L'exécutif d'Abdelilah Benkirane subit une opposition de principe, idéologique, qui prend souvent des allures démagogiques. C'est un fait. Mais il est tout aussi clair que le bilan, objectif, réel, est loin d'être satisfaisant. Il faut apprécier les résultats obtenus par rapport aux objectifs autoproclamés ou assignés par la conjoncture. Politiquement, le gouvernement actuel a été nommé dans une situation historique très particulière. Il est le fruit de la pression de la rue, du discours du 9 mars et du processus qui s'en est suivi. Le PJD jouit d'une légitimité démocratique incontestable. Dès lors, on attendait de lui qu'il dirige l'opération « mise en musique » de la nouvelle Constitution, tambour battant. Pour le moment, sur les dizaines de textes d'application prévus, seul celui concernant les nominations des hauts fonctionnaires a été adopté. Les élus du PJD en ont fait une priorité parce qu'ils ont réduit les enjeux de la Constitution aux prérogatives du Chef du gouvernement. Le résultat est qu'aujourd'hui, les institutions sont dans le provisoire qui dure. La deuxième Chambre continue à fonctionner sur la base de la Constitution de 1996. Même en application de celle-ci, elle est dans l'illégalité, puisque plusieurs de ses membres ont dépassé la durée de leur mandat, au maximum neuf ans. Les syndicats continent à y siéger. Les relations à l'intérieur de la coalition sont tendues. L'Istiqlal joue une partition suspecte, qui rappelle ses agissements lors du gouvernement Youssoufi. On oublie souvent cet épisode, où Abbas El Fassi torpillait « Si Abderrahman » de mémorandum préconisant la distribution de fermes et d'agréments aux chômeurs diplômés et fustigeant la lenteur du gouvernement. Chabat est dans la même lignée et reprend pratiquement les mêmes critiques, dans des termes presque analogues. Pour quel agenda ? Avec l'opposition c'est la rupture absolue, abandonnant même la simple courtoisie. Et ce, alors même que la nouvelle Constitution élargit les possibilités d'action de l'opposition et en fait un partenaire législatif. Dans ce climat, les effets d'annonce ont été importants, rarement suivis d'un effet quelconque, tous marqués du sceau du populisme. Le gouvernement vante son « sérieux », label auto-octroyé, sa volonté de combattre « Al fassad », concept qui associe pêle-mêle, économie de rente, prévarication, corruption et... hauts salaires, ceux-ci étant les plus stigmatisés. C'est ainsi, que nous avons eu droit à des cahiers des charges pour l'audiovisuel, retirés dans la précipitation, des listes de bénéficiaires de rente publiées sans autre effet que de livrer des noms à la vindicte populaire, des annonces dénonciatrices de pratiques illégales de la part d'anciens responsables, sans poursuites. Economiquement, le gouvernement Benkirane est dans la logique des précédents. Pire, sous la pression d'une conjoncture budgétaire exécrable, il grappille ce qu'il peut et ne propose aucune vision pour sortir de la crise, qu'il évoque enfin ouvertement. Socialement, il n'est plus question d'augmenter les salaires, ni de raser gratis. L'augmentation du prix des hydrocarbures, relativement bien acceptée, a fini par avoir ses effets inflationnistes prévisibles. Les réformes de l'éducation, de la justice, de l'administration, sont toujours au stade des vœux pieux. Le tout dans des conflits permanents avec les syndicats, les organisations professionnelles, entretenus par des déclarations à l'emporte-pièce des ministres en charge de ces dossiers, qui emboîtent le pas à leur Chef du gouvernement. Ils sont en représentation partisane à chaque sortie. Faut-il désespérer ? Assurément non, parce que la construction démocratique a besoin d'une réconciliation définitive entre le citoyen et les institutions. Pour cela, il faudrait que l'exécutif abandonne son train de sénateur pour s'atteler à sortir les réformes, si possible dans un environnement apaisé. La com, même la plus affûtée ne fait pas une politique. Abdelilah Benkirane, Chef de gouvernement Une chefferie chahutée L'homme est fidèle à son personnage, entier, impulsif mais souvent sincère. Il sort des clous plus souvent qu'à son tour, sur des sujets importants, quand il refuse de répondre aux questions sur l'économie à la Chambre des conseillers par exemple. Mais il faut dire qu'il n'est pas aidé par les siens. Son groupe parlementaire est dans la surenchère permanente, l'entraînant dans des controverses dont il se passerait bien. Mais surtout, il n'a toujours pas mis en place l'administration dont l'institution de Chef du gouvernement a besoin. Peu rompus aux affaires de l'Etat, les cadres du PJD dont il s'est entouré tardent à trouver leurs marques. Il faut cependant lui reconnaître un certain courage sur deux dossiers. Le premier, est celui de l'intégration des diplômés chômeurs dans la fonction publique, sans concours. Il reste inflexible, alors que par démagogie, même ses alliés lui demandent de céder. C'est lui qui a raison, parce qu'il défend l'égalité des chances de tous les citoyens. Le second, concerne la décompensation. C'est un dossier complexe, où il aura besoin du soutien politique de tous et d'une communication beaucoup plus pédagogique. Pour y réussir, il faudra qu'il mette de l'eau dans son vin, manière de parler bien sûr, en évitant les prises de bec et surtout qu'il s'entoure de compétences techniques