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Maroc-Espagne : un nouveau souffle à la coopération bilatérale
Publié dans Challenge le 19 - 02 - 2019

Après l'Union européenne, le Maroc est la deuxième destination d'affaires pour l'Espagne. Voilà ce qui justifie l'offensive des patrons ibériques qui ont accompagné le roi Felipe VI d'Espagne au Maroc. Au-delà du business, une autre dimension a été également valorisée par cette visite Royale qui présente de multiples enjeux pour les deux pays.
Du beau monde. Dans la délégation espagnole qui accompagnait le roi Felipe VI d'Espagne en visite au Maroc les 13 et 14 février, on compte parmi les 18 ministres du gouvernement espagnol, les ministres des Relations extérieures et de l'Union européenne et de la Coopération (Josep Borrell Fontelles), de l'Intérieur (Fernando Grande-Marlaska Gómez), de l'Agriculture, de la Pêche et de l'Alimentation (Luis Planas Puchades), de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme (Reyes Maroto Illera), de la Culture et du Sport (José Guirao).
Près d'une centaine de dirigeants d'entreprises espagnoles étaient également du voyage. La délégation comprend aussi Antonio Garamendi, nouveau président du grand patronat, à savoir la CEOE (Confédération espagnole des organisations entrepreneuriales) et aussi ceux de la Confédération espagnole des petites et moyennes entreprises (Cepyme) et du Conseil supérieur des Chambres de commerce.
En Espagne, si dix ans après la crise qui a ébranlé le pays, lors de l'explosion de la bulle immobilière, qui avait vu les Espagnols remettre en cause leur économie et leur classe politique, aujourd'hui, les signaux économiques sont certes bien meilleurs mais l'austérité a laissé des traces et l'emploi s'est précarisé avec un taux de chômage de 16,4%.
L'idée est bien sûr pour les entreprises espagnoles de s'appuyer sur cette visite Royale pour trouver un appel d'air ou renforcer encore leur présence sur un marché proche et connu, mais bien plus dynamique que le leur.
La croissance au Maroc devrait atteindre 3,2% selon le FMI contre 2,2% en Espagne (contre 2,5% en 2018). Mais malgré cette baisse, l'Espagne affiche un PIB de 1420 milliards de dollars contre seulement 110 milliards de dollars pour le Maroc.
De son côté, le Maroc est confronté à un déficit commercial global… avec notamment l'Espagne. Cette dernière est parvenue ainsi en 2012 à chiper la place de premier fournisseur du Maroc à la France tout en devenant également la première cliente, l'année d'après.
Partenariat commercial Vs IDE
Ainsi, si depuis 2013, l'Espagne reste alors le premier partenaire commercial du Maroc sur le continent africain et deuxième dans le monde en dehors des 28 pays de l'Union européenne, il n'en demeure pas moins que l'Hexagone reste de loin le premier partenaire économique du Maroc en termes d'investissements directs étrangers (IDE) avec près de 35% du stock d'IDE au Maroc.
En 2017, les IDE français ont pesé 11 fois ceux de l'Espagne. Il faut dire que les flux entrants d'IDE espagnols au Maroc ont atteint 1,1milliard de DH en 2017, en baisse de 7,6% par rapport à 2016. Leur part a atteint 3,1% des IDE totaux reçus par le Maroc en 2017. C'est dire que les IDE espagnols restent loin de leur niveau de 6,2 milliards de DH enregistré en 2007 (16,1% du total). Mais côté échanges commerciaux entre les deux Royaumes, ceux-ci, selon les données d'Eurostat, ont doublé sur la période 2011-2017.
Les exportations marocaines vers le voisin ibérique ont bondi à 6,35 milliards d´euros, alors que les exportations espagnoles à destination du Maroc se sont établies à 8 milliards d'euros. Cette tendance s'est confirmée en 2018, où les exportations marocaines vers l'Espagne ont augmenté de 5,4% sur les 11 premiers mois de l'année dernière, et ont enregistré une croissance de 6,5% vers l'Union européenne (UE), d'après Eurostat.
