Le ministre de la Santé a fait face, ce mardi 19 février à Rabat, aux opérateurs de l'industrie pharmaceutique, représentés par l'Association marocaine de l'industrie pharmaceutique (AMIP), les Entreprises du médicament au Maroc (LEMM) et l'Association marocaine du médicament générique (AMMG). Invité à prendre part à une rencontre de communication et de concertation avec les principales associations d'industriels pharmaceutiques, Anas Doukkali a rappelé que la politique du médicament constitue, sans équivoque, un véritable cheval de bataille de la stratégie sanitaire du Maroc. « Nous avons organisé cette rencontre avec le ministère de la Santé et le ministère de l'Industrie pour partager de manière générale la situation du secteur, qu'il s'agisse de l'industrie de fabrication et d'importation, des grossisteries, des pharmacies… Pour nous, c'est l'occasion de faire un état des lieux d'un secteur stratégique pour le pays. D'abord, pour la maîtrise de l'approvisionnement, mais aussi l'amélioration de l'accès au médicament en gardant la qualité aux normes internationales… Il s'agit de choses acquises par notre pays. Malheureusement, nous assistons aujourd'hui à une régression du développement de ce secteur dans son ensemble ; en témoigne la baisse de la fabrication locale. Ce recul est dû à l'attente de mesures d'accompagnement pour nous aider à nous développer, surtout au niveau de la réglementation », explique Ali Sedrati, président de l'AMIP. Se voulant rassurant, Anas Doukkali a rappelé l'importance des efforts soutenus, menés depuis des années pour assurer un marché pharmaceutique marocain sans perturbation ni interruption aucunes, plaidant pour la mutualisation des actions en vue de hisser le niveau des prestations relatives aux médicaments. Dans ce sens, il a souligné le rôle indéniable des industriels pharmaceutiques dans l'approvisionnement en médicaments et dans la lutte contre les médicaments falsifiés, réitérant l'engagement ferme de son département à œuvrer de concert avec l'ensemble des industriels pharmaceutiques, afin de lutter contre l'inégalité dans l'accès au médicament et mettre en place un modèle efficace d'approvisionnement et de gestion des médicaments. Le ministre de la Santé a également mis en avant l'impérieuse nécessité d'encourager les sociétés pharmaceutiques qui œuvrent à renforcer la place du médicament générique, rappelant la mise en place de l'Agence nationale du médicament et son rôle dans la réalisation d'études de bio-équivalence et dans l'octroi des autorisations de mise sur le marché (AMM), ainsi que les efforts du département de tutelle pour réduire le délai d'octroi des AMM. Cela rejoint une des revendications des opérateurs. « La promotion du médicament générique est une nécessité aujourd'hui. Nous constatons que le taux de pénétration du générique au Maroc, qui est de 38%, est très faible. Dans certains pays développés, ce taux atteint 70%. Nous militons pour accélérer ce taux. Pour cela, il y a un certain nombre d'outils, notamment réglementaires, à actionner. Il ne faut pas oublier que l'introduction du générique est favorable au patient marocain parce qu'un générique coûte moins cher et donc est à la portée », souligne Dr. Mohamed Houbaichi, président de l'AMMG. « Deuxième revendication : encourager la fabrication locale. Au Maroc, qui était un pionnier, le taux de produits fabriqués tournait autour de 85%. Aujourd'hui, nous sommes à 60%. Il faut mettre en place des incitations par le ministère de la Santé pour encourager la fabrication locale. La troisième revendication est relative au prix. Nous avons souffert de la baisse des prix en 2013 et 2014. Il est inconcevable de continuer à vendre une pommade à 5 DH alors qu'elle risque de disparaître au profit de produits plus chers. Nous demandons donc de revoir à la hausse certains petits prix », ajoute Houbaichi. Pour rappel, 46 entreprises, 11.000 pharmacies et une soixantaine de grossisteries opèrent dans le secteur pharmaceutique au Maroc qui représente un chiffre d'affaires de 15 milliards de DH.