indiscutables, même en dehors de son parti. Abdellah Baha, ministre d'Etat Discret sur toute la ligne Le ministre d'Etat est considéré comme le numéro deux du gouvernement. Certains le considèrent même comme l'éminence grise de Benkirane. Ce que l'on sait, c'est que la connivence entre les deux est totale et que Baha est le principal collaborateur de Benkirane. A l'inverse de son ami, Baha est un introverti qui ne se livre jamais. Du coup, personne ne peut évaluer son travail, d'autant plus que ses prérogatives sont floues. En vérité, il agit comme le véritable directeur de cabinet du Chef du gouvernement élevé au rang de ministre d'Etat par son ami. Ce qui est en soi un problème institutionnel. Sa discrétion n'est pas feinte, c'est sa nature. Au poste qu'il occupe, elle le dessert. Prévu pour jouer un rôle d'animateur des équipes, il est relégué à un rôle d'assistant, parce que Benkirane occupe tous les espaces. La relation entre les deux hommes ne concerne pas l'opinion publique qui n'est pas convaincue de l'utilité de ce ministère. Intérieur La maison Maroc ? L'attelage choisi pour mener le ministère de l'Intérieur, un politique, Mohand Laensar, un pur produit de la maison, Charki Draïss s'est révélé un bon casting. L'administration territoriale s'est moulée dans les dispositions de la nouvelle Constitution sans gros accrocs. Les textes pour l'organisation des élections sont prêts et n'attendent que les accords politiques, la date de juin étant retenue. Le respect de l'Etat, du droit, guide l'action des forces de l'ordre sans céder à l'anxiété conjoncturelle. Attitude soutenue politiquement par le Chef du gouvernement, il faut le souligner. Le duo fonctionne bien, évite de faire des vagues, Draïss ne parlant jamais et Laensar fort peu. Ils savent que les textes sur la régionalisation sont importants, que l'organisation des élections communales doit permettre de déboucher sur une meilleure gestion locale. Ils ont sauvegardé le rôle pivot de l'administration territoriale, sans se mettre à dos les populistes de tous genres. En évitant les controverses, ils ont amélioré l'image du département de l'Intérieur. Affaires étrangères La continuité de l'Etat Saâd Eddine El Othmani n'a pas révolutionné la diplomatie marocaine. Ni sur le plan stratégique, les options étant désormais permanentes, ni sur les méthodes. Il a donné l'image d'une diplomatie agissante, efficace, sans être trop voyante. Sur le dossier Syrien, le Maroc est aux avant-postes à l'ONU, au sein du Conseil de sécurité dont il est membre non permanent, au sein du groupe des amis de la Syrie. Il développe les rapports de partenariat de manière satisfaisante. Il est arrivé à utiliser la fameuse exception marocaine pour rassurer. Dans tous les pays du monde, les Affaires étrangères sont le jardin privé du chef de l'Etat. Othmani a eu l'intelligence d'agir en conséquence, tout simplement en s'inscrivant dans la continuité, loin de tout couac. L'épisode Christopher Ross s'est finalement bien terminé, puisque celui-ci a fini par reconnaître ses erreurs. La bataille sur le dossier du Sahara est complexe, mais le nouveau chef de la diplomatie fait ses gammes de manière très rapide. Mustafa Ramid, ministre de la Justice et des libertés Prisonnier de son passé L'actuel ministre de la Justice et des Libertés publiques, a d'abord été un avocat, instrumentalisant le droit pour ses visées politiques. Quelques jours avant les élections du 25 novembre, il considérait les détenus de la Salafya Jihadia comme des détenus politiques. Nommé, il essuie les critiques de ses clients, mais aussi des juges, des greffiers, des avocats. Son projet de réforme contient des dispositions qui vont dans le bon sens. Mais il n'a pas l'adhésion des catégories professionnelles et perd chaque jour en crédibilité. C'est la rançon du populisme en politique, où les opposants soutiennent tout ce qui est contre. Une fois aux affaires, ils sont nus. Pourtant, Ramid a de bonnes pistes pour une réforme essentielle. Ahmed Toufiq, ministre des Habous et des Affaires Islamiques L'argent de la religion Ahmed Toufik, soufi, boutchichiste déclaré, a été maintenu au gouvernement au nom de la permanence de la commanderie des croyants. Il devait continuer à mettre en œuvre une politique de mise en application du contrôle du champ religieux. Il n'a pas réussi à arrêter les fatwas erratiques, ni à faire des mosquées, des lieux de prière en dehors des contingences politiques. Son ministère est l'un des ogres du foncier. Les langues se délient, il y a des milliards de dirhams en jeu et cela se fait dans l'opacité absolue. Echec politique et suspicion de prévarication, menacent son magistère. L'homme est en plus hautain, peu convivial. C'est une erreur de casting. Monsieur loi ! Le secrétariat général du gouvernement est considéré par plusieurs, comme le cimetière des lois. Une mauvaise réputation dont pâtit ce département. Le mandat de Driss Dahak, Secrétaire général depuis 2008 n'y a pas changé grand chose. Que ce soit sous l'ère El Fassi ou de Benkirane, les parlementaires reprochent à Driss Dahak et son département la lenteur dans le traitement des lois. D'où l'appellation du «cimetière des lois». On peut au moins citer au crédit de Driss Dahak sa volonté de moderniser ce vieux mammouth. Il a proposé un projet étalé sur deux ans pour la rénovation de l'Imprimerie