Le PJD a été la cible des diplômés chômeurs à Beni-Mellal et à Oujda, lors de ses congrès régionaux. Les mêmes perturbateurs s'étaient attaqués à l'Istiqlal et à l'USFP. Que des citoyens protestent sur la place publique ou face à une institution, c'est un droit. Mais un parti politique est une association qui ne peut voir son activité perturbée par des revendications catégorielles. Depuis vingt ans, le nombre de diplômés chômeurs ne cesse d'augmenter, et leur mouvement de se durcir. Leurs revendications, le recrutement direct à la fonction publique, sont irréalistes et même contre la loi. La seule chose réalisable c'est un programme de formation complémentaire d'envergure pour renforcer leur employabilité. Il n'est pas sûr qu'ils en veulent, enfermés dans leur certitude, celle du droit à un poste dans l'administration. Mais il est inacceptable que ce mouvement prenne en otage des administrations ou des partis politiques. Les modes de luttes revendicatives sont définis par la loi qui les encadre. Ils peuvent y avoir recours en respectant les formalités administratives. Mais pourquoi s'attaquer à un office ou à une réunion partisane ? Les partis politiques sont fondés à appeler les forces de l'ordre pour disperser les perturbateurs. Ils le font rarement, pour sauvegarder leur image. Aujourd'hui, il ne faut pas sombrer dans le populisme. L'attaque contre des réunions partisanes a des relents fascistes. Ces groupuscules veulent saper la démocratie et ses institutions. La réaction doit être unanime contre ces agissements. Le boulevard Mohammed V à Rabat avait dépéri à cause des manifestations quotidiennes. Ce n'est qu'une fois que l'ordre a été rétabli que ses commerces ont repris des couleurs. Or jusqu'à preuve du contraire, le Parlement ne crée pas d'emplois. En manifestant face à la représentation nationale, et non face à l'exécutif, les diplômés chômeurs démontraient, déjà, que leur mouvement vise la démocratie. Les partis politiques ne créent pas d'emplois. Le fait que Benkirane soit à la tête du gouvernement ne signifie pas que le dirigeant de Béni-Mellal va avoir un quota d'emplois à distribuer. Manifester contre le gouvernement est un droit et cela a un sens. Perturber une réunion du PJD est un délit qui doit être sanctionné. L'adoption de la nouvelle Constitution, les élections du 25 novembre ouvrent une nouvelle étape dans la construction démocratique. Il nous appartient de la conforter et cela passe par une action partisane rénovée. En aucun cas, les concessions faites à l'anarchie ne participent de cette consolidation. Au contraire seule une vigilance accrue, une défense absolue de la loi, permettent d'entrevoir une démocratie saine et un Etat de droit. Le populisme qui consiste à soutenir des revendications que l'on sait irréalistes et illégales, est funeste. Les politiques de tous bords doivent assumer leur responsabilité et ouvrir un dialogue avec le mouvement des diplômés chômeurs pour enterrer les illusions. C'est l'un de leurs devoirs dans la situation actuelle, même quand ils sont dans l'opposition.n