A l'heure où je vous écrivais ce courrier, le nouveau gouvernement n'avait pas encore été formé, et encore moins annoncé au peuple. J'ignore si, entre temps, Abbas El Fassi fera enfin une annonce dans ce sens, mais ce qui est sûr, c'est que les tractations ont plus que duré et que jamais on n'a eu - à ma connaissance - à attendre aussi longtemps avant de connaître la composition d'une équipe gouvernementale nouvellement mise en place, dans le sillage de la nomination d'un nouveau Premier ministre. Le dernier numéro de votre magazine a consacré sa couverture à ce sujet, titrant sur l'héritage de Driss Jettou et le challenge d'Abbas El Fassi. A l'instar de la plupart des autres publications, vous ne vous doutiez peut-être pas que l'échéance raisonnable devant donner au Maroc un nouveau gouvernement allait être un peu plus longue que prévu. C'est «normal». Les calculs politiciens et les négociations d'intérêts entre les diverses formations politiques peuvent parfois tourner à la foire d'empoigne. Un portefeuille de plus par-ci, un poste supplémentaire par-là, un ministère lourd ici, un secrétariat d'Etat là-bas, une promesse d'entreprises publiques à droite, des Offices réservés à gauche, quelques ambassades aux uns, des postes-clés aux autres… Le gâteau fait saliver tout le monde et, d'autant, il est dur à répartir sans faire de tollé ! Ainsi va la politique. Ainsi va le Maroc…