officielle. Par ailleurs, le site web du SGG est l'un des sites les plus actualisés au niveau du gouvernement. Il y a eu plusieurs avancées dans ce sens. L'on peut y trouver les derniers textes de lois adoptés. Et même les avants-projets de textes à commenter. D'ailleurs, il y a quelques jours, le SGG a annoncé qu'une nouvelle version de son site web, comportant de nouveaux services électroniques, sera lancée prochainement. Economie et Finances L'emprunt international sauve (partiellement) 2012 Nizar Baraka, l'argentier du Royaume, aurait certainement souhaité arriver à la tête du département des Finances dans une autre conjoncture. Les indicateurs macro-économiques sont au plus bas : le déficit budgétaire s'aggrave, ainsi que celui de la balance commerciale, les réserves de change s'amenuisent, les investissements étrangers se réduisent... Lorsqu'il prend les rênes du ministère, il a en quelque sorte les mains liées puisque la mouture globale de la Loi de Finances 2012 est déjà élaborée par son prédécesseur. Pourtant, Nizar Baraka aurait pu en quelques semaines ou quelques mois, modifier certaines choses. Mais il a préféré ne pas toucher grand chose, le texte étant pour l'équipe Benkirane, un projet de transition. Les espérances sont néanmoins ressenties au fur et à mesure que le ministre prend ses fonctions. Pour pallier les effets de la crise, l'équipe Benkirane décide alors d'augmenter les prix du carburant pour renflouer les caisses de l'Etat. La pilule a fini par passer. Ce que Baraka a réussi en 2012, et compte tenu du contexte de l'étranger, c'est l'émission d'un emprunt obligataire de 1,5 milliard de dollars à des conditions, du moment, avantageuses. Une bouffée d'oxygène en cette fin d'année. L'équipe gouvernementale peut souffler un peu avec cette nouvelle rentrée d'argent. Mais l'année 2013 s'annonce pour l'argentier du Royaume aussi difficile. Certes, le projet de Loi de Finances intègre de nouvelles recettes à collecter (taxes sur les revenus des personnes physiques et morales, taxes sur le sable, le béton), mais il n'en demeure pas moins que l'objectif de maintenir stables les indicateurs macro-économiques s'avère un exercice encore difficile. Nizar Baraka aura plusieurs défis à relever, celui d'assurer la prévision de croissance du PIB qui avoisinerait les 4% en 2013, la réduction du niveau du déficit budgétaire aux environs de 3%, et aussi la baisse de la masse salariale. Depuis quelques années, avec la création de nouveaux postes budgétaires et les promotions (dialogue social), elle enfle. Nabil Benabdallah, ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Politique de la ville Un courage prometteur Le ministre de l'Habitat et de la politique de la ville n'a pas mis longtemps à établir sa feuille de route. Il dénonce des procédures kafkaïennes qui ne profitent qu'aux corrompus dans les différentes administrations. De la même manière qu'il réclame la plus grande des sévérités envers les agents d'autorité qui laissent fleurir l'habitat insalubre, rendant caduque l'action de l'Etat. Il essaye de mettre bon ordre dans la promotion immobilière et le logement social, en sachant que c'est un secteur essentiel pour l'économie, mais que le soutien de l'Etat doit être conditionné. Il ne contrôle ni « Al Omrane » l'opérateur public, ni les Agences Urbaines de Casablanca et Rabat. Sans ces outils, il lui sera difficile de mettre en place sa politique. Il a le courage de le crier haut et fort en espérant avoir gain de cause dans un avenir proche. Par contre, on l'attend toujours sur la politique de la ville, le concept lui-même est nouveau et c'est pour la première fois qu'une telle appellation existe au gouvernement. Reste à lui donner un contenu. Aziz Akhannouch, ministre de l'Agriculture et de la Ppêche maritime Un calendrier chargé pour des décisions durables Le bilan de la première année de son nouveau quinquennat, atteste des efforts qu'il a fournis en vue de développer le secteur de l'agriculture et de la pêche maritime au Maroc. En moins d'une année, Aziz Akhannouch a achevé et lancé plusieurs projets dans les différentes filières sous la houlette de son département. En 2012, le ministre a entamé plusieurs actions, dont la préparation d'un programme complémentaire de soutien aux producteurs fragiles, via l'élargissement de la surface des terres agricoles assurées, ainsi que par l'augmentation du nombre de bénéficiaires des terres aménagées. Dans le cadre de la promotion de l'agriculture solidaire, Akhannouch a activé de nombreuses mesures anticipatives pour tempérer les effets de la sécheresse. Entre autres, il y a l'injection d'un montant de 2,8 milliards de dirhams dans le Fonds de développement agricole. Une autre enveloppe de plus de 760 MDH pour l'aide aux agriculteurs surendettés a été aussi débloquée. L'année 2012 a été marquée également par la poursuite de l'encadrement des agriculteurs. Le ministère compte dans ce cadre recruter près de 400 nouveaux consultants d'ici 2015, afin d'atteindre un taux d'encadrement d'un consultant pour 1.450 agriculteurs, au lieu de 3.300 actuellement. Pour l'irrigation, les données du département de tutelle montrent qu'au cours de cette année 2012, ce sont 190.000 hectares qui ont été reliés au réseau d'irrigation. Un autre projet qui a marqué les esprits cette année, consiste au lancement au mois de mai 