Le voisin ibérique est le premier client pour les produits marocains de la mer (5,7 milliards de DH), les engrais (1 milliard de DH), les fils et câbles électriques (10,5 milliards de DH), les articles de bonneterie (2,5 milliards de DH), les vêtements (14 milliards de DH).
Les importations marocaines d'origine espagnole ont, elles, progressé de 2,6% sur l'année, alors que celles provenant de l'ensemble de l'UE se sont appréciées de 4,4%. Des chiffres qui s'expliquent en partie par d'importantes expéditions de produits pétroliers depuis les ports espagnols. En effet, le voisin ibérique est le 4ème fournisseur de gaz de pétrole du Maroc avec 1,5 milliard de DH et premier de gasoil et de fuel oil (8,6 milliards de DH).
Côté entreprises, quelque 1.000 sociétés espagnoles sont présentes au Maroc et certaines d'entre elles, comme dans le textile Zara-Inditex, représentent d'importants volants d'affaires pour le secteur de la confection.
Dans le BTP ou l'énergie, d'autres sont parvenues à gagner d'importants marchés de travaux comme les entreprises Acciona, Sener et TSK qui réalise pour le compte du saoudien Acwa le parc solaire CSP de Ouarzazate. Ainsi, beaucoup d'entreprises espagnoles comme URSSA cherchent à s'implanter ou se renforcer au Maroc.
D'autres entreprises espagnoles enfin, ont accompagné la montée en puissance du Maroc dans l'automobile comme Bamesa qui a ouvert une usine de découpe d'acier ou les équipementiers Antolin, Relats ou CIE. Rien que sur Tanger Free Zone (TFZ), une cinquantaine d'industriels espagnols seraient présents.
Si l'Espagne voit surtout le Maroc comme un relais de croissance pour son économie, et qu'aussi les entreprises espagnoles profitent de la forte demande marocaine, il y a lieu de constater que les relations bilatérales entre les deux pays n'ont jamais été aussi bonnes. Et c'est dans ce contexte que le Roi Mohammed VI et le souverain espagnol, ont présidé, ce 13 février au Palais des Hôtes à Rabat, la cérémonie de signature de 11 accords de coopération bilatérale dans plusieurs domaines.
«Depuis les premières années de la transition démocratique en Espagne, après l'arrivée de l'ancien roi Juan Carlos en 1975, et plus particulièrement après les élections législatives de 1982, qui ont abouti à l'arrivée du Parti socialiste, l'Espagne s'est employée à renforcer les relations entre les familles royales des deux pays et à créer des canaux de communication directe entre elles. Au fil des années, les relations entre les deux couronnes ont revêtu une telle importance que les gouvernements espagnols successifs les ont considérées comme soupape de sécurité pour les relations entre le Maroc et l'Espagne », explique Samir Bennis, analyste politique, conseiller politique et diplomatique basé à Washington, qui précise « qu'à l'exception de l'ancien Premier ministre José María Aznar, qui a marginalisé le rôle de la famille Royale espagnole dans les relations entre les deux pays, tous les chefs de gouvernement précédents ont œuvré à le renforcer et à y recourir chaque fois que les relations entre les deux gouvernements traversaient des périodes de tension ».
Même communauté de destin
Quoi qu'il en soit, tout indique que le Roi espagnol Felipe IV cherche à maintenir la même tradition et les mêmes liens solides qui unissent les deux familles Royales des deux pays, et cherche même à les renforcer davantage. «Le fait qu'il visite le Maroc deux fois en moins de cinq ans est révélateur de l'importance que le monarque espagnol attache au Maroc et au renforcement des liens stratégiques unissant les deux pays. A titre de comparaison, l'ancien monarque espagnol Juan Carlos s'est rendu à trois reprises au Maroc, en 1979, en 2005 et en 2013 », relève Samir Bennis.
Il faut dire que le Maroc est un partenaire stratégique pour l'Espagne. « Le Maroc n'est pas considéré comme une question de politique étrangère, mais comme une question de politique intérieure. Tout ce qui se passe au Maroc a un impact significatif sur l'Espagne. C'est la raison pour laquelle, les gouvernements espagnols ont toujours tenu à maintenir et renforcer les liens unissant les deux pays et les immuniser contre toutes les frictions diplomatiques qui puissent surgir de temps à autre », explique l'analyste politique.
