécommunications, l'e-commerce, l'e-réputation, l'industrie, les banques et assurances, la grande distribution ou encore le transport. Interview avec Anass Bensrhir, Directeur général de Bold Data Les inspirations ECO : Quand est-ce que vous avez démarré votre activité ? Anass Bensrhir : Bold Data est présente au Maroc depuis 2013. Elle est une réponse a un besoin qui monte en flèche. Après des études d'ingénierie à l'Ecole centrale Paris et des années d'expérience en management de projets big bata, j'ai décidé de me lancer dans l'entrepreneuriat avec l'ouverture de Bold Data. Depuis 2013, on a enrichi notre portefeuille avec plusieurs projets innovants et à forte valeur ajoutée technologique pour des clients au Maroc et à l'étranger. Au Maroc, nous avons accompagné un grand acteur en industrie automobile et quelques cabinets de conseil sur des missions. À l'international, nous avons accompagné la Croix rouge américaine et les Nations-Unis pour développer des systèmes d'extraction et d'analyse de données massives afin de collecter des informations clés et les utiliser pour le déploiement d'aides humanitaires aux victimes du Typhon Yolanda aux Philippines en novembre 2013. Quelles sont vos activités ? Le cabinet est spécialisé dans le domaine du conseil en stratégie et le développement de technologies et d'outils d'aide à la décision en se basant sur le big data. Nos services permettent aux entreprises d'accéder concrètement à l'énorme quantité d'intelligence libérée par la data à l'ère digitale mais aussi de l'analyser, de prédire et d'agir. Ces services sont formulés selon 4 axes : l'établissement de modèles prédictifs et «datamining», «Consumer Intelligence» et «Analyse comportementale», «Veille et social-media monitoring», puis l'intelligence économique. Nous outillons ainsi les décideurs pour la définition de leurs plans stratégiques et opérationnels. Quel investissement a nécessité votre projet de cabinet et quel chiffre d'affaires visez-vous à moyen terme ? Pour l'ouverture du Cabinet Bold Data, j'ai opté pour le «bootstrapping» dans un premier temps en me lançant avec des fonds propres et en planifiant des levés de fonds en fonction des projets à développer. On vise un chiffre d'affaires de quelques millions de dirhams par an dans les deux années à venir.