2012 d'une nouvelle station de conditionnement d'agrumes dans la province de Béni Mellal. C'est un projet d'un investissement exemplaire, visant à réformer l'agriculture à travers une station de conditionnement qui permettra un travail équilibré entre l'agrégateur et l'agrégé, afin d'augmenter la productivité des agrumes au niveau de la région. Du côté de la pêche maritime, Akhannouch vient de signer un mémorandum d'entente et un nouvel accord de coopération avec la Russie qui permettra à une flotte de dix navires russes de reprendre leur activité de pêche dans les eaux marocaines pour une durée de quatre ans. Dans la même veine, le ministre de l'Agriculture a lancé un appel à manifestation d'intérêt pour le projet de développement de l'aquaculture marine dans la zone méditerranéenne en vue d'atteindre les objectifs fixés par la stratégie nationale. Les actions entreprises par ce ministre du PPS sont nombreuses. Malgré cela, il reste beaucoup à faire en 2013 au regard de l'importance du secteur. A commencer par la réhabilitation et l'amélioration des performances du secteur avicole et celui de la pêche maritime. Mohamed El Ouafa, ministre de l'Education nationale Un ministre dans la tourmente Il est plus un grand commis de l'Etat qu'un homme politique, et défraye la chronique par ses sorties tonitruantes et spontanées. Il a eu une carrière bien remplie, et ses différentes affectations l'auront mené depuis représentant plénipotentiaire à ministre de l'Education Nationale, poste tronqué d'une partie de ses attributions, celle de l'Education post-bac. Les chantiers qu'il mène sont ceux de la mise à niveau de l'Education nationale, depuis longtemps en panne. Il doit batailler pour désenclaver les zones rurales et montagneuses. Tout comme il essaie de structurer l'affectation des enseignants. Il doit faire face à l'opposition syndicale, et ce, malgré l'assise de son parti dans l'enseignement public. Pourtant, il est dans le ton du gouvernement actuel: des sorties médiatiques incisives, une défense active, et une remise en cause constante des “poches de résistance". L'autre chantier, hérité cette fois-ci, est celui de l'enseignement de la langue berbère qu'il a pris à bras le corps. Mais là encore, il doit faire face à la radicalisation de la société qui fait de l'arabe, langue de l'islam, la pièce maitresse. Il doit donc voguer entre des contraintes internationales, qui font de l'anglais la langue mondiale, du français la langue des études supérieures et des affaires, et du berbère, la langue des aïeux. Difficile jeu d'équilibre pour ce ministre, coincé entre le marteau et l'enclume. Lahcen Daoudi, ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres Une ambition dans la grisaille Le ministre de l'Enseignement supérieur a d'abord commencé par un constat cinglant, mettant en cause ses anciens collègues, les enseignants universitaires. Il a dénoncé les phénomènes de corruption, le commerce des diplômes. Il a ensuite développé sa stratégie, celle de conventions avec des écoles réputées pour créer des filiales marocaines et offrir des cursus performants aux étudiants marocains, à qui il a offert une augmentation de la bourse. Sa volonté de réforme bute sur le corporatisme d'une part, et sur la faiblesse des moyens d'autre part. Pourtant, si l'on évite l'idéologisation de la question, plusieurs de ses propositions paraissent aller dans le bon sens, celui de la réhabilitation de l'université marocaine, totalement discréditée par la baisse du niveau et les pratiques mafieuses. Mohamed Ouzzine, ministre de la Jeunesse et des Sports Palabres, palabres Le ministre de la Jeunesse et des Sports est très sympathique. C'est un bon client pour les journalistes parce que c'est un communicateur né. Mais son bilan, objectivement, est maigre. Il n'a entamé aucune action d'envergure pour revitaliser les maisons de jeunes et en faire un outil éducatif réel, ce qui fait pourtant partie de son programme. S'il a changé de directeur des sports, il n'a en rien infléchi la politique sportive. Les fédérations continuent dans l'illégalité, plusieurs contestations sont devant la justice civile et non pas sportive. La problématique des équipements pour les sports olympiques perdure, puisque seuls des stades de football sont programmés. Le jeune Ouzzine doit passer des paroles aux actes et traduire son discours, séduisant, en action publique en faveur de l'épanouissement de la jeunesse et du développement des sports. Aziz Rabbah, ministre de l'Equipement et du transport Le constructeur des châteaux de sable Aziz Rabbah a hérité de l'un des ministères techniques les plus importants, au cœur de l'économie nationale. Seulement, il est toujours en campagne électorale. La publication des listes des bénéficiaires des agréments et des carrières sont apparues pour ce qu'elles sont : de simples opérations de communication politique, stigmatisant des gens au passage. Il avait promis une grande réforme des transports, il a réalisé une réformette sur le transport mixte. On attend toujours son projet pour démanteler la rente. Son contrôle sur la RAM, l'ONCF ou la Société des Autoroutes est encore moins visible que par le passé. Lui aussi tarde réellement à trouver ses marques et à mettre en exécution le programme gouvernemental. Il a intérêt à le faire avant de devenir l'otage de la superpuissance de la