* Apparition de nouveaux géants sur la scène mondiale. * Le Maroc a tous les atouts pour assurer son intégration à l'international. Le Maroc a plusieurs atouts pour réussir son intégration dans l'économie mondiale», ont souligné plusieurs intervenants dans la conférence organisée, le jeudi 9 mars 2006 à Casablanca, par la Société générale marocaine de banques (SGMB). Les conférenciers ont toutefois fait remarquer qu'il y a plusieurs contraintes d'ordres externe et interne qui handicapent ou du moins perturbent le décollage du Royaume. Lors de cette conférence organisée sous le thème «Tendances économiques internationales, défis et perspectives pour le Maroc », Abdelaziz Tazi, président du Conseil de surveillance de la SGMB, a affirmé qu'«il est de toute urgence de renforcer le flux des échanges économiques dans le monde», et d'ajouter que «la Société générale avait déjà une présence au Maroc depuis 1913 avec la première agence ; c'était un levier de facilitation et d'échange économique». Olivier Garnier, directeur des Etudes économiques à la Société générale, a traité dans son intervention la question des tendances économiques internationales. Il a souligné à ce sujet «l'apparition de nouveaux géants mondiaux en matière économique comme la Chine et l'Inde». «La croissance mondiale, a-t-il expliqué, est sur un rythme soutenu. Durant les trois dernières années, elle a été supérieure à 4%. Un niveau jamais réalisé depuis les années 70». «L'économie mondiale, a indiqué Olivier Garnier, connaît des déséquilibres de plus en plus larges qui viennent notamment de Chine et des Etats-Unis». Ces deux pays ont une forte consommation de matières premières, notamment l'énergie, qui dépasse de loin la moyenne mondiale. «Les tendances économiques vont créer à terme des disparités entre pays développés et pays en voie de développement», a affirmé l'intervenant, les premiers dégageront toujours des excédents alors que les seconds vivront avec des déficits». Olivier Garnier a réservé une bonne partie de son exposé au phénomène chinois. «La Chine est devenue un opérateur incontournable dans la donne économique internationale. Le pays a gagné des parts de marché dans plusieurs domaines comme c'est le cas du textile qui a non seulement impacté les produits européens, mais aussi marocains», a-t-il affirmé. «L'expansion chinoise a touché tous les domaines, même les secteurs qui étaient jusqu'à un passé récent monopolisés par le Japon et la Corée comme les nouvelles technologies», a-t-il précisé ; et d'ajouter que «l'effet de change a joué pleinement en faveur de l'économie chinoise, ce qui a permis une accumulation de réserves de près de 900 milliards de dollars». Mais le conférencier a tenu à préciser que «le géant chinois est fragile, la croissance ne sera pas un fleuve tranquille. Les déséquilibres pourraient affecter son itinéraire». Par ailleurs, Olivier Garnier a traité les tendances de l'économie américaine. «Malgré l'apparition de nouveaux géants, l'économie américaine gardera toujours son influence sur l'économie mondiale, a-t-il indiqué, l'excédent d'épargne au niveau international entraînera l'afflux de capitaux vers les Etats-Unis». «La richesse du pays soutient la demande et bien sûr l'investissement. Le dollar a tendance à reprendre l'équilibre face à l'euro», a souligné Olivier Garnier. «L'euro va évoluer autour de la fourchette de 1,25 dollars alors qu'il va se déprécier face aux monnaies asiatiques, notamment le yen», a-t-il déclaré. Pour ce qui est de la zone Euro, le conférencier trouve qu'«elle est malade par rapport aux autres géants, en particulier le Japon et les Etats-Unis et, comme par hasard, ce sont les grandes économies de la zone euro (France, Allemagne et Italie) qui sont à l'origine de son marasme». Les autres économies ont un rythme d'évolution soutenu. Mais Olivier Garnier a expliqué que «la zone euro connaît aussi des taux d'inflation et des soldes budgétaires divergents». Pour sa part, Jean-Christophe Ginet, directeur de la stratégie et du développement à la Société générale, a traité dans son intervention les défis à relever par le Maroc en matière de développement dans le contexte économique international. Il a expliqué que «l'économie marocaine est ouverte vers l'étranger. Elle est intimement liée à l'économie européenne avec qui elle réalise près de 70% de ses échanges extérieurs». Malgré la signature de plusieurs accords de libre-échange, notamment avec les Etats-Unis, la Turquie, l'accord d'Agadir avec trois pays arabes (Egypte, Tunisie et Jordanie), le Maroc reste fortement attaché à l'Europe. «L'essentiel de ses ressources en devises provient des MRE dont une bonne partie est implantée en Europe», a expliqué Ginet. L'ouverture du Royaume vers d'autres pays va lui permettre de diversifier ses débouchés et d'accroître sa compétitivité à l'échelle internationale. Le conférencier n'a pas manqué de souligner que «le Maroc possède plusieurs avantages comparatifs qui sont des atouts de taille pour plus de compétitivité et d'attractivité pour les investissements étrangers. Ginet a poursuivi que les réformes adoptées vont donner du tonus à l'économie. La maîtrise du cadre macroéconomique a permis de faire passer le pays dans une zone à risque modérateur». Il a expliqué que «le pays a plusieurs défis à relever, notamment en matière de développement humain». Le lancement du plan Emergence va renforcer la place du secteur industriel dans l'économie et permettre de délocaliser une partie des activités européennes vers le Royaume. L'économie marocaine reste intimement liée au secteur agricole qui, lui aussi, est lié aux aléas climatiques.