Selon lui, il est loin le temps où les relations entre les deux pays étaient affectées par certains différends tels que Sebta et Melilia, la question du Sahara, l'immigration clandestine ou encore la question de la pêche ou le trafic de drogue. « La théorie des matelas des intérêts (colchón des intereses) que l'ancien ministre des Affaires étrangères, Fernando Morán, avait créée en 1982, qui visait à lier les deux pays à travers un ensemble d'intérêts stratégiques communs susceptibles d'amortir l'impact des questions épineuses précitées sur les relations entre les deux pays a porté ses fruits, notamment durant la dernière décennie », dit-il.
Le Maroc, un partenaire incontournable
Aujourd'hui, sur le terrain, le Maroc est aussi devenu un partenaire incontournable pour l'Espagne dans sa stratégie de lutte contre le terrorisme. L'excellent niveau de coopération et de confiance entre les services de sécurité des deux pays n'est plus à démontrer.
« Les responsables espagnols ne ratent aucune occasion pour louer le niveau de coopération sécuritaire entre les deux pays. Il en est de même pour la question de l'immigration clandestine. Avec la fermeture définitive des frontières italiennes à l'immigration clandestine, les dirigeants espagnols ont tout intérêt à être dans les bonnes grâces des responsables marocains et s'assurer de leur coopération dans ce domaine. Tout laxisme de la part du gouvernement marocain ou manque de coopération avec son homologue espagnol pourrait mettre l'Espagne en proie à des afflux incessants d'immigration clandestine, ce qui pourrait avoir un impact désastreux sur l'économie et la sécurité espagnole », affirme Samir Bennis.
En effet, pour s'assurer la continuité de la coopération des autorités marocaines, le gouvernement espagnol a exhorté l'Union Européenne à augmenter l'enveloppe budgétaire destinée à aider le Maroc à faire face aux flux de l'immigration clandestine. Grâce au plaidoyer de l'Espagne, l'UE a décidé de porter l'aide financière octroyée au Maroc à 140 millions d'euros.
Selon le journal El Pais, les efforts considérables déployés par les autorités sécuritaires marocaines ont empêché 13.721 candidats à l'immigration clandestine d'atteindre le sol espagnol en 2018.
«Le Maroc a aussi tout intérêt à veiller sur le bon état de ses relations avec l'Espagne. En plus de son besoin de soutien de l'Espagne sur un nombre important de questions régionales et internationales, il est de l'intérêt du Maroc que le bien être et la sécurité de l'emploi de plus de 800.000 immigrés marocains installés en Espagne ne soient pas affectés par une quelconque friction diplomatique avec Madrid. Toute crise diplomatique entre les deux pays pourrait créer un climat de méfiance et même donner lieu à une vague de xénophobie à l'encontre de la communauté marocaine », analyse Samir Bennis, qui estime qu'à travers cette stratégie de concertation et de coopération tous azimuts entre les deux pays, le Maroc s'assure au moins la neutralité positive de l'Espagne en ce qui concerne la question du Sahara.
« A l'heure actuelle, il est impensable de voir le gouvernement espagnol adopter une position hostile à l'intégrité territoriale du Maroc, ni de voir un chef du gouvernement espagnol proférer des menaces à l'encontre du Maroc, comme ce fut le cas de l'ancien Premier Ministre espagnol, José María Aznar. Bien plus, l'Espagne ne rate aucune opportunité pour réaffirmer son soutien tacite au Maroc sur la question du Sahara », lance l'analyste politique qui trouve très logique que la visite du Roi Felipe VI ait débouché sur la signature d'un nombre d'accords portant sur des secteurs stratégiques, ce qui insufflera un nouveau souffle aux relations bilatérales entre les deux pays.
Le forum économique qui s'est tenu au siège du ministère des Affaires étrangères, le lendemain de la signature des 11 conventions, en présence des membres des gouvernements et des confédérations patronales des deux pays, a permis d'identifier de nouvelles opportunités de coopération industrielle entre les entreprises des deux pays et d'explorer les pistes d'un développement partagé dans plusieurs domaines.


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