technostructure de son ministère. Hossein El Ouardi, ministre de la Santé Un médecin pour guérir le secteur Depuis sa nomination comme ministre de la Santé, El Hossein El Ouardi, a fait preuve d'une véritable volonté de changer les choses. Il a commencé par remettre de l'ordre dans certaines directions sensibles de son département. Il a su faire montre à la fois de diplomatie et de fermeté. Il n'a pas hésité à tacler les médecins sur la question du Temps Plein Aménagé, en interdisant aux médecins du public de pratiquer dans les cliniques privées. Mais il a également réussi à faire avancer les débats sur la question des prix des médicaments entre les différents opérateurs du secteur. Les actions entreprises par ce ministre du PPS sont nombreuses. Malgré cela, il reste beaucoup à faire au regard de l'importance du secteur et des maux qui le rongent. A commencer par le RAMED et l'AMO, dont l'implémentation n'est pas encore au beau fixe. Sans une bonne couverture médicale, les indicateurs de santé ne pourront pas s'améliorer. Le ministère doit plancher sérieusement sur les problèmes qui gangrènent le secteur des cliniques privées. Le réformer pour lui assurer une véritable gouvernance et transparence. Il faut aussi accentuer les contrôles en appliquant les sanctions quand la situation l'exige. Plus important encore, donner aux citoyens un moyen de recours en cas de tort subi dans une clinique ou par un médecin. Sans oublier la mise à niveau des infrastructures hospitalières en équilibrant la carte sanitaire. Il est plus qu'impératif de rapprocher les hôpitaux et centres de soins des citoyens éloignés de l'axe Casa-Rabat. Dire qu'El Hossein El Ouardi a du pain sur la planche, n'est rien comparé à ce que son département doit encore accomplir. Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement Mi-figue, mi-raisin Le ministre de la Communication était préparé à la fonction. Membre de la direction du syndicat, il connaissait les dossiers. Il a pris une leçon sur les cahiers des charges, il a mesuré les pesanteurs des médias publics, indépendamment du contenu de sa politique à lui, et a dû faire marche-arrière. La manière dont il veut réglementer les productions externes pour les télévisions n'est pas plus heureuse et suscite des controverses. Cependant, il a bien avancé sur d'autres fronts. Il a réalisé un consensus autour du code de la presse et paraît en mesure de le faire adopter cette année, alors qu'il est en friche depuis six ans. Il s'est aussi mis dans la peau du porte-parole du gouvernement et réagit instantanément à toute attaque contre les intérêts du Maroc. Mustapha Khalfi reste ouvert au débat avec les professionnels et n'a pas commis l'erreur de s'emmurer dans les certitudes de ses convictions politiques. Si son bilan est mitigé, c'est aussi parce que la fonction est complexe et son exercice doit tenir compte des équilibres politiques très subtils. Khalid Naciri avait choisi l'immobilisme pour éviter tout faux-pas. Khalfi agit et prend donc des risques. C'est aussi cela un ministre politique. Fouad Douiri, ministre de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement Les énergies renouvelables sont sa priorité 2012 ! C'est l'année de Fouad Douiri par excellence. Et pour cause, en moins de douze mois, il a réussi à donner un coup d'accélérateur au secteur, pour positionner le Maroc en tant que référence africaine, voire mondiale en la matière. Les premiers fruits de ses efforts se sont traduits par le démarrage de la première phase du site de Ouarzazate, un mégaprojet dédié à la diversification des ressources énergétiques qui a été confié au groupe Akwa Power, suite à un appel d'offres public. Ainsi que par le lancement des études techniques et l'appel d'offres de la deuxième phase du même site, dont les résultats seront annoncés en début d'année prochaine. Toujours dans le cadre de la première phase du Plan solaire, Fouad Douiri est parvenu à dépasser les objectifs prévus par la stratégie nationale des énergies renouvelables en termes d'intégration industrielle. En effet, le taux de ce dernier a largement dépassé les 30% fixés par la stratégie nationale. Le ministre istiqlalien a également lancé une étude sur la stratégie nationale du développement durable, qui a pour objectif d'évaluer la durabilité des politiques publiques. Du coté du secteur minier, Douiri a d'ores et déjà préparé une stratégie, un nouveau code qui seront présentés début 2013. Aussi, il a entamé les négociations sur l'export de l'énergie. Il s'agit d'un projet qui figure parmi les dossiers prioritaires pour l'année 2013, à côté de celui de la fiscalité verte où un premier pas est franchi cette année avec la taxe sur le plastique prévue dans le projet de Loi de Finances 2013. Abdelouahed Souhail, ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle Vers une rupture avec les stratégies improvisées Près d'une année à la tête du ministère de l'Emploi et de la Formation professionnelle, Abdelouahed Souhail ne semble pas encore avoir pris ses marques. Malgré sa volonté de changer les choses, il n'est pas arrivé à imprimer un rythme soutenu à son département qui roule à deux vitesses. En effet, lors de sa première année, il a réussi à mettre certaines lois dans le circuit de l'adoption. Pour rappel, ces dernières ne sont autres que les projets à la couverture médicale de base pour les