Une nouvelle rupture technologique fait son chemin au sein des directions informatiques des entreprises Elle permet, à titre d'exemple, de transformer un simple «tweet» en connaissance, la connaissance en innovation, l'innovation en revenu, le revenu en marge et la marge en valeur pour l'entreprise λ Selon le cabinet Mckinsey, les précurseurs qui l'ont adoptée réalisent déjà des gains spectaculaires de parts de marchés... Retenez bien le Big Data. L'une des caractéristiques de la révolution numérique de ce début de millénaire est l'explosion du rythme de production et de communication des données. Chacun d'entre nous est devenu producteur et utilisateur d'une quantité d'informations, inimaginable il y a quelques années à peine. En 1986, les capacités de stockage digitales dans le monde étaient de 0,2 exaoctet. A partir de 2000-2001, une inflexion s'est opérée, se traduisant par une croissance de ces capacités à 25 exaoctets. En 2007, les capacités mondiales de stockage numérique étaient de 276,1 exaoctets. Dans une récente étude IDC, on peut lire que les données numériques créées dans le monde seraient passées de 1,2 zettaoctet par an en 2010 à 1,8 zettaoctet en 2011, puis 2,8 zettaoctets en 2012, et s'élèveront de 40 zettaoctets en 2020. IBM estime qu'aujourd'hui le monde génère quotidiennement 2,5 téraoctets de données et que 90% des données mondiales ont été créées au cours des deux dernières années ! Selon les sources, on estime que le rythme actuel est le doublement du volume des données tous les ans, tous les dix-huit mois ou tous les deux ans. Ces quantités impressionnantes d'informations parviennent à l'organisation sous formats de plus en plus non structurés (tweets, posts, vidéos, historiques des transactions d'achats, chats,...) et à partir de sources non conventionnelles à l'informatique traditionnelle (capteurs mobiles, caméras, microphones, appareils photos, lecteurs, réseaux de capteurs sans fil, etc.) La production et le partage des informations par les utilisateurs augmentent considérablement la taille des données à traiter et ouvrent d'importantes perspectives d'exploitation à des fins scientifiques, industrielles, commerciales, économiques et même politiques. Ils conduisent les décideurs de l'informatique mondiale à refondre profondément les architectures des réseaux, la logique des bases de données, l'algorithmique et même les règles d'interprétation de ces données. L'accès continu et l'exploitation rapide et efficiente de ces données constitueront, dans les années à venir, une véritable source d'avantage concurrentiel pour l'entreprise. Qu'est-ce que le Big Data ? Le Big Data est une nouvelle tendance dans les technologies de l'information qui renvoie au traitement de masses de données tellement volumineuses, aux formats disparates et à partir de plusieurs sources, qu'il devient difficile de les appréhender en utilisant les outils traditionnels de gestion des bases de données. Dans l'univers actuel, les données présentent des caractéristiques que les systèmes d'information usuels ne sont pas calibrés à traiter : elles ne sont pas forcément structurées sous forme de tables et leurs structures peuvent changer ; elles sont produites en temps réel ; elles sont produites mondialement ; elles sont produites en flots continus ; elles proviennent de points d'entrées différents (téléphones mobiles, capteurs, téléviseurs connectés, tablettes, PC fixes, PC portables, caméras, machines) de façon désordonnée et non prédictible. Selon IBM, cette nouvelle rupture technologique résout ces problèmes en recouvrant quatre dimensions ou ce que nous pourrons appeler les 4V du Big Data: Volume: importance et forte croissance des données, atteignant des teraoctets, voire même des petaoctets, d'informations. Vitesse : dans certains processus, tels que la détection de fraudes ou le traitement de données médicales, les minutes comptent. Variété : combinaison de données structurées (tables dans des bases de données) et non structurées (texte, tableaux, vidéos, photos, clicks,...). Véracité : un dirigeant sur trois ne fait pas confiance aux données produites par son propre système d'information traditionnel pour prendre des décisions. L'accès à l'information n'est plus un « sujet » pour l'entreprise d'aujourd'hui. Elle parvient à celle-ci sous différentes formes et en grande quantité. Et l'entreprise a plus à gérer son abondance que sa rareté. Les enjeux pour les dirigeants est de transformer ces informations en innovation et qualité de service pour les clients, et en valeur et dividendes pour les actionnaires. Et il faut le faire mieux et plus rapidement que les concurrents. Les entreprises, qui arriveront à implanter intelligemment le traitement de grandes masses de données au cœur de leurs processus opérationnels, remporteront des points précieux en parts de marché et en rentabilité sur leurs compétiteurs. C'est leur grand défi pour la décennie à venir. Pour ce faire, cinq étapes nous semblent importantes à structurer et dont l'importance et la durée dépendent de la taille de l'entreprise et de la complexité de ses opérations : 1. Installer les capteurs nécessaires pour drainer l'information. 2. Mettre en place les processus d'exploitation et de fiabilisation des données. 3. Investir dans les modèles analytiques pour transformer ces données en connaissances. 4. Choisir les bons outils technologiques de traitement et de restitution sous forme d'indicateurs de pilotage. 5. Diffuser la connaissance ainsi obtenue aux décideurs au bon moment. Durant la campagne présidentielle américaine de 2012, le président Barack Obama a innové en utilisant le Big Data pour mieux adapter son discours aux électeurs, dont les attentes ont été récoltées, analysées et traitées à partir de sources diverses (chiffres de revenus, données sociales et ethniques, préférences politiques, temps passé devant la télévision, activité sur les réseau x sociaux, etc.). Une équipe dédiée a même vu le jour dans son QG de campagne. On a appelé les membres de cette équipe les «data analysts». Le Big Data a fait son apparition dans les médias américains à l'occasion et cela ne fait que commencer. Nabil Adel* * Nabil Adel est cadre d'assurance, consultant et professeur d'économie et de finance. www.nabiladel74.wordpress.com Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.