L'économie américaine bat de l'aile et c'est la Chine qui assure la croissance mondiale. Reste au géant asiatique à maintenir ce rythme… Historiquement, aucun pays n'a réussi à réaliser l'exploit chinois, maintenir une croissance économique étourdissante sur trois décennies. Depuis 1978, le géant asiatique affiche une moyenne de 10% de taux de croissance, et ce n'est pas les 11,9 % de cette année qui risquent de changer la donne ! C'est plus que ce qui a été réalisé par le Japon ou les dragons asiatiques lors de leur décollage économique. Mais un jour ou l'autre, tous les sprinters finissent par faiblir… La croissance moyenne de l'économie japonaise a été de 9,5% sur deux décennies (1950-1970) mais elle a commencé à faiblir lors des années 1970, passant à 4,7% et chutant à 1% dans les années 1990. Pourtant, rien ne semble pouvoir freiner le dynamisme chinois, et la contribution de la Chine à la croissance du PIB mondial est aujourd'hui supérieure à celle des Etats-Unis. Par ailleurs, alors que les prévisions de croissance sont en train d'être revues à la hausse pour la Chine, les Etats-Unis sont plongés dans une crise de l'immobilier qui menace de freiner les dépenses de consommation des ménages. Résultat des courses, l'avenir de l'économie mondiale ne dépend plus uniquement du sort de l'économie américaine, mais il est également tributaire de la capacité de la Chine à maintenir sa croissance au moins sur les deux prochaines années. Mais quelles sont les menaces qui pèsent sur la Chine ? Il y a tout d'abord le fait que son économie est en surchauffe et qu'une inflation non contrôlée menace. Pour les prix à la consommation par exemple, elle a atteint 6,5% au mois d'août dernier, contre 1,3% à la même période de l'année dernière. Toutefois, l'inflation est loin d'atteindre les dangereux niveaux de 1988 et 1994, lorsqu'elle avait dépassé les 25%. La deuxième menace qui pèse sur l'économie chinoise concerne la bulle financière, le cours des actions ayant connu une augmentation de 400% sur deux ans et les PER (Price Earning Ratios) moyens tournant autour de 50. Mais bien qu'il y ait unanimité pour dire que la bulle spéculative est réelle, l'histoire économique montre qu'on ne peut sérieusement envisager un éclatement de cette bulle. Au contraire, les experts prévoient que le cours des actions va continuer à croître pendant un bon moment encore. Il faut dire que les places boursières japonaises et américaines ont déjà connu des PER largement au dessus de 100… Si l'économie chinoise ne peut dérailler ni du fait de l'inflation ni en raison de la bulle boursière, que se passerait-il en cas de récession américaine ? Puisque les exportations représentent 40% du PIB chinois, certains économistes prédisent qu'une chute des exportations, causée par un déclin américain entraînerait des excès massifs de capacité et une lourde chute des profits et des investissements en Chine. Mais l'idée d'une croissance chinoise portée par les exportations est un mythe, la croissance des exportations ne contribuant qu'à 25% de la croissance du PIB chinois. Même en ne tenant pas compte de la croissance des exportations, la croissance du PIB chinois serait de 9% ! Ainsi, la demande intérieure est bien plus importante pour l'économie chinoise. Ces derniers temps, beaucoup de choses ont été dites concernant une nouvelle menace. La Chine souffrirait d'un manque de main-d'œuvre bon marché, la principale source de son extraordinaire croissance ! Ceci est complètement faux ! Certes, il y a des pénuries localisées en matière de main- d'œuvre, mais il est difficile de croire que la Chine puisse réellement manquer de travailleurs bon marché, au moment où 60% de la population vit toujours en milieu rural. L'important différentiel de revenus entre citadins et ruraux va continuer à inciter les travailleurs ruraux à aller vers les usines. C'est ce que confirme une analyse de la Banque Mondiale qui soutient qu'il est peu probable que la Chine connaisse une pénurie de main-d'œuvre. Economiste à la Bank of America de Beijing, Tao Wang explique qu'il est optimiste quant au futur de l'économie chinoise à court et à long terme. Ses préoccupations concernent plutôt le moyen terme, avec un fort ralentissement qu'il prévoit à horizon de dix ans. Traduction : Ali Cherradi