étudiants, la mise en place de services dédiés à la gestion des affaires sociales des salariés d'entreprises productives, et la remise des cotisations à la CNSS au profit des assurés ayant atteint l'âge de la retraite sans avoir cumulé les jours donnant droit à la pension de retraite. En revanche, les dossiers les plus compliqués ont été reportés à l'exercice prochain. Concrètement, 2012 était une année de réflexion pour le département de Souhail, puisqu'il a seulement donné le coup d'envoi à l'élaboration des stratégies qui seront déployées en 2013. Une année où Souhail prévoit d'entamer plusieurs actions. D'abord, il s'attèlera à renforcer la gouvernance du marché de l'emploi, d'améliorer les conditions d'intégration dans le secteur privé avec un meilleur ciblage des chercheurs d'emplois et de soutenir la compétitivité des entreprises et de l'auto-emploi. Ainsi, le ministre du PPS envisage de réduire les inégalités entre les régions pour la création de l'emploi, à mettre en œuvre les réformes du système de l'éducation et de la formation dans le but de réussir l'équation entre la formation et le marché de l'emploi et à renforcer les moyens de suivi et de diagnostic du marché du travail. En somme, Abdelouahed Souhail semble déterminé à résoudre une bonne partie des dossiers de l'emploi et de la formation. Encore faut-il que ces actions donnent les effets escomptés afin de réduire le taux de chômage à 8% d'ici la fin de son mandat. Abdelkader Aâmara, ministre de l'Industrie, du Commerce et des Nouvelles technologies Des chantiers à accélérer A sa nomination déjà, il était qualifié de super ministre. Le ministère qu'on lui a confié, celui de l'Industrie, du Commerce et des Nouvelles technologies, intégrait également le département du commerce extérieur. Depuis, il est le ministre du gouvernement Benkirane qui a le plus de plans sectoriels à chapeauter, mais aussi le plus exposé. Outre les trois plans qui étaient jusque là menés par Ahmed Réda Chami, à savoir Emergence, Rawaj et Maroc Numeric, il avait aussi à conduire le plan Maroc Export Plus. C'est dire combien les enjeux sont énormes puisqu'il s'agit de secteurs qui ont des objectifs ambitieux, en termes de contribution au PIB et d'emplois à créer. Autrement dit, il s'agit de chantiers pour lesquels ses prédécesseurs, Abdellatif Maâzouz et Ahmed Réda Chami, avaient franchi des phases importantes dans leur mise en œuvre. C'est pourquoi, Abdelkader Aâmara, suivant les orientations du gouvernement, n'a remis en cause aucune de ces stratégies sectorielles. Bien au contraire, il avait promis d'en accélérer la cadence. Mais auparavant, il avait promis de procéder à leur audit en termes d'objectifs, de degré de leur complémentarité, sans oublier leurs déclinaisons régionales. Pour l'heure, de petites avancées ont été enregistrées par ci et par là, notamment pour Maroc Numeric, mais nous sommes encore loin de la cadence imprimée par ses prédécesseurs pour ces secteurs pour lesquels l'audit promis n'est toujours pas réalisé. Si pour le plan Maroc Export Plus, une vision globale et intégrée est en train d'être élaborée pour lever les obstacles aux exportations, le programme Rawaj, lui, ne connait encore que l'application d'un seul volet qui est relatif au commerce de proximité. Le volet infrastructures et marchés de gros, par exemple, attend toujours. Pour le Plan Emergence, il faut dire qu'Aâmara n'a pas été « gâté » par la crise internationale. C'est la raison pour laquelle il doit poursuivre l'amélioration du climat des affaires afin d'attirer plus d'investissements étrangers. L'on s'attend aussi à la poursuite du programme d'aménagement de P2I et de nouvelles zones industrielles dans les régions. Lahcen Haddad, ministre du Tourisme Contre vents et marées ! Lahcen Haddad a hérité d'un portefeuille qui est pour le moins que l'on puisse dire, stratégique pour le Maroc. Locomotive du développement du pays, pourvoyeur de devises, créateur d'emploi et de richesse, le secteur touristique est au centre de la politique économique globale du Maroc. Au regard de ce qui précède, d'aucuns penseraient que Lahcen Haddad a tout l'appui qui lui est nécessaire, et sa tâche est donc aisée. Or, la réalité est à l'opposé. Il a hérité d'un secteur en pleine crise dont la vision à échéance 2010 a laissé un sentiment d'inachevé chez tous les opérateurs du secteur, et dont la nouvelle vision 2020 est tout, sauf claire et précise. Des opérateurs qui ne savent pas s'ils doivent pallier les problèmes conjoncturels ou s'attaquer à ceux à caractère structurel. Des investisseurs qui se comptent sur le bout des doigts. Une gouvernance mal au point. Et enfin, des objectifs à atteindre à une échéance quasi impossible. La cerise sur le gâteau n'est autre que la compagnie aérienne nationale qui se concentre en priorité sur ses problèmes financiers et refuse désormais de soutenir le tourisme à ses dépens. Voilà le tableau du secteur du tourisme avec lequel Lahcen Haddad doit composer. N'étant pas homme à baisser les bras, ce dernier tente tant bien que mal d'aller de l'avant. Il faut bien commencer par un point de départ. Le ministre a choisi de s'attaquer au volet du financement, de la gouvernance et celui de la régionalisation de la vision 2020 à travers la signature des contrats programme régionaux (CPT). Et même à ce niveau, le ministre n'est pas au