Depuis 2008, la sécurité des employés au travail est devenue une obligation légale pour les employeurs. Cela a dynamisé le marché des équipements de protection, mais ce dernier souffre aujourd'hui d'une certaine désorganisation. Le marché des équipements de protection individuelle (EPI) a connu une forte dynamique depuis l'arrêté du 12 mai 2008. Ce dernier a en effet rendu obligatoires “la préservation de l'hygiène et de la sécurité des salariés dans les locaux du travail", ainsi que “La prévention des accidents du travail". C'est là, l'objet même de l'activité du secteur. “Dans ce domaine, il s'agit de protéger l'individu de la tête aux pieds", explique Jihane Benbiga, directrice commerciale de la société Secupro, l'un des fournisseurs d'EPI. Autant dire que ce texte a été une vraie aubaine pour le secteur, avec l'augmentation exponentielle de la demande. Cela a engendré une multiplication des acteurs et causé une certaine désorganisation du marché. Aujourd'hui, on y trouve quelques acteurs majeurs, généralement importateurs, ainsi qu'une pléiade de petits opérateurs. Mais cela ne semble pas poser de problèmes outre mesure. “Il y a assez de travail pour tout le monde", assure Khalid Boukaa, directeur commercial de 3S, un acteur majeur du secteur. Un marché très étendu… D'aucuns pourraient penser que l'activité du secteur est fortement corrélée à celle du BTP. Ce que réfute Khalid Boukaa : “Il s'agit juste d'un secteur parmi tant d'autres qui utilisent les EPI". En effet, outre le BTP, le besoin se fait ressentir dans tous les secteurs industriels, ainsi que dans plusieurs activités de services. Et le catalogue des équipements proposés est assez large : Gilets de signalisation, gants, harnais de sécurité, casques, uniformes, etc. Dans les secteurs de la santé et de l'agroalimentaire, on utilise beaucoup d'EPI à usage court, qui ont pour objectif de protéger tant la sécurité des salariés que l'hygiène du lieu de travail (charlottes, masques, gants en latex, etc.), en plus des équipements traditionnels, tels que les chaussures de sécurité ou les lunettes anti-projections. ...On y trouve de tout ! Le marché marocain des EPI est essentiellement alimenté par les importations, notamment de Chine. On y trouve des équipements conformes, qui répondent aux exigences en matière de sécurité, mais aussi d'autres “qui ne respectent aucune norme", s'insurge Khalid Boukaa. Et, cela est d'autant plus dangereux, qu'il s'agit d'un secteur sensible. Si, pour certains équipements, cela ne représente pas de gros risques, pour d'autres, cela peut avoir des répercussions dramatiques. Il s'agit notamment des équipements de classe 3, dits “à risque mortel", tels que les harnais de sécurité ou les gants d'électriciens, qui peuvent être exposés à des tensions de 30.000 à 40.000 volts. Et à côté de l'offre légale, les opérateurs structurés dénoncent un marché noir important. De plus, “dans plusieurs cas, les directeurs des achats exigent de recevoir des dessous de tables", s'insurge un entrepreneur du secteur. Les gros opérateurs se plaignent aussi des procédures d'importation, qui handicapent quelque peu leur activité. “Souvent, les équipements restent bloqués au port, le temps que des tests soient effectués en laboratoire, même s'ils répondent à toutes les normes de sécurité", déplore Khalid Boukaa.