La Société Financière Internationale (SFI) entame une montée en puissance de ses engagements au Maroc dans le cadre de sa nouvelle stratégie. Xavier Reille, directeur de SFI pour le Maghreb (Maroc, Tunisie, Algérie) détaille les nouveaux engagements de l'institution et les axes prioritaires de la nouvelle stratégie. Challenge : La SFI va augmenter progressivement ses engagements dans le Royaume. Quels sont les détails de cette nouvelle vision ? Xavier Reille : Notre vision est vraiment de soutenir le gouvernement du Maroc dans ses ambitions pour une croissance économique au dessus de 5%, pour la création d'emplois qui constitue un des piliers de la politique du gouvernement, pour la réduction des inégalités sociales et régionales. Le programme de la Société Financière Internationale (SFI) s'inscrit parfaitement dans la vision du groupe Banque mondiale pour le Maroc. Notre stratégie est de conjuguer nos efforts avec ceux de la Banque mondiale et de notre agence MIGA pour accompagner efficacement les réformes entreprises par le gouvernement, y compris investissements et assistance technique. Donc, les instruments de la SFI visent à investir dans le secteur privé et ceux de l'agence MIGA vont permettre de faire venir plus facilement les investisseurs internationaux en leur donnant des garanties nécessaires. C'est globalement cela notre vision. Quelles sont les priorités de la SFI dans le cadre de sa nouvelle stratégie au Maroc ? Dans notre nouvelle stratégie, nous avons quatre priorités. La première concerne l'environnement des affaires. Il faut un environnement des affaires compétitif pour favoriser les investissements. Sur ce plan, il est important de souligner que le Maroc a fait des avancées, surtout quand on voit la progression du pays dans l'indice Doing Business, et plus encore, l'ambition du Royaume est d'être dans le top 50 le plus rapidement possible dans les années à venir. C'est une ambition très louable. Nous accompagnons cette ambition avec le CNEA (Comité national de l'environnement des affaires). Et puis, nous avons vu aussi qu'il faut ouvrir certains marchés, parce que nous voyons qu'il y a un vrai problème de la concurrence au Maroc sur certains secteurs. Sur ce plan, nous sommes prêts à appuyer le Conseil de la concurrence dans sa mission. Nous pensons qu'il faut aller plus loin dans l'ouverture des marchés. Dans le cadre du deuxième pilier, nous allons contribuer au réveil de la dynamique entrepreneuriale. L'objectif est de faire plus pour la création d'entreprises, de faire plus pour l'intégration des PME dans les métiers mondiaux du Maroc. Pour ce faire, nous allons continuer ce que la Banque Mondiale a déjà commencé à faire avec le fonds Innov Invest, géré par la CCG (Caisse centrale de garantie). Nous allons également travailler avec les incubateurs pour qu'ils se développent davantage. Il est aussi question de réussir à convaincre des investisseurs privés marocains, et aussi peut-être des investisseurs internationaux à terme, de rejoindre l'écosystème. Nous venons d'ailleurs de signer un contrat d'appui technique avec un incubateur dans le domaine des énergies renouvelables. Ensuite, concernant l'intégration des PME, il sera question de voir comment une PME qui travaille dans un secteur donné, complémentaire, pourrait intégrer la chaîne de l'industrie automobile par exemple. Quant au quatrième axe de la stratégie, il va nous permettre d'accompagner la création de champions régionaux, c'est-à-dire travailler avec des PME marocaines pour les aider à avoir une vision régionale. Nous voulons les aider à sortir d'une vision uniquement rivée sur le marché marocain, pour avoir une vision régionale sur le marché africain, et devenir des champions régionaux. Nous avons déjà fait cela avec le groupe Banque Centrale Populaire (BCP), aussi avec le groupe Saham, le groupe HEM… Et ce sont des histoires que nous aimons bien, parce qu'elles nous permettent de voir le potentiel et de nous dire qu'il y a des pépites au Maroc que nous pouvons aider à devenir des champions régionaux. Nous connaissons bien le continent et les partenaires internationaux, et nous apportons aussi une crédibilité et un savoir-faire. Notre nouvelle stratégie prévoit aussi tout un volet d'actions sur le marché des capitaux, l'accès au financement pour les TPE, le microcrédit etc. L'idée est de contribuer à l'ambition du Maroc de devenir la porte d'entrée des capitaux vers l'Afrique. A ce titre, nous travaillons avec la Banque Mondiale et le gouvernement sur un programme de réforme et pour introduire de nouveaux instruments. Nous souhaitons par exemple aider à lancer des project bonds pour que les marchés de capitaux puissent financer les besoins futurs du Royaume, c'est-à-dire les infrastructures, les régions parce que les banques, à elles seules, ne peuvent pas tout financer sur du long terme. En termes d'engagements financiers, quelles sont vos priorités pour 2019 et 2020 au Maroc ? En 2019, nous prévoyons d'être à 150 millions de dollars sur l'année. Et nous allons progressivement monter à 300 millions de dollars, voire 400 millions de dollars, par la suite. L'objectif sur les quatre prochaines années est d'atteindre 1 milliard de dollars d'engagements, si les réformes gouvernementales sont mises en œuvre. C'est un point important, car notre engagement dépend de la mise en œuvre des réformes. Y a-t-il des secteurs qui vous sont prioritaires ou allez-vous structurer vos financements au gré des opportunités ? Nos secteurs prioritaires sont le secteur de la Santé, le capital humain aussi avec l'éducation, le secteur des infrastructures, le marché des capitaux, le secteur financier et l'agriculture également.