bout de ses peines. Car valeur d'aujourd'hui, la haute autorité du tourisme et sa déclinaison régionale ADT n'ont pas encore vu le jour. En dépit de toute sa bonne volonté, Lahcen Haddad est pour l'heure dépassé par les événements. Il avance certes, des chiffres intéressants pour 2012, comme les 14 milliards de dirhams d'investissements touristiques. Mais est-ce assez ? L'on serait tenté de répondre par la négative, lorsqu'on se rend compte que le secteur a déjà un retard de trois ans dans la mise en œuvre de la vision 2020. Bassima Hakkaoui, ministre de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social La tocarde absolue La Constitution fixe le cap de la parité entre les sexes comme un objectif. Le gouvernement d'Abdelilah Benkirane ne comporte qu'une seule femme. Elle est loin d'être la bonne. Anti-féministe, elle est pour le mariage des filles à partir de 13 ans. Ses déclarations sur le viol sont tout simplement intolérables, puisqu'elle considère que les violées, par leur apparence excitent les violeurs. Elle est en difficulté face aux ONG féministes, n'ose pas s'imposer à l'agence de développement social, n'a aucun projet non idéologique. Elle doit gicler, c'est une question de salubrité publique. Mohamed Amine Sbihi, ministre de la Culture Réhabiliter la culture Touria Jabrane et Himmich ont laissé un champ de ruines en héritage. Le ministère de la Culture a de tout temps été un parent pauvre. Mais des ministres tels que Sinaceur ou Achaâri ont réussi à poser les jalons d'une politique, malgré la faiblesse des moyens. Sbihi tente de renouer avec ce passé. Il a d'abord mis de l'ordre dans son département, ravagé par des pratiques peu éthiques. Il réexamine les politiques de soutien et surtout réanime les délégations régionales endormies par cinq années d'inaction. Il faut lui souhaiter bonne chance, car la culture est un facteur essentiel pour tout projet de société. Les potentialités existent, y compris au sein du ministère. Les prochaines étapes sont plus compliquées, parce qu'il s'agit de restructurer partout. L'édition, la musique, le marché de l'art, les théâtres, ont besoin d'un nouveau cadre, or les intervenants sont multiples. Sbihi a trouvé la méthode, il doit rechercher les moyens de sa politique. Lahbib Choubani, ministre chargé des Relations avec le Parlement et la société civile L'arbitre de matchs de boxe Le moins que l'on puisse dire, c'est que Lahbib Choubani est le plus discret des ténors du PJD. C'est qu'il n'est pas porté à s'exprimer bruyamment, mais plutôt à agir concrètement. Le chantier phare qu'il a lancé concerne l'absentéisme des députés au Parlement. Depuis, silence radio. Dans la conjoncture actuelle, il doit d'abord gérer une opposition qui se forme, parfois dans la violence. Ce qui lui échappe parfois. En tant que ministre des Relations avec le Parlement, il doit gérer les relations avec les élus, autant que ceux de la majorité. Y compris l'opposition issue des rangs du PJD lui même. Reste que dans la conjoncture actuelle, il n'a pas réellement la latitude de gérer des alliances qui, dans les partis de la majorité elle-même, sont parfois considérées comme contre nature. Son action dans l'enceinte du Parlement reste donc limitée à la recherche d'une harmonisation et d'une tentative de rationalisation des différentes composantes de l' oppositions. Les relations avec la société civile sont un autre chantier, plus délicat. Là, curieusement le Ministre est hors concours. Un peu comme si la société civile se limitait au MUR, lui-même issu de la même matrice. Visiblement, le dialogue avec les “progressistes" n'est pas à l'ordre du jour. Abdessamad Qaiouh, ministre de l'Artisanat Il doit persévérer ! Le ministre de l'Artisanat, AbdessamadQaiouh a pris le train en marche. Son département est doté d'une vision stratégique à l'horizon 2015 dont la mise en œuvre avait déjà démarré bien avant sa nomination. Il avait donc pour principale mission l'accélération de l'exécution des chantiers de cette vision. Cette accélération passait en premier lieu par la généralisation de la déclinaison régionale de la stratégie nationale de développement de l'artisanat. Ce que le ministre s'est attelé à faire. Mieux encore, le département de l'artisanat a ajouté six PDRA (Plan de Développement Régional de l'Artisanat) en plus des six premiers annoncés dans le cadre de la Vision 2015. Actuellement, le ministère suit de près 11 PDRA, dont six sont déjà signés, cinq en cours de signature, et d'autres dans les dernières étapes de préparation. Il faut dire qu'Abdessamad Qaiouh a été tout sauf discret, remettant l'artisanat au devant de la scène médiatique. Il a multiplié les sorties et les annonces. L'opérationnalisation de l'observatoire national de l'artisanat. Le lancement du projet de promotion du label national de l'artisanat. La mise en œuvre du plan de promotion du mono artisan. La participation aux différentes foires et salons, comme le SIAPAT (Salon International de Développement des Arrières-pays à Taroudant). Les chiffres pour l'année 2012 confortent cet esprit de dynamisme insufflé par le jeune ministre. Toutefois, tous ces efforts ne sont pas venus à bout des problèmes dont souffre l'un des plus grands secteurs employeurs au Maroc. Des problèmes organisationnels, l'absence de couverture sociale, la difficulté d'accès au financement bancaire, l'enchérissement des matières premières, la concurrence étrangère. Autre problème auquel devra faire face Qaiouh, l'opérationnalisation des zones d'activité dédiées à l'artisanat prévue dans neuf villes, sur près de 458 hectares. Déjà, le premier projet du programme bute sur un problème de foncier à Casablanca. Abdellatif Maâzouz, ministre Délégué auprès du Chef de gouvernement chargé des Marocains résidant à l'étranger Le lien avec le « bled » Il serait facile d'affubler un ministre de tous les maux de la terre. Si les rentrées de devises des MRE sont en baisse, ce n'est certainement pas la faute d'Abdellatif Maâzouz, en charge depuis peu du dossier. La crise est passée par là. Certes, il gère les affaires courantes, organise des camps de vacances et de scoutisme, mais son action est avant tout de raffermir les liens entre les MRE et leur pays d'origine, le Maroc. Une mission qu'il accomplit, même si sa formation d'économiste et de manager le porterait plus vers la gestion des affaires. Il est tout de même le liant entre notre communauté à l'étranger et le “bled", même lorsqu'elle est réduite à la simple expression de “rentrée de devises". Les circonstances jouent contre lui, et il hérite de beaucoup de dossiers. Peut-être devrait-il élargir le rôle des MRE à des apports en matière de culture, de développement et de prescripteurs de politique intérieure, et non plus de « mandats » envoyés. Abdelâdim El Guerrouj, ministre délégué auprès du chef de gouvernement chargé de la fonction publique et de la modernisation de l'administration Des chantiers gigantesques ! Le département que chapeaute Abdelâdim El Guerrouj est vital. Il doit à la fois gérer la fonction publique et moderniser l'administration. Deux missions qui sont loin d'être des plus aisées. La première est d'autant plus importante que la nouvelle Constitution consacre l'égalité des chances pour l'accès à la fonction publique. Ainsi, l'on voit plus souvent des appels à candidature pour des postes de responsabilité au sein des départements ministériels ou dans des entreprises publiques. Si cette réalisation n'est pas à mettre directement à l'actif d'El Guerrouj puisqu'il s'agit d'une disposition de la Constitution, il n'en reste pas moins que ce dernier veille au grain pour le respect de cette loi. Par contre, il n'a pas bronché sur la question de l'intégration directe des diplômés chômeurs dans la fonction publique, affirmant qu'il est impossible de mettre en œuvre les engagements pris par les gouvernements précédents à ce sujet. Il a, dans ce sens, publié une circulaire fixant les mesures concernant le domaine de transparence, d'intégrité et de mérite, consistant notamment à rendre publique, au début de chaque exercice financier, la liste des postes budgétaires à pourvoir, en plus d'un calendrier bien déterminé des concours que chaque administration compte organiser. A ce niveau, El Guerrouj semble mettre toutes les chances de son côté pour réussir ce chantier. Par ailleurs, moderniser l'administration marocaine est un vrai parcours du combattant. En septembre dernier, Abdelâdim El Guerrouj a donné le coup d'envoi, visant à la simplification d'une centaine de procédures prioritaires pour les citoyens et les entreprises. Malgré cela, les efforts dans ce domaine, aussi importants soient-ils, restent faibles face à la lourdeur de cette tâche. Mohamed Najib Boulif, ministre délégué auprès du Chef de gouvernement chargé des Affaires générales et de la gouvernance Compensation, encore et toujours C'est un département un peu « fourre-tout » où l'on retrouve quand même de grands dossiers à gérer comme la compensation, la gouvernance et l'économie sociale et solidaire. Depuis qu'il est à la tête de ce département, Najib Boulif n'a pas pris de grandes décisions. Il faut dire qu'en l'espace d'une année seulement, il est difficile de faire aboutir autant de chantiers. Sur le volet de la compensation, avec les Finances, il a été convenu d'augmenter les prix à la pompe. Mais la réforme tant attendue n'a pas vu le jour. Boulif, à chacune de ses sorties médiatiques, déclare qu'elle sera progressive et que les études et les modalités sont en train d'être finalisées. Preuve en est, pour la première fois, il annonce une date concernant le début de l'octroi des aides financières directes: avant juin 2013. Mais d'ici là, plusieurs aspects devront encore être fixés, comme le choix des bénéficiaires, le montant à accorder, les instances qui assureront la distribution de ces aides... Sur le plan de la Gouvernance, il n'a pas été fait grand-chose. Mais le département ministériel assure qu'il s'est penché, entre autres, sur la mise en cohérence des politiques publiques. Et pour cela, avec le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), il va organiser les premières Assises nationales de la gouvernance, sous le thème « la convergence des stratégies et programmes sectoriels», les 29 et 30 janvier 2013 à Rabat. Quant à l'économie sociale et solidaire, Najib Boulif a dressé un plan d'actions pour valoriser les produits, trouver de nouveaux débouchés, renforcer les acteurs du secteur... Dans les chantiers qu'il s'est fixé, notons les projets de loi pour les coopératives et celui encadrant le commerce équitable, la mise en œuvre des plans régionaux, la mise en place de l'observatoire national d'économie sociale et solidaire, etc...